Traduction copyleft de Pétrus Lombard

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Illustration rajoutée de The Art of David Dees
Caen/Munich - Les toxines Bt insecticides, comme celles sécrétées par des plantes génétiquement modifiées, peuvent être nocives pour les cellules humaines. Voilà ce que conclut une étude récente effectuée par des chercheurs de l'université de Caen (France). Leurs expériences ont montré que les toxines produites, par exemple, par le maïs génétiquement modifié MON810, ont la capacité d'influer considérablement sur la viabilité des cellules humaines. Les effets ont été observés avec des concentrations relativement élevées de ces toxines, mais il y a lieu de s'inquiéter.

Pour la première fois, des expériences ont maintenant montré que ces toxines peuvent avoir un effet nuisible pour les cellules humaines. D'après les compagnies comme Monsanto, qui produisent du maïs génétiquement modifié sécrétant ces poisons, les toxines Bt sont censées être actives uniquement contre des insectes particuliers, et ne devraient aucunement avoir d'effet sur les mammifères et l'homme. L'étude des effets des toxines Bt sur les cellules humaines n'est pas exigée pour évaluer les risques [des OGM] en Europe ou dans toute autre région.

Une autre découverte des chercheurs concerne une formule d'herbicide vendue sous la marque Roundup. D'énormes quantités de cet herbicide sont pulvérisées sur les cultures de soja génétiquement modifiées, et ses résidus peuvent être retrouvés dans les aliments et fourrages pour animaux. Selon la nouvelle publication, même des doses extrêmement faibles de Roundup (formule de glyphosate) sont capables d'endommager les cellules humaines. Ces conclusions sont conformes à celles de plusieurs autres études mettant en évidence des risques sanitaires imprévus associés aux préparations à base de glyphosate.

« Nous avons été très surpris par nos découvertes. Jusqu'à présent, nous pensions presque impossible que les protéines Bt soient toxiques pour les cellules humaines. D'autres recherches doivent à présent être effectuées pour savoir comment ces toxines affectent les cellules et si des effets dus à leur association avec d'autres composés de la chaîne alimentaire humaine et animale doivent être pris en compte, » explique Gilles-Eric Séralini de l'université de Caen, qui a supervisé les expériences. « Pour conclure, ces expériences montrent que les risques des toxines Bt et du Roundup ont été sous-estimés. »

Les toxines Bt et la tolérance à des herbicides sont largement utilisées dans les plantes génétiquement modifiées. Les protéines Bt ne se rencontrent naturellement que dans des bactéries du sol. En introduisant le gène de la toxine dans des plantes modifiées, la structure des toxines est changée, et peut de ce fait provoquer une modification de la sélectivité. La teneur en protéines dans les plantes est très variable. Beaucoup de plantes génétiquement modifiées contiennent plusieurs toxines Bt en même temps. Par exemple, le SmartStax produit six toxines Bt différentes et a donc en général une plus haute teneur en protéines. En outre, il a été rendu tolérant à des herbicides. Jusqu'à présent, il n'y a eu aucune étude sur les effets de ces toxines combinées avec les résidus de pulvérisation, ni sur leurs risques potentiels pour la santé humaine, qui ont été considérés comme improbables. Les chercheurs ont maintenant démontré qu'il y a bien interactivité. Dans les conditions spécifiques de leur expérience, la toxine Bt réduit la toxicité du Roundup. D'autres études sont nécessaires pour vérifier les autres effets combinés éventuels dans diverses situations.

« Ces résultats sont assez inquiétants. L'impératif d'évaluation des risques des plantes génétiquement modifiées et des pesticides doit être strictement appliqué. « À la lumière de ces conclusions, nous pensons que la commercialisation de ces plantes n'est pas conforme aux règlements de l'UE, » déclare Christoph Then à Testbiotech. Testbiotech s'intéresse de très près à l'évaluation des risques à l'European Food Safety Authority (EFSA) et a maintes fois attiré l'attention sur les lacunes de l'évaluation des risques.

La recherche a été sponsorisée par la fondation GEKKO (Allemagne). L'association CRIIGEN (France) et Testbiotech (Allemagne) ont été impliqués dans la planification des expériences et la discussion des résultats. Les résultats ont été publiés après examen par les pairs.

Cytotoxicity on human cells of Cry1Ab and Cry1Ac Bt insecticidal toxins alone or with a glyphosate-based herbicide, de R. Mesnage, E. Clair, S. Gress, C. Then, A. Székács et G.-E. Séralini, Journal of Applied Toxicology, 2012 :
onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jat.2712/abstract

Contacts :

- Professeur Gilles-Eric Séralini, de France : Tél. +33 2 31 56 54 89, criigen@unicaen.fr, www.criigen.org

- Christoph Then, Testbiotech, Allemagne : +49.15154638040, info@testbiotech.org, www.testbiotech.org