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J'avertis ici le public. Je vais m'évertuer à pointer ici quelques failles de Médiapart, jamais discutée dans les médias. Je préfère prévenir que je n'ai aucun intérêt au scandale. Je cherche avant tout à trouver des réponses à des questions qui me laissent perplexe. Je cherche à comprendre, et j'espère que ceux qui liront ces lignes ne me prêteront pas les intentions les plus mauvaises. Je regrette simplement que mes compatriotes considèrent encore Edwy Plenel comme un défenseur acharné de la liberté de la presse. Je pointerai donc dans l'article suivant certains manquements de la rédaction de Médiapart quant à ses prises de position, et plus particulièrement parce que c'est l'objet de leur dernier "scoop", sur la Libye. Ces "oublis" sont-ils révélateurs d'une ligne éditoriale influencée par les intérêts atlantistes ? A vous d'en juger, selon les faits.

Revenons à l'actualité de Médiapart.

Coup de tonnerre en Sarkozie ! Fabrice Arfi et Karl Laske présentaient il y a quelques jours, ce qu'ils ont affirmé être le fruit de 10 mois d'enquête. Il aurait donc fallu 10 mois à Médiapart pour donner des éléments allant dans le sens de la confirmation d'une information que quasiment personne n'avait pris au sérieux lorsqu'elle était sortie, le fait que Mouammar Kadhafi aurait financé la campagne de Nicolas Sarkozy (Voir le 20 minutes, ou encore le JDD) :


Depuis, des gesticulations de toutes parts ont rendu le sujet difficilement compréhensible pour le quidam, ne sachant plus trop qui croire entre l'équipe du journaliste à la moustache légendaire (qui a pu faire la tournée des médias) et le bon Président-Candidat. Mais le plus risible des mécanismes de contre-propagande sarkozyste est sans nul doute la déclaration émanant du CNT libyen, installé dans le sang sous les bombes de la France et de... l'OTAN : "Nous pensons que la lettre est fausse et fabriquée"... C'était bien la moindre des choses que de remercier Nicolas Sarkozy pour le service rendu !

Car, et cela Médiapart ne l'a, il me semble, pas dénoncé : c'est l'unilatéralité des médias dans le traitement de l'information lors de la préparation, et de la Guerre de Libye. Michel Collon, journaliste d'investigation belge, avait pour tenter d'alerter les français quant à ce qui pourrait se profiler : la diffusion de média-mensonges :


Des mensonges, aux français ? Jamais ! Médiapart s'est, au même titre que tous les médias mainstream français, aligné sur la ligne politique du Quai d'Orsay, c'est à dire soutenir l'opposition libyenne, forcément plus recommandable que le Grand Satan Kadhafi.

Car c'est bien connu, le "Colonel" faisait venir des containers de viagra pour violer les femmes libyennes, et employait l'aviation contre les populations civiles causant des miliers de morts. Le seul petit "hic", c'est qu'aucune preuve de ces allégations n'ont jamais pu être apportées.

Quant aux raids aériens, Human Right Watch s'était exprimée : "Il ne fait aucun doute que la répression par les forces de Kadhafi a été très dure à Tripoli dès que la population a commencé à manifester dans la capitale, c'est-à-dire à partir du 20 février. Human Rights Watch a dénoncé les tirs sur la foule, les arrestations, les disparitions forcées. Mais en dépit des informations transmises par certains médias, il n'a jamais été démontré que des avions ou des hélicoptères aient tiré sur les manifestants à Tripoli. Cela ne veut pas dire que cela n'a pas eu lieu, mais, à ce jour, aucune preuve ne l'a établi à notre connaissance."

Julien Teil, réalisateur du film La guerre humanitaire, confirme d'ailleurs l'absence de preuves solides concernant lesdits massacres, ayant fortement pesé dans la balance de l'opinion pour justifier la résolution 1973 de l'ONU afin de mettre en place une "zone d'exclusion aérienne" :



Mezri Haddad, ancien diplomate à l'UNESCO représentant la Tunisie de Ben Ali, a d'ailleurs fait de nombreuses révélations sur le printemps arabes dans son livre "La face cachée de la Révolution tunisienne". Dans une interview donnée au Cercle des Volontaires, il accuse publiquement le Qatar de "crime contre l'Humanité en Libye". Mais ce tunisien n'a pas autant de charisme que BHL ! Son avis n'est pas vraiment considéré par les médias.

On peut ajouter à cette liste maître Vergès, qui a été l'une des seules figures françaises (avec, Roland Dumas, Rony Brauman...) à s'opposer au conflit. Il décrit aujourd'hui la Libye comme un Etat ou le chaos règne... Vous trouvez qu'il exagère ? Et pourtant... Mahmoud Abbas, premier ministre de l'Autorité Palestinienne, vient justement d'annuler sa visite, faisant état "d'inquiétudes sur la sécurité". Comme c'est joliment dit...

Tout ceci n'est qu'une partie infime de ce que Médiapart cache au public. L'équipe d'Edwy Plenel ne rapporte en effet que ce qui coïncide avec une vision politiquement correcte des conflits menés par la France. C'est à dire que les méchants dictateurs sont vraiment très méchants, et que ceux qui veulent les bouter sont forcément gentils et qu'il faut les soutenir à tout prix. Peu importe si des islamistes s'apprêtent ensuite à prendre le pouvoir, qu'AQMI soit mêlé à tout cela, que des armes soient fournies en toute illégalité aux rebelles. Les victimes innocentes ne sont des arabes après tout.

Ce qui m'a définitivement mis la puce à l'oreille, qui a éveillé ma conscience sur les informations qu'ils ne publiaient pas, est l'affaire Piccinin. Comme je l'avais conté sur ce même site, Pierre Piccinin est un chercheur belge qui a été expulsé du Cercle des Chercheurs au Moyen-Orient, pour avoir fait, pour résumer, son travail d'observateur de terrain. Il a démontré factuellement plusieurs mensonges de la propagande occidentale sur la situation en Syrie, et cela a gêné deux membres d'honneur du Cercle, faisant eux-mêmes partis du Conseil National de Transition, instance qui de fait, bénéficie de l'appui de la France, et des pays de l'OTAN.

J'ai voulu alerter les deux seuls médias qui auraient pu tenter de s'emparer de l'affaire en France, à savoir le Canard Enchaîné et Médiapart. Le média d'Edwy Plenel n'a pas encore juger bon de trancher sur ma proposition de publication de l' interview de Pierre Piccinin. Le Canard a eu l'honnêteté de me répondre, arguant que je n'étais qu'un conspirationniste, que je n'avais pas de source etc. Bien sûr, la fallacieuse panoplie argumentaire du journaliste n'aurait pu être complète sans un amalgame avec les "négationnistes du 11 septembre" ; les méchants-pas-beaux qui osent pointer les incohérences des vérités officielles sur cette folle journée et les festivités qui ont suivis sont honnis par l'esthablishment médiatique français ! Bref, il était impossible d'amorcer un quelconque dialogue. La ligne du journal était claire et il ne fallait pas y toucher : Bachar Al-Assad était un "boucher" ; et puis c'est tout !

Il est clair qu'il était stupide de ma part d'essayer de publier cette histoire. Car si ces rédactions n'étaient pas corrompues d'une façon ou d'une autre, il y aurait certainement eu une chance pour qu'elles accèdent à aux informations qui m'ont mené à les solliciter. Ils ne veulent pas en parler. J'ai finalement pu publier dans un journal algérien, la Nouvelle République. Il n'y eu bien sûr aucune réaction dans l'espace politico-médiatique français. Les journalistes semblent vivre dans une bulle !

L'expression de la censure se fait ainsi, par le silence, le mépris, ou la condamnation à ce qu'une information, même importante, soit finalement noyée dans un flux incessant de faits divers, affaires et autres diversions qui évitent de s'attarder sur la "cause des causes", dirait Etienne Chouard.

Bref, concernant les syriens, Médiapart soutient "l'opposition démocratique syrienne", notion bien vague et éloignée du rapport de force sur le terrain, mêlant des forces disparates et non toutes conquises à la "démocratie", comme on nous a aussi voulu le faire croire concernant la Libye. Il est bien dommage que certains s'obligent à ne pas vouloir contraster leur jugement en faisant part d'informations contradictoires indispensables à la compréhension de situations complexes.


Le mieux serait que l'équipe d'Edwy Plenel se justifie sur son silence quant à ce qu'il se passe actuellement dans l'Union Européenne, sur son approbation de la version officielle des attentats du 11 septembre 2001 (ce qui ne les a pas empêché de révéler une information très compromettante sur le fameux Guillaume Dasquié, l'actuel directeur d'OWNI, qu'on connaît aussi par ses délires sur CNN en 2002, quant au lectorat de Meyssan) mais aussi sur toute une multitude de sujets qui ont en commun une variable : cela est dans la droite ligne d'intérêts qui semblent dépasser les intérêts particuliers d'une bande de journalistes au service de la vérité. Sinon, pourquoi refuseraient-ils de simplement discuter d'informations contradictoires ?

Cet article ne se veut pas pamphlétaire. Il pose des questions et invite au débat !