La colère des agriculteurs grecs, qui s'exprime depuis plus de deux semaines, a gagné vendredi Athènes. Des paysans de Crète ont tenté d'occuper le ministère de l'Agriculture pour protester contre le projet de réforme fiscale. La police a essuyé des jets de pierres, tomates et aliments pourris. La "prise de la capitale" durera au moins deux jours, avaient annoncé les manifestants. Les agriculteurs, venus de l'ensemble du pays, comptent manifester avec leurs tracteurs devant le Parlement. La police a fermé onze rues du centre-ville pour tenter d'éviter le chaos.
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© LOUISA GOULIAMAKI - AFPÉchauffourées opposant les agriculteurs aux forces anti-émeutes le 12 février 2016 à Athènes
Les syndicats des profession libérales, également très concernés par la réforme des retraites, ont appelé leurs membres à grossir les rangs paysans dans l'après-midi. La police a établi des barrages aux péages autour d'Athènes, en provenance de la plaine agricole de Thessalie, au nord, et du Péloponnèse, au sud, pour empêcher la venue en masse de tracteurs dans la capitale.


130 axes routiers bloqués

Mobilisés contre les plans gouvernementaux de réforme de leurs retraites et fiscalité, les agriculteurs, qui bénéficient jusque là de régimes plus souples que les autres auto-entrepreneurs, ont établi depuis fin janvier des barrages routiers sur les principaux axes du pays, et ont totalement bloqué pendant une dizaine de jours le transit de marchandises aux frontières nord avec la Turquie et la Bulgarie. En tout, les manifestants bloquent déjà au moins 130 axes routiers dans le pays.

Depuis mardi, et après un appel de Sofia à la levée du blocus, ils laissent passer les camions plusieurs heures par jour au poste gréco-bulgare de Promahona.

« Assainissement »

Le premier ministre grec Alexis Tsipras les a appelés mercredi au "dialogue", mais exclu le retrait qu'ils réclament du projet de réforme des retraites, par ailleurs négocié avec les créanciers du pays (UE, FMI), qui conditionnent à son adoption la poursuite des prêts au pays surendetté.
Sous la pression européenne, Athènes doit effectivement poursuivre l'"assainissement" de ses finances publiques. Pour les agriculteurs, cela devrait se traduire par une hausse du prélèvement pour la pension de 7 à 20% et la suppression d'avantages fiscaux.
Le service des statistiques grecques (Elstat) a annoncé vendredi que le Produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,6% au cours du quatrième trimestre par rapport au trimestre précédent et de 1,9% sur un an.

Pour l'année entière, le résultat est encore plus décevant, avec un recul du PIB de 0,7% par rapport à celui de 2014, selon un calcul basé sur les données saisonnières ajustées publiées par l'Elstat dans cette première estimation.