Amnesty International
Le rapport d'Amnesty International sur les «crimes de guerre» russes en Syrie a été critiqué par la Russie et les Nations unies n'ont pas été en mesure de confirmer son contenu.

L'ONU sur le rapport d'Amnesty

«Le secrétaire général a pris note avec inquiétude du rapport d'Amnesty International sur les violations présumées du droit international humanitaire qui se sont produites dans le cadre des frappes aériennes russes en Syrie. L'ONU ne peut pas confirmer les cas contenus dans le rapport», a déclaré l'adjoint du porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Farhan Faq.

La réaction du Kremlin

«A qui l'ont-ils [Amnesty International] envoyé ? On ne l'a pas vu», a répondu Dmitri Peskov à la question de savoir si le Kremlin avait pris connaissance du rapport d'Amnesty International que l'organisation non gouvernementale (ONG) lui aurait envoyé en septembre dernier.

Amnesty International a publié mercredi un rapport sur les frappes aériennes russes en Syrie qui affirme que la Russie bombarde des objets civils et qu'elle fait de nombreux morts parmi les civils.

Le porte-parole du président russe a renvoyé les questions sur ce rapport au ministère russe de la Défense qui, d'après ses dires, dispose de toutes les informations sur les actions des forces aériennes russes en Syrie. «C'est une question à poser lors du prochain point de presse du ministère [russe] de la Défense», a précisé Dmitri Peskov.

Il faut rappeler que la Russie a entamé une opération antiterroriste, composée essentiellement de bombardements aériens, en Syrie depuis le 30 septembre à la demande du président syrien Bachar el-Assad. A l'heure actuelle, les forces russes ont éliminé des centaines de combattants et des milliers d'objectifs terroristes.

La réaction du ministère russe de la Défense

Lors de la conférence de presse, le ministère russe de la Défense n'a reconnu en rien les informations contenues dans le rapport d'Amnesty International sur les «frappes russes présumées» qui comporte des faux et donne dans les clichés. «Rien de concret ni de nouveau n'a été publié», a déclaré le représentant du ministère, Igor Konachenkov. Ces accusations ne reposent pas sur des preuves, parce qu'Amnesty International a recueilli des faits à distance en se basant sur des discussions téléphoniques avec des résidents locaux.

Le rapport utilise très fréquemment des expressions comme «frappes aériennes présumées», «éventuelles violations du droit». Cependant quand ce rapport a été publié dans les médias occidentaux, ces éléments ont disparus. «Tous est présenté comme s'il s'agissait de faits établis, c'est un procédé mensonger», a martelé le représentant du ministère de la Défense.

En répondant aux accusations de l'organisation, Igor Konachenkov a souligné que les forces russes n'avaient pas utilisé de bombes à sous-munitions en Syrie et qu'elles n'en avaient pas sur la base aérienne de Khmeimim. Il a par ailleurs proposé à Amnesty International de porter son attention sur l'Ukraine plutôt que d'accuser la Russie. «Pourquoi cette organisation a gardé le silence et n'a pas voulu faire constater les preuves matérielles et concrètes de l'utilisation des bombes à sous-munition par les forces militaires ukrainiennes dans l'Est de l'Ukraine», a indiqué le représentant du ministère.

Comment Amnesty a effectué son enquête

Le groupe de défense des droits de l'homme affirme que la campagne aérienne russe a tué 200 civils lors de 25 attaques, au moins. En ce qui concerne les sources de ce rapport, Amnesty a fait ses recherches à distances en se basant sur des interviews de témoins à distance, par téléphone ou par Internet. Ils ont également tenu compte de déclarations de militants de la défense des droits de l'homme et consulté des vidéos et des photos des frappes aériennes présumées russes.

Par exemple, Amnesty s'est penché sur le bombardement d'un marché de la ville d'Ariha, tenue par les rebelles, dans la province d'Idleb qui a fait 49 morts. Deux groupes de défense des droits de l'homme basés au Royaume-Uni ont enquêté sur ce cas, le Réseau syrien des droits de l'homme et l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Le premier a suggéré que la frappe aérienne avait été effectuée par «les forces du régime». Le deuxième groupe a qualifié la frappe de probablement russe.


Autre cas sur lequel Amnesty International a enquêté. Une explosion dans la ville de Sarmine qui aurait détruit un hôpital de campagne et fait 13 morts.

Des images tournée au moment de l'explosion auraient été diffusées. Le ministère russe de la Défense a fait état d'une frappe aérienne dans la région et a présenté une vidéo des conséquences de l'explosion où l'on peut voir un grand nuage en forme de champignon alors que la vidéo diffusée sur Internet montre un petit nuage de poussière. De plus, celui qui a tourné la vidéo entre dans l'hôpital qui aurait été touché par la frappe russe. L'hôpital appartient à la petite société médicale américano-syrienne qui affirme sur son site internet que l'immeuble a été complètement détruit. Cependant, la vidéo montre que le bâtiment tient encore debout.

«Le rapport [d'Amnesty International] est unilatéral et n'est pas le résultat d'une enquête approfondie», a confié à RT Sultan M. Hali, ancien officier des forces aériennes pakistanaises. «J'ai visité cinq places mentionnées dans ce rapport. Ce n'est pas possible de discerner les dommages collatéraux, parce que le droit de la guerre prévaut là-bas. Il faut examiner sur le terrain», estime l'expert. «Amnesty International doit arrêter faire de la politique», a conclu l'ancien officier pakistanais.