L'armée canadienne cessera de bombarder le groupe armé État islamique (EI) en Irak et en Syrie le 22 février, vient d'annoncer le gouvernement Trudeau. Ottawa continuera de soutenir ses alliés de la coalition internationale, mais se consacrera d'abord et avant tout à des efforts de formation et d'aide humanitaire, dans le cadre d'une nouvelle approche dont les coûts sont estimés à 1,6 milliard de dollars sur trois ans.

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© GoogleUn membre du personnel pour l'aide humanitaire du Canada en Syrie
Malgré le retrait des six CF-18 qui participent en ce moment aux frappes contre l'EI, l'aéronef de ravitaillement CC-150 Polaris et les deux aéronefs de patrouille Aurora déjà déployés dans la région continueront de soutenir la coalition internationale menée par les États-Unis. Cet appui se poursuivra dans un premier temps jusqu'au 31 mars 2017, mais selon le premier ministre Trudeau, il est prévu qu'elle dure un an de plus.


Commentaire : Le pourquoi de l'arrêt des bombardements sur l'EI de la part du Canada est tout de même ambivalent. Pourquoi ? Qui est derrière cette décision de la part du cabinet de Mr. Trudeau ? Ne serait-ce pas une décision poussée par une demande des Etats-Unis ? Les seuls qui vraiment luttent pour éliminer Daech en Syrie sont les Russes. Le Canada en refusant de bombarder l'EI entre en plain dans une ambivalence totale dans la supposée lutte contre Daech. Nous voyons jour après jour que les bombardements des Russes sont efficaces pour lutter contre le groupe terroriste.


L'effectif militaire consacré à l'opération Impact passera par ailleurs de 650 à 830 personnes. Ces militaires, déployés dans différents quartiers généraux de la coalition, auront pour tâche d'aider les autres membres de la coalition et les forces de sécurité irakiennes à « planifier et à exécuter les opérations militaires », indique le gouvernement. Ils doivent aussi participer à des opérations de ciblage et de renseignement.

Le gouvernement Trudeau entend aussi tripler sa mission de formation et d'assistance aux forces de sécurité irakiennes. Du personnel médical des Forces armées canadiennes offrira notamment de la formation à l'armée irakienne pour la prise en charge de blessés. Le Canada va également fournir des armes de petit calibre, des munitions et des dispositifs optiques aux forces irakiennes.

Ottawa prévoit aussi participer au renforcement de la capacité des forces de sécurité en Jordanie et au Liban pour « aider à prévenir la propagation de l'extrémisme violent », et fournir des conseillers stratégiques aux ministères irakiens de la Défense et de l'Intérieur.

L'ensemble de ces efforts d'ordre militaire doit coûter 264 millions de dollars, sans compter des dépenses de 42 millions pour le redéploiement du personnel et de l'équipement.

La nouvelle approche dévoilée lundi prévoit aussi 840 millions de dollars en aide humanitaire au cours des trois prochaines années, 270 millions pour améliorer les services de base offerts aux réfugiés (eau potable, éducation, santé, services d'hygiène, etc.) et une contribution de 145 millions pour la lutte contre le terrorisme et les programmes de sécurité chimique, biologique, radiologique et nucléaire.

Enfin, le gouvernement Trudeau entend participer plus activement aux efforts diplomatiques visant à mettre un terme aux conflits en Irak et en Syrie.

Aider plutôt que se venger, plaide Trudeau

« Les gens qui sont terrorisés par l'EI tous les jours n'ont pas besoin de notre vengeance. lls ont besoin de notre aide », a plaidé le premier ministre en conférence de presse. « La nouvelle politique du gouvernement canadien en matière de lutte contre l'EI est fondée sur cette croyance. »

Visiblement conscient que sa nouvelle approche sera critiquée par le Parti conservateur, Justin Trudeau a pris les devants en s'en prenant à ses adversaires politiques.

« Il y a ceux qui croient que nous devrions adopter une rhétorique enflammée et surchauffée en parlant de l'État islamique et des autres organisations terroristes. Nous voyons les choses d'une autre manière », a-t-il fait valoir.

« L'État islamique aimerait être considéré comme une menace crédible pour nos façons de vivre et pour notre civilisation. Nous savons que le Canada est plus fort, beaucoup plus fort, que la menace que représente une bande de criminels meurtriers qui terrorisent les gens parmi les plus vulnérables de la planète. »

« Vous pouvez dire que nous sommes de la vieille école, mais nous croyons que nous devrions éviter de faire précisément ce que notre ennemi souhaite que l'on fasse. Il veut qu'on cède à la peur, qu'on laisse libre cours à la haine, qu'on se toise avec suspicion et qu'on en perde nos facultés. L'ennemi mortel de la barbarie n'est pas la haine, c'est la raison. »— Justin Trudeau, premier ministre du Canada


Commentaire : L'EI est une menace, surtout, pour les Syriens et les autres pays de la région et c'est pour cela qu'il faut l'arrêter. Les politiciens aiment philosopher sur la lutte des civilisations, ce qui n'est pas le cas concernant Daech puisqu'ils ne sont pas représentants d'aucune civilisation mais plutôt de la barbarie; les politiciens aiment aussi parler de raison, de ce qui est bien ou mal, de lutter contre le mal avec le bien, etc. A être dans l'ambivalence en faisant la morale. Où est donc l'appui aux Syriens qui veulent la paix et ont besoin d'aide pour la lutte contre les terroristes ?


Lorsqu'on lui a fait remarquer que des frappes contre l'EI demeure l'approche privilégiée par les Canadiens dans le cadre de la lutte contre l'EI, comme l'a montré un sondage Nanos la semaine dernière, M. Trudeau a maintenu que sa nouvelle approche axée sur la sécurité, le développement et la diplomatie est plus appropriée.

« Dans n'importe quelle mission, il faut faire des choix. On ne peut pas tout faire. Nous, on a été guidé par le désir de faire ce qu'on pouvait faire au maximum pour aider dans la région de la bonne façon », a-t-il dit, en assurant que le nouvelle mission est « digne du Canada ».

La chef par intérim du Parti conservateur, Rona Ambrose, critique cependant la décision d'arrêter la mission de combat contre l'EI, qui représente « une menace pour le Canada, les Canadiens et la communauté internationale. »

« Il est absolument honteux que nous arrêtions notre mission de combat », a-t-elle déclaré lors d'une entrevue accordée à CBC. « M. Trudeau dit que ce n'est pas notre combat, que nous pouvons laisser à nos partenaires de la coalition le soin de remplir ce vide. C'est honteux. »

Un retrait annoncé de longue date

Avant même le début de la campagne électorale, Justin Trudeau avait annoncé qu'un gouvernement libéral mettrait fin à la mission de combat des Forces armées canadiennes contre l'EI.

Il n'a jamais dérogé de cette idée depuis, même si les opposants à ce retrait se sont faits davantage entendre depuis que six Québécois ont été tués lors d'un attentat terroriste commis au Burkina Faso en janvier.

M. Trudeau a toujours assuré que le retrait de l'armée canadienne de la mission de combat se ferait de manière ordonnée, afin de ne pas déstabiliser les efforts de la coalition, et que son gouvernement se concentrerait à l'avenir sur la formation et l'aide humanitaire.

À l'heure actuelle, six chasseurs CF-18 Hornet, un aéronef de ravitaillement CC-150 Polaris et deux aéronefs de patrouille Aurora sont engagés dans la mission militaire contre l'EI. Soixante-neuf formateurs militaires travaillent aussi avec les combattants kurdes dans le nord de l'Irak.

L'annonce du gouvernement Trudeau a lieu deux jours avant l'ouverture de la rencontre des ministres de la Défense des pays membres de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), mercredi, à Bruxelles.

Le gouvernement Harper a engagé le Canada dans la mission de combat contre le groupe armé État islamique en octobre 2014. D'abord limité à l'Irak, la mission a été élargie quelques mois plus tard à la Syrie. Bagdad avait demandé l'aide de ses alliés pour combattre l'organisation djihadiste, mais pas Damas.