Selon «le Monde», le juge Gentil resserre ses investigations sur les soupçons d'irrégularités dans le financement de la campagne de 2007.

Le photographe François-Marie Banier, interrogé en janvier par un juge d'instruction sur une possible remise d'argent à Nicolas Sarkozy par Liliane Bettencourt entre les deux tours de la présidentielle de 2007, a tenté d'édulcorer ses écrits en ce sens, rapporte mardi Le Monde.fr.

Selon le quotidien, qui paraît s'être procuré des procès-verbaux d'audition de François-Marie Banier par le juge d'instruction de Bordeaux Jean-Michel Gentil datés du 26 janvier, celui-ci interroge l'artiste sur une mention figurant dans son journal intime, le 26 avril 2007 (entre les deux tours).

Il y rapporte des propos de l'héritière de L'Oréal ainsi formulés : «(Patrice) De Maistre (l'ancien homme de confiance de Mme Bettencourt, mis en examen comme M. Banier, et écroué depuis vendredi, NDLR) m'a dit que Sarkozy avait encore demandé de l'argent. J'ai dit oui.»

François-Marie Banier, mis en examen le 14 décembre pour «abus de faiblesse, abus de confiance et escroquerie aggravés et blanchiment», est invité par le juge à s'expliquer sur cette phase apparemment claire. Il répond de manière assez ampoulée, selon les extraits de son audition cités par le Monde.

«Je suis écrivain et je trouve intéressant de montrer les rapports d'une femme face à son trouble vis-à-vis des gens en qui elle doit avoir confiance.» Puis «pour cette demande d'argent, c'était une demande officielle car il y a toujours des demandes officielles pendant les campagnes. Il y a une somme officielle que l'on peut donner et il y a toujours des gens de tous bords qui viennent demander de l'argent à Liliane Bettencourt.»

Sarkozy venu «pour demander des sous»?

Le photographe ajoute : «Elle n'a pas encore donné cet argent et on ne sait pas si elle le donnera.» Puis : «Je ne suis pas sûr qu'elle ait mentionné le nom de Sarkozy mais c'était quelqu'un d'important.»

Le juge lui fait alors remarquer que le 26 avril 2007, il n'y a plus que deux candidats en lice (M. Sarkozy et la socialiste Ségolène Royal, NDLR). «Dans votre souvenir, une dernière fois, Liliane Bettencourt a-t-elle évoqué Nicolas Sarkozy - ce qui semble logique - ou l'autre candidat ?» «Ce n'est pas ce qui m'intéresse», a éludé François-Marie Banier.

Le journal assure aussi que le juge Gentil a recueilli au cours des derniers mois plusieurs témoignages de personnes situées dans l'entourage proche de Liliane et André Bettencourt - mort en novembre 2007 - certifiant que M. Sarkozy se serait rendu au domicile du couple, à Neuilly-sur-Seine, lors de cette campagne.

Un ancien chauffeur cite, le 8 mars, une ancienne gouvernante, décédée depuis : Nicole Berger «m'a dit que M. Sarkozy était venu pour un rendez-vous voir Monsieur et Madame très rapidement, que c'était pour demander des sous.»Ce chauffeur avait déjà tenu des propos similaires recueillis par le site Mediapart, en novembre 2010.

Dans son ordonnance, le juge conclut : «Il convient de noter que des témoins attestent d'une visite du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, au domicile des Bettencourt pendant la campagne électorale de 2007, que des investigations sont donc nécessaires s'agissant de ces premières remises de 2007.»