Faute de piscine pour les collégiens, la validation du « savoir-nager » se déroulera sur la terre ferme
Image
Pas d'eau pour les nageurs en herbe (photo archives Guillaume Bonnaud)

Ils nageront sur la terre ferme comme des poissons dans l'eau. Munis de leurs lunettes et de leur bonnet, ils exécuteront le 30 juin, entre 17 h 15 et 17 h 45, un étrange ballet dans le parc jouxtant la piscine municipale, sous l'œil des parents et de leurs professeurs d'éducation physique et sportive. Ils sauteront des plots et feront la brasse dans des couloirs tracés sur l'herbe en passant sous des cerceaux.

« Le style d'exercices effectués d'ordinaire dans l'eau de la piscine qui nous permettent de valider le ''savoir-nager'' des collégiens au terme de l'année scolaire », explique Alain de Carlo, professeur d'EPS à Castillon-la-Bataille, et par ailleurs secrétaire départemental du Snep-FSU.

10 heures minimum

« Généralement, après dix heures de natation minimum dans l'année, les élèves atteignent le niveau 2, conformément aux textes en vigueur dans l'Éducation nationale. Un bien indispensable en termes de sécurité, de loisirs, d'accès à la culture sportive qui fait partie du socle commun de connaissances et de compétences », souligne-t-il.

Le problème, c'est que les élèves n'ont pas accès à ces 10 heures de formation nécessaires, à Castillon-la-Bataille. « La piscine locale que nous ne pouvions fréquenter qu'au beau temps est fermée depuis deux ans (1). Celle de Libourne est saturée. La solution serait de se rendre à Saint-Seurin-sur-l'Isle (plus de 26 kilomètres). Mais le trajet en bus, ajouté au temps de vestiaire, n'est pas envisageable avec des créneaux de deux heures de cours. De plus, le coût financier à la charge du collège que nous estimons à 5 850 euros pour 5 classes, tout en demandant une participation de 1,80 € par élève, est tout simplement prohibitif », assure Alain de Carlo.

41 % des collèges concernés

« Le problème ne se pose pas qu'à Castillon-la-Bataille mais un peu partout en Gironde », assure le secrétaire départemental. Déjà, en 2009, une enquête réalisée auprès des établissements girondins effectuée par le syndicat donnait des résultats préoccupants. 61 établissements sur 102 avaient répondu et 27,9 % indiquaient qu'ils n'avaient pas accès à la pratique de la natation, et 10,8 %, estimaient avoir un « accès faible et insuffisant, avec quelques séances en fin d'année ».

Au total, 41 % des collèges girondins assurent avoir une pratique largement insuffisante en ce domaine, en raison de l'éloignement, des frais de transport, du coût des entrées, du personnel qualifié... Alors que la même enquête au plan national montrait que 14 % des collèges n'avaient pas accès à la piscine. « Le déficit serait de 13 piscines en Gironde », précise Alain de Carlo.

C'est pourquoi depuis des années les professeurs d'EPS interpellent l'Inspection d'académie et le Conseil général qui sont compétents en termes de service public scolaire. « Parce qu'avant de demander à tous le "savoir-nager", il est indispensable, estime l'enseignant, de mettre en place, pour le moins, le "pouvoir-nager" dans le cadre du service public. »

(1) Le maire de Castillon confirme que la piscine est fermée depuis deux ans. « Parce que les travaux de rénovation (plus de 600 000 euros) sont incompatibles avec les finances de la CdC Castillon-Pujols. » Il parle d'une réflexion en cours avec la CdC du Pays foyen.