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Le parlement a adopté le vendredi 21 août une série d'amendements à la loi de programmation militaire (LPM), loi qui définit la politique de défense du pays. La France débloquera 3,8 milliards d'euros supplémentaires pour son armée de 2015 à 2016. Ces fonds serviront à financer les emplois (10 000 recrutements programmés) et à acheter des équipements et matériels dont des hélicoptères Tigre et HN90 et des avions de transport et de ravitaillement américains C130. Le gouvernement envisage notamment d'augmenter le financement de l'opération Sentinelle (déploiement de 7.000 à 10.000 soldats devant les lieux de culte) qui sera pérennisée. Les autorités entendent également ralentir les suppressions de postes dans l'armée (15.000 suppressions prévues pour 2014-2019 au lieu de 33.000 initialement) et renforcer les unités de combat de l'Armée de terre, les portant de 66.000 à 77.000 hommes. Le budget militaire français pour 2015 s'élèvera ainsi à 31,4 milliards d'euros.

De leur côté, les CRS seront prochainement accompagnés de tireurs d'élite. C'est l'hebdomadaire Marianne qui a révélé la nouvelle tactique des compagnies républicaines de sécurité (CRS). Ces nouveaux principes tactiques sont relatifs « à la réaction d'une unité prise sous un tir d'arme à feu », ce qui veut dire que cette situation est maintenant clairement envisagée et même considérée comme hautement probable comme cela est d'ailleurs écrit clairement dans une note envoyée à toutes les compagnies de CRS.

En 2007, lors d'émeutes urbaines à Villiers-le-Bel, les CRS avaient été visés par des armes à feu. Vue l'intensification du trafic d'armes en banlieue on imagine facilement dans quel sens les choses ont depuis évolué. Or, l'introduction de tireurs d'élite dans les compagnies de CRS bouscule totalement la doctrine française du maintien de l'ordre. Depuis des années, et surtout depuis la mort de Malik Oussekine lors d'une manifestation en 1986, l'objectif des compagnies de CRS et des gendarmes mobiles français était de maintenir les manifestants à distance, d'éviter de tuer, voire même de blesser.

Du coup, si pour la direction des CRS, ces tireurs sont maintenant vus, selon la note interne, comme « une aide au commandement » et « une possibilité de riposte », cela indique bien qu'on s'oriente vers « une police à l'américaine ». C'est d'ailleurs ce qu'a critiqué le principal syndicat de la police nationale, l'UNSA Police. Son secrétaire général, Philippe Capon a déclaré dans Marianne :
« On voudrait nous transformer en commando équipés comme des porte-avions. Nous n'en avons ni les moyens, ni la culture ».
D'autre part, les services de sécurité sont sur le qui-vive et même stressés, la France redoutant un 11 septembre hexagonal. Cette inquiétude des services de renseignement français sur une possible recrudescence de la violence terroriste nous est parvenue par une source des services qui se serait confiée de façon anonyme au journal britannique The Telegraph. Outre un attentat spectaculaire et meurtrier sur le mode du 11 septembre américain, plusieurs sources anonymes envisagent également la possibilité qu'un avion de ligne civil puisse être abattu par un missile. Toujours selon The Telegraph, les autorités françaises craignent également des troubles internes dans certains quartiers périphériques français. L'armée française aurait même élaboré des plans d'urgence pour la « réappropriation du territoire national ». Ce terme désignerait dorénavant la possibilité pour l'armée de prendre contrôle de ces quartiers dans le cas où la population deviendrait hostile aux forces de l'ordre. Pour bientôt ?

Nous en revenons de fait au problème numéro Un, celui des armes en circulation, de plus en plus faciles apparemment à se procurer. Quand le Ministère de l'Intérieur va-t-il donc se décider à agir ? A-t-il peur de soulever la boîte de Pandore, cette boîte qu'il n'a jamais voulu réellement soulever à savoir celle de la collusion entre terrorisme et banditisme sur fond de trafic d'armes lourdes, de drogue et de cités de non-droit.