Commentaire d'intro : ReOpen911

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L'invraisemblance des versions officielles américaines successives de la mort de Ben Laden semble proportionnelle à l'énergie déployée actuellement par les grands médias pour discréditer à priori toute remise en cause et tout esprit critique sur la réalité des faits eux-mêmes. Il faut absolument placarder ces sceptiques, et quoi de mieux que ce vocabulaire péjoratif et définitif, à base de "complotistes", "conspirationnistes", "théoriciens du complot" qui a pour effet de stopper tout débat, d'arrêter toute réflexion, et surtout d'alimenter la propagande de la peur et de cette "Guerre au terrorisme" née il y a près de 10 ans maintenant ? Voici un billet d'Emrah KAYNAK paru sur Le Grand Soir qui résume bien cette situation.

Une grande part des débats relatifs à l'annonce de la mort de Ben Laden est consacrée à disqualifier la réflexion critique en l'assimilant à des délires paranoïaques. Celui qui fait état de suspicion envers les diverses versions officielles est aussitôt affublé du terme peu élogieux de conspirationniste. Les médias institutionnels se rangent de façon acritique du côté du pouvoir et tentent avec acharnement de rendre cohérent l'incohérent.

Le concept « théorie du complot » est utilisé de façon abusive et systématique pour discréditer la moindre interrogation rationnelle. Les contours indéfinis de cette notion-cadre permettent d'englober sans distinction toute une série de réflexions. Le procédé est simple. Il s'agit de mettre sur un pied d'égalité diverses théories dont les plus faibles remettent en question les doutes légitimes. Les questions pertinentes se voient étouffées sous un fatras d'hypothèses immotivées.


Commentaire :
Le terme « théorie du complot » est utilisé de façon tellement péjorative, et depuis si longtemps maintenant, que le simple fait de le prononcer inhibe le raisonnement du citoyen occidental moyen. Les hommes politiques étasuniens et les médias rejettent avec constance hors du champ historique, de façon dédaigneuse qui plus est, toute « théorie du complot ».
Cela me rend curieuse, et lorsque je suis curieuse je me mets en quête d'une réponse. Je réalisai tout d'abord que le mot de « complot » provoque une réaction très forte chez chacun d'entre nous - moi y compris : qui voudrait être étiqueté comme « théoricien du complot » ? C'est tout simplement « inacceptable ». C'est « anti-scientifique », ou c'est faire preuve d'instabilité mentale - pas vrai ?
Je pense même qu'en réalité la lecture seule de ce mot provoque des réactions physiologiques, comme une légère accélération du rythme cardiaque, et sans doute un coup d'œil rapide aux alentours afin de s'assurer que personne n'est en train de vous regarder au moment où vous le lisez.
Pourquoi ? Pourquoi ce mot suscite-t-il instantanément une telle émotion ?
Vous vous êtes sûrement demandé pourquoi le « mouvement de recul » qu'il suscite est si violent. Ce n'est, après tout, qu'un mot, qui n'évoque que l'idée de personnes « haut placées » méditant certaines choses et manipulant autrui pour en obtenir des avantages personnels. Il n'y a là rien d'inimaginable ! Il s'agit en réalité de la chose la plus vraissemblable au monde.
Les complots sont partie intégrante de l'Histoire : il s'agit d'une antique réalité bien documentée. Dans la Bible, Caïn conspira pour assassiner Abel ; les fils de Jacob conspirèrent pour vendre leur frère en esclavage ; Judas conspira pour trahir Jésus, Brutus et d'autres conspirèrent pour « liquider » Jules César. Les instigateurs de la Guerre d'indépendance étasunienne étaient des conspirateurs.

Laura Knight-Jadczyk, 11 septembre, l'ultime vérité

La défiance envers les discours officiels n'est que la résultante logique de diverses tentatives de machination confirmées. Le pouvoir étasunien est accoutumé à l'intoxication comme le démontre le cas emblématique de l'assassinat de Kennedy. En dépit de ses nombreuses aberrations, la thèse bancale du tireur isolé n'a toujours pas été révisée.

On se souvient encore mieux de la propagande grossière qui a mené à la guerre et l'occupation de l'Irak. Des dirigeants politiques de haut rang, des experts et des journalistes soi-disant réfléchis nous rabâchaient sans cesse avec les « armes de destruction massive » qu'ils ne trouveront jamais.

On nous a présenté ensuite des plans détaillés de centres de commandements hypersophistiqués d'Al-Qaida dans les grottes de Tora Bora qui se sont révélées parfaitement imaginaires. On n'a pas oublié non plus l'opération de sauvetage en Irak de Jessica Lynch totalement mise en scène sans parler de l'affaire des couveuses au Koweït destinée à émouvoir le peuple étasunien et justifier leur entrée en guerre.

Ce sont ces mêmes journalistes et experts, candides ou complices, qui raillent aujourd'hui les observateurs qui font preuve de prudence méthodologique envers des sources confondues à de nombreuses reprises pour manipulations caractérisées.

Récuser a priori l'existence d'interventions concertées et clandestines à visée géostratégique revient à nier l'existence même de services secrets. Une agence de renseignement n'est pas une agence de presse et la CIA ne peut donc être traitée comme une source impartiale. Faute de preuves tangibles des circonstances de la mort de Ben Laden, nous sommes priés de nous en remettre à la bonne foi du directeur de la CIA ou du président des Etats-Unis. Or vérité, politique et guerre n'ont jamais fait bon ménage.

Que sait-on à propos d'Oussama Ben Laden si ce n'est ce que les autorités étasuniennes nous en disent ? Il est admis par tous qu'Al-Qaida est une filiale de combattants arabes formés par les services secrets étasuniens, pakistanais et saoudiens pour lutter contre l'influence communiste et panarabiste.

Cette mouvance occulte n'a jamais autant servi les intérêts des Etats-Unis qu'aujourd'hui. Qui parle à perte de vue d'Al-Qaida ? La labellisation Al-Qaida suffit à disqualifier ipso facto des mouvements insurrectionnels populaires dans des pays occupés. Ces incantations martelées et répétées acquièrent valeur de démonstration.

Aussitôt la mort de Ben Laden annoncée, on nous prévient déjà que la lutte contre le terrorisme n'a pas pris fin et qu'il faut se méfier encore davantage de la vindicte islamiste. Al-Qaida aurait promis de venger la mort de son fondateur. Cet ennemi est si commode qu'il procure l'argument nécessaire au maintien de troupes étrangères en Afghanistan.

La peur est un appui de première main pour les propagandistes. Un public qui a peur est enclin à se soumettre à l'autorité et à exalter son identité nationale. Il suffit de dire que les islamistes haïssent le monde occidental et qu'ils veulent le détruire pour s'assurer le soutien inconditionnel à la politique impérialiste des Etats-Unis.

Les théoriciens du complot ne seraient-ils pas ceux qui soutiennent la thèse d'un complot international djihadiste, ceux qui voient des conspirateurs à la moindre expression d'une critique, ceux qui propagent une vision schématique du monde divisé entre le bien et le mal, la liberté et l'obscurantisme pour justifier leurs interventions militaires ?