Commentaire : Pour suivre le dossier, voir la Partie I

Rappelons-nous, en 2014, dans les médias :
  • ♪ ♫ L'année 2014 est la plus chaude jamais enregistrée ♪ ♫ ; sauf que depuis 18 ans, le GIEC reconnaît lui-même qu'il n'y a pas de réchauffement... pas grave hein. ♫
  • ♪ ♫ L'Arctique menace de disparaître ♪ ♫, et si l'Arctique connaît présentement sa superficie la plus étendue depuis une décennie, c'est que... ben ça signifie autre chose, un point c'est tout. ♫
  • ♪ ♫ Les ours polaires sont en danger ♪ ♫ et si la population de ces plantigrades a quintuplé en 40 ans, c'est qu'on les confond sans doute avec des peluches laissées par les esquimaux.
  • ♪ ♫ Une augmentation du CO2 amènera famine et misère ♪ ♫ ; le CO2 expiré par les psychopathes qui s'y entendent pour affamer et appauvrir, on est d'accord. Pour le reste, il paraîtrait que ce vilain gaz augmente en réalité le rendement de cultures.
  • ♪ ♫ La sécheresse en Californie est sans précédent ♪ ♫, eh bien... non.



pipeau
© Inconnu
Il pleut plus, il pleut moins, les déserts avancent, les déserts reculent (etc.), et c'est tout de la faute au CO2, nous dit-on

C'est ce que nous avons pu lire, voir ou entendre, au cours des années passées, dans une multitude de médias. Une étude éloquente et remarquablement exhaustive par rapport aux études précédentes (à l'échelle locale comme à l'échelle globale), fait le point sur ce sujet. Elle vient de paraître, en Décembre dernier, dans une revue spécialisée de bon aloi sur l'hydrologie. Elle dément carrément les affirmations de l'intitulé. En voici l'en-tête originale et une traduction en français. Les motivations des auteurs qui ont décidé d'entreprendre cette étude remarquablement exhaustive sont clairement explicitées dans l'introduction :
Il est couramment admis que le température du globe a augmenté de près de 1°C durant le siècle dernier (IPPC 2001, 2007, 2013; van Wijngaarden, 2014). La formule de Clausius - Clapeyron montre que la pression de vapeur d'eau à saturation augmente exponentiellement avec la température. Il en découle qu'on peut raisonnablement s'attendre à ce que la pression de la vapeur d'eau atmosphérique augmente en faisant l'hypothèse que l'humidité relative reste inchangée.
hydrologie
© InconnuJournal d'hydrologie (531,3, Déc. 2015, pages 1020-1027) (source)

Variations des précipitations annuelles sur les continents terrestres à l'exception de l'Antarctique du XVIIIe siècle à 2013. Point clefs :
  • Nous avons analysé plus d'un million et demi de données de précipitation observés dans 1000 stations et dans 114 pays.
  • Les données couvrent une période beaucoup plus longue que des études contradictoires récentes qui n'ont analysé que quelques décennies de données.
  • Nous ne trouvons aucune différence substantielle pour des stations situées au Nord, sous les tropiques et dans les latitudes australes.
  • Nous ne trouvons aucun différence substantielle pour des stations qui ses trouvent dans des climats secs, modérés et humides.
  • Il n'y a pas de changement significatif dans les précipitations sur le globe de 1850 jusqu'à présent...
Visiblement, les auteurs s'attendaient à trouver que la pluviosité avaient augmenté au cours du siècle dernier comme beaucoup le pensaient. Il n'en est rien et les résultats de leur étude montrent que le raisonnement (très courant mais exagérément simpliste) énoncé ci-dessus, est démenti par les observations En dépit de "la relation de Clausius-Clapeyron", leurs études montrent au contraire qu' "Il n'y a pas de changement significatif dans les précipitations sur le globe de 1850 à maintenant" et qu'il y a pas de "différence substantielle pour des stations qui se trouvent dans des climats secs, modérés et humides".

Voici une traduction du résumé de cet article :
Résumé : Nous avons étudié les mesures des précipitations effectuées dans près de 1000 stations réparties dans 114 pays. Chaque station dispose d'au moins 100 ans d'observations ce qui fournit une base de données de plus de un million et demi de quantité de précipitations mensuelles. Les données de certaines stations remontent aux années 1700 mais la plupart des données existent depuis les années postérieures à 1850.

Le total des précipitations annuelles n'a été pris en compte que si toutes les données mensuelles, durant une année donnée, sont disponibles. Le pourcentage de la variation de la précipitation annuelle a été tracé par rapport à la période 1961-1990, pour 6 continents, aussi bien pour les stations à différentes latitudes et pour celles qui son sujettes à des totaux annuels de précipitations faibles, modérés ou forts. Nous en avons déduit les tendances des variations des précipitations avec une intervalle de confiance de 95% pour différentes séquences temporelles. La plupart des tendances ne montraient aucune changement clairement établi. Les variations globales dans les précipitations sur les terres continentales, en excluant l'Antarctique, par rapport à la période 1961-1990 ont été estimées à 1.2 ± 1.7, 2.6 ± 2.5 and 5.4 ± 8.1% par siècle, respectivement pour les périodes 1850 - 2000, 1900 - 2000 et 1950 - 2000.
Une variation de 1% par siècle correspond à une variation de précipitation de 0.09 mm/an.
Conformément aux "Points clefs" mentionnés par les auteurs, on observe que les variations sont bien inférieures à un mm d'eau/an, ce qui est infime et à la limite des marges d'erreurs. En effet - et c'est le moins que l'on puisse dire - les précipitations sur le globe (et par régions) sont d'une remarquable stabilité et ceci depuis 1850. En conclusion, les auteurs lancent cet avertissement :
Les stations qui enregistrent des précipitations annuelles faibles, modérées et fortes n'ont pas montré de tendances très différentes des précipitations. Ceci montre que ni les déserts ni les jungles ne sont en voie d'expansion ou de rétrécissement du fait de la variation des quantités de précipitation. Il est, dès lors, raisonnable de conclure qu'il faut rester circonspect quand aux affirmations selon lesquelles de grands changements dans les précipitations globales se sont produites au cours de derniers 150 ans.
Ce qui est parfaitement cohérent avec l'absence de tendances des sécheresses enregistrées sur le globe depuis 1982 révélée dans le graphique déjà montré à plusieurs reprises et notamment dans un billet récent sur les événements extrêmes.

Mais que s'est-il passé auparavant ? Que savons nous des sécheresses d'antan ?

Un article, fruit de la collaboration d'un grand nombre d'auteurs bien connus, qui vient d'être publié, le 6 Novembre dernier, par l'AAAS (American Association for the Advancement of Science qui publie également la revue Science) dans la revue "Science Advances" dont voici l'en-tête et le résumé, répond à cette question :

auteurs
Voici une traduction en Français du résumé de cet article dont le titre est :

"Les méga-sécheresses et les pluviosités du Monde Ancien durant notre époque chrétienne " (NdT : "Common era"~ Anno Domini. Ici, en réalité, depuis l'an 1000)
Résumé :
Les projections des modèles climatiques suggèrent un dessèchement largement répandu dans le bassin méditerranéen et une humidification dans la zone fenno-scandinave durant les décennies à venir, ceci étant dû en grande partie au forçage du climat par les gaz à effet de serre. [ NdT : c'est ce que prévoient les modèles mais l'article précédent montre que, pour l'instant, au moins, ce n'est pas le cas]
De manière à situer ces projections ainsi que d'autres sur le Monde Ancien dans une perspective historique basée sur des estimations plus complètes de la variabilité hydroclimatique naturelle, nous avons mis en place l'"Atlas des sécheresses du Monde Ancien" (OWDA)[ NdT = Old World Drougth Atlas] qui est un jeu de cartes, année après année, reconstruites d'après les données des cernes des arbres concernant l'humidité et la sécheresse estivale pour l'Europe et le bassin méditerranéen durant notre ère.
L'OWDA est en accord avec les données historiques au sujet des sécheresses sévères et des périodes humides avec une cohérence spatiale qui n'étaient pas disponibles jusqu'à présent.

De plus, les méga-sécheresses reconstruites pour l'Europe du Nord et du Centre au cours du XIe siècle et de la moitié du XVe siècle vient renforcer d'autres éléments de preuve provenant d'Amérique du Nord et d'Asie que les sécheresses étaient plus sévères, de plus vastes extension et plus prolongées sur les terres de l'hémisphère Nord avant le XXe siècle, ceci avec une compréhension inadéquate sur les causes. L'OWDA procure de nouvelles données pour la détermination des causes des sécheresses et de l'humidité et attribue la variabilité des climats du passé à la variabilité naturelle interne ou forcée.
Voici la figure maîtresse de cet article qui regroupe les différents atlas des sécheresses précédemment disponibles (le NADA (Amérique du Nord) et le MADA (Asie) ) avec l'OWDA (Europe) du présent article, le tout rassemblé sous le sigle de NHDA.

La figure B (en bas) regroupe les évolutions des indices Z (caractérisant les intensité et les extensions) des méga-sécheresses dans les trois zones considérées de l'hémisphère Nord et ceci de l'an mil à l'an 2000.

Comme on peut le constater, les indices Z présentent des évolutions marquées et sensiblement concomitantes pour les trois zones considérées, ce qui signifie que les épisodes de méga-sécheresses du millénaire passé ne sont pas indépendants ou localisés mais qu'ils ont affecté pratiquement en même temps tout l'hémisphère Nord, durant les mêmes périodes. Ce sont donc de vastes événements climatiques dont on ignore les causes, même si les auteurs les attribuent (assez benoîtement) à la"variabilité naturelle" qui se révèle ainsi particulièrement efficace.

atlas des secheresse
© inconnu
A noter que cette étude rapporte que la période autour des années 1600 fut notamment le siège de fortes sécheresses en Europe (carte OWDA, tiretés rouges) que l'on retrouve, mais dans une moindre mesure, dans les deux autres sous-continents des cartes NADA et MADA. Ceci corrobore les travaux de l'historien Emmanuel Garnier qui écrit dans la présentation de son livre "Plus tard, au beau milieu du fameux Petit âge glaciaire, l'Europe fut même confrontée à de véritables ... vagues de chaleurs doublées de sécheresses mettant en péril la survie des populations."

Les médias unanimes et aussi, quelques scientifiques, nous ont assuré que l'Antarctique perdait de la glace et que cela contribuait à la hausse du niveau des océans. Cela fait maintenant partie de la croyance populaire et se retrouve dans une multitude de forums de discussion. Mais est-ce bien vrai ?

(A voir dans la partie 3)