Au moins dix personnes ont été tuées et quinze blessées, dont deux gravement, lors d'une explosion dans le quartier historique de Sultanahmet, près de la basilique Sainte-Sophie, dans la partie touristique d'Istanbul. La détonation, violente, a été entendue et à 10 h 18, heure locale (9 h 18 à Paris), jusqu'à la place Taksim, à plusieurs kilomètres de distance de Sultanahmet.

Alors que le premier ministre turc Ahmet Davutoglu a annocné que toutes les victimes sont de nationalité étrangère, un responsable turc, sous couvert d'anonymat, a annoncé qu'au moins neuf Allemands font partie des victimes. Des touristes norvégiens figureraient également parmi les blessés, selon la chaîne de télévision CNN Turk.

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Au moins dix personnes ont été tuées et quinze blessées, dont deux gravement


Deux cellule de crise ont été mises en place par la France au Quai d'Orsay (01 43 17 56 46) et au consulat général à Istanbul. Le ministère des affaires étrangères allemand a appelé mardi ses ressortissants à éviter « provisoirement » les lieux de rassemblements et sites touristiques à Istanbul.



Les autorités turques ont identifié l'auteur de cette attaque comme un ressortissant syrien né en 1988. Le premier ministre islamo-conservateur turc a indiqué que l'auteur de l'attentat-suicide est un djihadiste du groupe de l'Etat islamique (EI). Une enquête est en cours pour déterminer la nature des explosifs utilisés.

Le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a convoqué une réunion de crise à Ankara. Les principaux responsables de la sécurité, dont le ministre de l'intérieur, Efkan Ala, et le chef des renseignements (MIT), Hakan Fidan, sont notamment appelés à y participer, a indiqué une source gouvernementale.

Presque immédiatement après l'explosion, le gouvernement a imposé un black-out médias« au nom de la sécurité nationale ».

Plusieurs médias turcs, comme le quotidien Hurriyet, la chaîne CNNTurk ou l'agence officielle Anatolie, mentionnent la décision du gouvernement, mais cela ne les empêche pas de publier des articles sur l'explosion, en reprenant notamment le premier bilan humain diffusé par le gouverneur d'Istanbul.

Les contours de cette censure restent flous, comme le confirme Alex Christie-Miller, journaliste anglo-saxon sis à Istanbul qui reproduit le document envoyé par le vice-président turc Numan Kurtulmuş. La chaîne de télévision TRT pouvait, à 11 h 30, tenir un direct près du lieu de l'explosion sans être inquiétée. Mais au même moment, selon la correspondante du New York Times, Ceylan Yeginsu, « des policiers empêchent des journalistes accrédités de pendre des photos à cause de l'interdiction ».

La Turquie vit depuis plusieurs mois en état d'alerte depuis le double attentat-suicide qui a fait 103 morts le 10 octobre devant la gare centrale d'Ankara. Cette attaque, la plus meurtrière jamais survenue sur le sol turc, a été attribuée par les autorités à l'organisation djihadiste Etat islamique (EI).

Un commissariat de la police touristique situé sur la place Sultanahmet a été le théâtre il y a un an d'un attentat-suicide commis par une femme qui a fait un mort et un blessé parmi les agents. Il a été revendiqué par un mouvement d'extrême gauche, mais les autorités ont ensuite évoqué l'existence de liens entre la kamikaze et des mouvements islamistes.

Le 23 décembre, l'aéroport Sabiha-Gökçen, situé sur la rive asiatique de la plus grande ville de Turquie, a également été la cible d'une attaque au mortier qui a fait 1 mort et 1 blessé. Une organisation armée kurde, le groupe des Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), avait revendiqué l'opération en riposte aux « attaques fascistes qui réduisent en ruine les villes kurdes ».

Après plus de deux ans de cessez-le-feu, des combats meurtriers ont repris depuis l'été entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ces affrontements ont fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés en 2012 pour mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984.