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© AFP/THIBAUD MORITZPaul François, agriculteur français intoxiqué par Monsanto
La cour d'appel de Lyon confirme ce jeudi la responsabilité du groupe américain Monsanto dans l'intoxication d'un agriculteur français.

Une première en France: la cour d'appel de Lyon a confirmé qu'un herbicide de Monsanto était responsable de l'intoxication d'un agriculteur français, Paul François. Le groupe américain devra donc bien l'indemniser "entièrement".

"La décision est très surprenante eu égard aux inexactitudes et aux erreurs qui émaillent la thèse de Paul François. Mais ça n'est qu'une étape et la discussion va se poursuivre, le combat va se poursuivre", a réagi l'avocat de Monsanto, Me Jean-Daniel Bretzner, laissant entendre que le géant américain des semences et de l'agrochimie formera "vraisemblablement" un pourvoi en cassation. L'agriculteur charentais s'est félicité que "le pot de terre (ait gagné) contre le pot de fer". "Ouf, les firmes ne sont pas au-dessus des lois", a réagi Paul François, le céréalier, devant la presse au cabinet de son avocat parisien Me François Laforgue.

Monsanto déjà reconnu "responsable" en première instance

L'agriculteur, Paul François, un céréalier charentais partiellement handicapé et qui souffre d'importantes séquelles, devait pour sa part tenir une conférence de presse au cabinet de son avocat à Paris en début d'après-midi. Sa vie a basculé le 27 avril 2004 alors qu'il vérifie une cuve ayant contenu du Lasso, "un herbicide pour le maïs que j'utilisais depuis au moins 15 ans" et qu'il inhale des vapeurs toxiques, a-t-il récemment raconté.

Monsanto était-il au courant ?

Pris de malaise, il a juste le temps d'expliquer ce qui vient de se produire à son épouse avant de finir aux urgences, crachant du sang: "Tout ce qui est arrivé après, je ne m'en souviens pas". Après cinq semaines d'arrêt, il reprend son travail mais souffre d'importants problèmes d'élocution, d'absences, de maux de tête violents. Fin novembre, il s'effondre sur le carrelage de sa maison, où ses filles le découvriront inconscient.

S'ensuit une longue période d'hospitalisation durant laquelle les médecins craindront plus d'une fois pour sa vie, sans jamais faire le lien avec l'herbicide de Monsanto. "D'examen en examen, de coma en coma, on a fini par trouver une importante défaillance au niveau cérébral. Là, ma famille a commencé à faire son enquête sur le Lasso", à ses frais, explique l'agriculteur. Il faudra attendre mai 2005 pour identifier le coupable: le monochlorobenzène, solvant répertorié comme hautement toxique et entrant à 50% dans la composition de l'herbicide.

La lutte contre la maladie cède la place au combat juridique. D'abord, pour faire reconnaître sa rechute comme maladie professionnelle, officialisée en 2010. Puis contre la firme Monsanto, dont il est convaincu qu'elle connaissait les dangers du Lasso bien avant son interdiction en France, en novembre 2007. Cet herbicide avait en effet été jugé dangereux et retiré du marché au Canada dès 1985 et depuis 1992 en Belgique et au Royaume-Uni.