RENNES - La chute d'une météorite observée mardi vers 5h15 par des dizaines de témoins en Bretagne passionne les amateurs et les scientifiques qui tentent fébrilement de retracer sa trajectoire précise dans l'espoir de trouver des débris très rares en France.

"Depuis mardi, on reçoit des témoignages de partout, les gens ont l'impression d'avoir vécu quelque chose d'extraordinaire, ils ont envie d'en parler, et puis il y a ceux qui appellent pour savoir où c'est tombé dans l'espoir de trouver quelque chose", explique Priscilla Abraham.

Cette scientifique qui dirige le planétarium de l'espace des Sciences de Rennes a lancé une enquête de terrain (priscilla.abraham@espace-sciences.org) pour "rencontrer des témoins qui ont l'habitude d'observer le ciel" afin de définir la trajectoire du bolide venu du ciel.

Car "il n'y a aucun doute sur le fait qu'il s'agit d'une météorite", selon Albert Jambon, professeur à l'Université Pierre et Marie Curie (Paris 6).

"Mis en alerte" par la profusion de témoignages sur internet, ce spécialiste collecte lui aussi des informations pour "localiser l'endroit de la chute" avant de se "précipiter sur le terrain".

Le bolide aurait explosé à une dizaine de kilomètres d'altitude, certains évoquent une luminosité de -12 de magnitude, le point d'impact serait situé dans un rayon d'une cinquantaine de kilomètres autour de Rennes. Au nord selon les uns, à l'ouest, selon d'autres.

"Pour l'instant, les renseignements sont trop vagues mais avec un peu de chance, on trouvera", dit le Pr Jambon qui a lancé un appel à témoin sur internet (www.meteor-center.com) avec l'aide d'un "amateur éclairé" féru d'informatique.

"On espère partir dans quelques jours marcher dans les champs et les forêts pour trouver des morceaux", explique son soutien logistique, Pierre-Marie Pelé, "chasseur de météorites et collectionneur".

Cet ingénieur des télécoms qui "passe son temps libre à arpenter les déserts en Afrique, en Mongolie ou aux Etats-Unis" se tient "prêt à partir" en Bretagne.
Mais d'autres sillonnent déjà le terrain. "On en a rencontré hier du côté de Rennes et de Saint-Malo", affirme Priscilla Abraham en regrettant que "certains ne voient que l'aspect financier" d'une possible découverte.

Des internautes échangent des informations dans l'espoir de localiser le bolide sur des sites spécialisés, comme sur http://meteorites.superforum.fr/.
"Il y a ceux qui veulent faire avancer la science, d'autres qui collectionnent, d'autres enfin chassent le trésor en espérant faire un peu de profit", analyse Tioga Gulon, du Réseau français d'observation des météores qui réunit amateurs et professionnels.

Ce passionné d'observation astronomique est "à l'affût" de renseignements sur le bolide qui a provoqué un bang supersonique perçu en différents points de Bretagne. Il a lancé un appel "à ceux qui ont des caméras de surveillance, dans les magasins ou dans les entreprises" parce que "les images vidéos sont un excellent moyen de localisation" (http://france.allsky.camera.free.fr/).

Selon lui, c'est ainsi que des chercheurs ont pu retrouver près de 4 kg de débris au sol après la chute d'une météorite près de Kosice, en Slovaquie, en février 2010.

Pour le Pr Jambon, l'intérêt est "avant tout scientifique": la composition isotopique des météorites est une source précieuse de renseignements sur la formation du système solaire, surtout quand leur chute est récente et que l'érosion ne les a pas encore altérées.

"Il ne faut pas rêver, ceux qui croient que les fragments de météorites valent des sommes astronomiques se trompent, généralement, ça ne vaut pas grand chose", tempère-t-il. Il espère cependant que "les scientifiques trouveront le point d'impact en premier", avant "les rapaces qui veulent gagner de l'argent".