Des divisions de l'American Psychological Association (1) ont lancé une pétition en ligne exprimant de «sérieuses réserves» au sujet de la prochaine édition en cours d'élaboration du DSM-5, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ("Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders"). Lancée le 22 octobre, sous forme de lettre ouverte au groupe de travail sur le DSM-5 de l'American Psychiatric Association, la pétition a déjà recueilli plus de 3700 signatures de professionnels de la santé mentale, d'étudiants et d'organisations.

La pétition s'inquiète d'un abaissement des seuils de diagnostic pour plusieurs catégories de troubles et de l'introduction de troubles qui peuvent conduire à un traitement médical inapproprié de populations vulnérables ainsi que de propositions spécifiques qui apparaissent manquer de fondement empirique.

Augmenter le nombre de personnes qui se qualifient pour un diagnostic peut conduire à une médicalisation excessive et une stigmatisation d'une détresse transitoire normale, dit David N. Elkins de l'Université Pepperdine, président de la Society for Humanistic Psychology.

Les domaines de préoccupation comprennent notamment:
- le diagnostic de syndrome de psychose atténué qui avait d'abord été proposé sous le nom syndrome de risque de psychose,
- la suppression de l'exclusion du deuil pour le diagnostic du trouble dépressif majeur (dépression majeure),
- la réduction des critères pour le diagnostic du trouble déficit de l'attention,
- et la réduction des critères et la durée des symptômes pour le diagnostic du trouble d'anxiété généralisée.

Commentaire : En d'autres termes, si une personne est triste d'avoir perdu un proche, elle sera cataloguée comme ayant un trouble mental!!!


Concernant le diagnostic de syndrome de psychose atténué, précise Sarah R. Kamens de l'Université Fordham, la recherche a montré qu'un maximum de 20% à 30% seulement des personnes identifiées finissent par développer effectivement une psychose, ce qui signifie que jusqu'à 70% ou 80% de ces personnes recevraient un traitement pour un trouble qu'ils ne développeraient jamais.

La pétition cite aussi le manque de bases empiriques pour la réorganisation de la section des troubles de la personnalité. Les nouveaux diagnostics proposés de syndrome d'apathie, trouble de dépendance à Internet, et de syndrome d'aliénation parentale sont également critiqués pour le manque de recherche qui les appuie.

La pétition s'inquiète aussi des modifications proposées à la définition de troubles mentaux qui accordent moins d'importance aux variations socioculturelles tout en mettant davantage l'accent sur les théories biologiques.

La British Psychological Society a également récemment adressé une lettre ouverte à l'American Psychiatric Association pour exprimer ses préoccupations.

Lire la pétition

(1) La Society for Humanistic Psychology (division 32), la Society for Community Research and Action: Division of Community Psychology (division 27) et la Society for Group Psychology and Psychotherapy (division 49).