Traduction : SOTT

Image
Les Suiveurs autoritaristes en embuscade, prêts à défendre le gouvernement
L'article qui suit a été publié dans le journal Le Monde, édition du 19 juin 2012. Nous le relayons ici, agrémenté de commentaires, car c'est une parfaite illustration de ce « journalisme à sensation » tant prisé des médias dominants dès lors qu'il s'agit de tromper le public. Le journalisme à sensation se définit comme « un journalisme qui présente peu, voire aucune information documentée et légitime, et utilise à la place des titres accrocheurs afin de vendre plus de papier. » Toutefois, dans le cas présent, le but du Monde est spécifiquement de discréditer et de ridiculiser tout raisonnement déductif rationnel concernant les actions du soi-disant « terroriste islamique » Mohamed Merah.
Affaire Merah, voyage au pays des conspirationnistes

Le Monde.fr

Par Soren Seelow

Zones d'ombre, déclarations contradictoires, surenchère médiatique, récupération politique, résonances avec le conflit israélo-palestinien, ratés des services de police, rôle trouble des services de renseignement... l'affaire Mohamed Merah, le jeune homme accusé d'avoir tué sept personnes en mars à Toulouse et à Montauban, réunit tous les ingrédients dont se nourrissent les théories conspirationnistes.
Dès l'origine de l'affaire, les premiers soupçons de manipulation politique surgissent. Alimentés par les incohérences du dossier, ils ne cesseront d'enfler jusqu'à s'agréger en véritables thèses alternatives à la version officielle. Plongée dans la nébuleuse complotiste, ses réflexes, ses techniques, ses arrière-pensées idéologiques.
D'entrée de jeu, l'auteur admet que la version officielle pose problème, mais, dans son esprit, ce fait constitue, on ne sait trop comment, une preuve que quiconque remet en cause la version officielle est un « conspirationniste ».
Nous sommes le 19 mars. La France est encore sous le choc du meurtre de trois militaires à Montauban quand un homme, baptisé le "tueur au scooter" par la presse, tue trois enfants et un adulte devant une école juive de Toulouse. Le nom de Merah n'est pas encore apparu, les médias véhiculant encore la thèse d'un tueur néonazi. Quelques heures à peine après le drame, Philippe Poutou, alors candidat NPA à la présidentielle, déclare : "Ça a l'air d'être un fou, mais ce n'est peut-être pas un hasard si ça arrive en pleine campagne. Il y a peut-être un calcul politique derrière pour faire diversion par rapport à la crise." Le NPA se désolidarise aussitôt de cette sortie hasardeuse. Les germes du complot, eux, ne tarderont pas à s'épanouir sur Internet.
Apparemment, quiconque - même des hommes politiques respectables - doute de la version officielle est un « illuminé conspirationniste ». Dans son argumentation, l'auteur « omet » d'emblée les faits. Il affirme que le nom de Merah n'est pas encore apparu au moment de la fusillade de l'école juive le 19 mars. Or selon Libération (ainsi que le journal de France 2 du 22 mars) :
La traque pour rattraper l'auteur présumé des sept «assassinats en relation avec une entreprise terroriste» de militaires, d'enfants et d'un professeur juifs, s'est mise sur les rails après la tuerie contre les parachutistes de Montauban, le 15 mars. Le lendemain, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a sorti «deux listes de quinze noms» d'extrémistes de droite et d'islamistes de la région. Parmi eux, Mohamed Merah, «repéré pour deux séjours d'entraînement en Afghanistan en 2010 et au Pakistan en 2011», selon un officier de renseignement [...]
Ainsi, le 16 mars, les autorités françaises avaient en leur possession une liste de 15 suspects sur laquelle figurait le nom de Merah. Nul doute que son nom n'aurait pas manqué de les interpeler, étant donné que Merah était un informateur de longue date des services secrets.
De l'innocence de Merah à la culpabilité d'Israël

Ils sont rapidement relayés sur des sites "spécialisés" comme Sott.net, le Réseau Voltaire, Mecanopolis, Oulala.net ou Legrandsoir.info. Avec l'identification de Merah, ce n'est plus tant sur le "timing" politique que sur l'identité du tueur, que portent désormais les soupçons de manipulation.

Pour Sott.net, un réseau de sites multilingue qui occupe une place de choix dans la complosphère, l'affaire est entendue : Merah est "innocent". La "démonstration", truffée de contrevérités, se nourrit des nombreuses zones d'ombre de l'affaire (récits contradictoires de l'assaut, nature exacte des relations entre Merah et les services secrets, etc.) pour aboutir à une conclusion lapidaire : le jeune homme a été manipulé par les services de renseignement avant d'être exécuté.
Ici, le journaliste du Monde chosit de mettre des mots dans ma bouche. À aucun moment Sott.net n'a prétendu que l'affaire était « entendue ». Nous avons simplement affirmé que, d'après les preuves disponibles, quelque chose clochait sérieusement dans la version officielle, et nous avons proposé des version alternatives plausibles à l'affaire, des versions qui collaient mieux aux preuves. À aucun moment Sott.net n'a dit que Merah était blanc comme neige, mais que, s'il était impliqué, c'était très probablement en tant qu'informateur des services secrets.
Il faut lire l'exposé jusqu'à son terme pour comprendre l'arrière-fond idéologique qui sous-tend cette thèse : "Les véritables cerveaux du terrorisme à l'échelle mondiale" sont... "les Israéliens". Sous l'article, un texte intitulé "Comment le monde va finir en 2012" nous explique "que la mise en place finale du Nouvel ordre mondial fasciste et totalitaire aura lieu cette année".
Encore d'autres mensonges du Monde. À aucun moment dans la série d'articles traitant de l'affaire Merah sur Sott.net, nous n'avons dit que « les véritables cerveaux du terrorisme à l'échelle mondiale » étaient... « les Israéliens ». Quant à notre analyse concernant la véritable signification de 2012, nous la maintenons plus que jamais.
"L'idéologie conspirationniste pense que tout est complot, qu'il y a un complot mondial. Elle recycle les vieux thèmes anti-judéo-maçonniques, l'idée d'un sionisme international tentaculaire", explique Rudy Reichstadt, fondateur de Conspiracy Watch, site qui se décrit comme un "observatoire du conspirationnisme et des théories du complot". "La complosphère est une galaxie rouge/brune, qui s'agrège de l'extrême gauche à l'extrême droite autour d'un fond idéologique anti-impérialiste". Une collusion illustrée récemment par le cas René Balme, candidat du Front de gauche aux législatives qui hébergeait sur son site, Oulala.net, des textes d'extrême droite, antisémites et complotistes.
Et maintenant, le journaliste du Monde fait appel à un suiveur autoritariste RWA [Right Wing Authoritarian] pour venir nous expliquer ce que sont les « conspirationnistes » : « L'idéologie conspirationniste pense que tout est complot ». Une généralisation aussi grotesque mérite à peine une réponse. Je veux dire, si je remets en cause, disons, la version officielle des attentats du 11 septembre ou l'affaire Merah, cela veut dire que je pense que mon chat veut m'assassiner ? Si je remets en cause la version officielle du gouvernement concernant n'importe quel événement majeur, cela fait de moi un antisémite ?
Merah, Ben Laden, DSK, 11-Septembre...

L'idéologie conspirationniste se signale par une approche systématique, quasi obsessionnelle, qui tend à tisser un lien invisible entre certains grands événements de l'histoire récente au service d'une même vision du monde.
Encore une affirmation absurde. Ceux qui mettent en avant l'idée que des gouvernements & co sont impliqués dans des complots fondent généralement leur opinion sur des preuves raisonnablement concrètes et des faits historiques avérés. La différence entre ceux qui ont tendance à croire que les gouvernements et autres « pouvoirs » en place peuvent être impliqués ou sont impliqués dans des complots et ceux qui croient que les gouvernements ne feraient jamais une chose pareille est que ces derniers se rangent dans la catégorie des « suiveurs autoritaristes », des gens qui éprouvent un certain malaise à l'idée de contempler sérieusement l'idée (et les preuves) selon lesquelles les autorités établies auraient des inclinations criminelles. Ce genre de personnes a donc tendance à accepter, à priori, l'idée que les gouvernements disent la vérité.
Sur Mecanopolis, Hani Ramadan, le frère de Tariq, défend ainsi la thèse d'un attentat sous fausse bannière, destiné à faire monter l'islamophobie, qu'il met en relation avec la mort de Ben Laden et les attentats du 11-Septembre : "A propos de Mohamed Merah, nous pouvons être sûrs qu'il est l'auteur des crimes de Toulouse et de Montauban. Du moins, aussi sûrs que nous avons la certitude que le corps de Ben Laden gît au fond des mers, écrit le directeur du Centre islamique de Genève. Comment ne pas ressentir un malaise devant la version officielle des faits, en cette période électorale ? Comment ne pas faire la comparaison avec le 11-Septembre ?"

"La complosphère s'est engouffrée dans cette affaire avec sa célérité habituelle, dès les premiers jours, comme pour le 11-Septembre, la mort de Ben Laden ou l'affaire DSK", constate Rudy Reichstadt. Dernier exemple en date de ce complotisme systémique, le réalisateur Mathieu Kassovitz, qui avait déjà publiquement mis en cause la version officielle du 11-Septembre, s'est fendu, la semaine dernière, d'un tweet dubitatif (supprimé depuis) sur la culpabilité de Mohamed Merah :

Image
Mathieu Kassovitz est un réalisateur renommé, et les questions qu'il soulève ci-dessus sont tout à fait sensées. Pourtant, pour Le Monde, le simple fait qu'il pose ce genre de questions le relègue au rang des extrémistes illuminés.
Parole officielle contre source alternative : qui croire ?

Mohamed Merah ne sera jamais jugé, et rien n'interdit de s'interroger sur les innombrables questions laissées ouvertes par cette affaire complexe et par les lenteurs de l'enquête. "Toute thèse alternative n'est pas délirante, remarque le sociologue Pascal Froissart, auteur de La rumeur. Histoire et fantasmes. L'appareil d'Etat nous a déjà abondamment menti par le passé - Tchernobyl, la maladie de Mitterrand, etc.. Le doute est plutôt sain."

Ce tweet est néanmoins révélateur de la mécanique conspirationniste. A partir de "zones d'ombre", le complotiste remonte un fil qui le conduit irrésistiblement à rejeter en bloc la version officielle. On ne sait pas tout, c'est donc qu'il y a complot.
Précisément. Le fait même qu'il existe des « zones d'ombre » et que les autorités établies refusent de divulguer les informations qui permettraient d'éclairer ces « zones d'ombre » signifie qu'il est parfaitement rationnel de conclure que la version officielle devrait être rejetée.
La prise de position de Mathieu Kassovitz fait suite à la publication, mardi 12 juin, par le quotidien algérien arabophone Echourouk, de la traduction en arabe des propos qu'aurait tenus Merah dans deux vidéos tournées durant l'assaut du RAID. Selon la transcription en français du contenu supposé de ces vidéos, le jeune homme aurait découvert peu avant de mourir qu'il avait été manipulé par les services secrets. "Je suis innocent", affirme-t-il, selon la transcription.

Personne n'a jamais vu ces vidéos. La justice française les réclame, jusqu'ici en vain. Les enquêteurs ont fait part de leurs "sérieux doutes" concernant leur existence, tout comme le parquet de Paris, au motif qu'aucun matériel d'enregistrement n'a été retrouvé dans l'appartement de Merah.

Sur les sites conspirationnistes, le contenu de ces vidéos fantômes, relayé par un journal proche des services secrets algériens, eux-mêmes réputés pour leur art consommé de la manipulation, est pourtant cité comme une preuve matérielle du complot. L'autorité de la source importe peu : la version officielle étant par nature mensongère, seules les assertions émanant de la marge sont à même de faire éclater la vérité.

Et quand bien même ces vidéos n'existeraient pas ou seraient des faux, l'objectif serait atteint, explique Rudy Reichstadt : "Il est moins important de convaincre que d'instiller le doute. Dans dix ans, on aura oublié les détails, on retiendra la suspicion."
Si ces vidéos existent, alors elles sont en possession des autorités françaises. Si elles n'existent pas, c'est pour le moins sans conséquence, puisque les prétendus propos de Merah sur son innocence ne sont pas l'une des raisons majeures pour lesquelles toute personne sensée et rationnelle devrait douter de la version officielle. Puisqu'on parle d'enregistrements, la version officielle prétend que la police française, lors du siège de l'appartement de Merah, a engagé un dialogue prolongé avec lui et que ces conversations ont été enregistrées. Est-ce trop demander que de réclamer la diffusion de ces enregistrements ? En écrivant sur l'affaire Merah, le but de Sott.net n'était pas d'instiller le doute, mais de mettre les faits (et les incohérences de l'affaire) à disposition du public, afin qu'il en arrive à ses propres conclusions.
Le rôle des médias : le diable est dans le détail

Une suspicion entretenue par les médias (vidéo ci-dessous) et les déclarations d'anciens patrons du renseignement, comme Yves Bonnet, ancien responsable de la DST, qui a laissé entendre, sans preuve, que Merah avait pu être un indicateur de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). L'enquête n'a pas encore permis de faire la lumière sur ce point : une carence d'information dont s'emparent les tenants des thèses alternatives.
L'affirmation selon laquelle Merah était un indicateur de la DCRI n'est pas fondée sur les allégations d'un seul homme, mais sur une foule de preuves qui suggèrent fortement que Merah était effectivement un informateur des services secrets.
A l'heure d'Internet et des chaînes d'information en continu, affirmations contradictoires non recoupées et contrevérités s'accumulent, semant la confusion dans les esprits. Sur Sott.net, les approximations des médias ne sont pas le signe d'un manque de rigueur, mais la preuve qu'on nous ment :

"Un témoin oculaire des meurtres de Montauban [a] déclaré de façon claire que le tireur, qui portait toujours un casque de moto, était 'corpulent'. [...] Ainsi, conclut l'auteur, il y a des chances que Mohamed Merah ne soit pas l'assassin de Toulouse." Ce lien de cause à effet sur la foi d'un unique témoignage est développé dans cette vidéo.

"Les témoins disent n'importe quoi, comme souvent dans ce genre d'affaires. Le témoignage de cette dame, Martine, n'a jamais été pris au sérieux par les enquêteurs. Mais il faut alimenter l'antenne, et cela créé de la confusion dans l'opinion", explique Frédéric Helbert, journaliste indépendant, qui décrypte sur son blog les développements de l'affaire depuis le premier jour.
Tout d'abord, les « approximations » des médias au moment ou immédiatement après un événement majeur ne sont pas par définition le signe d'un « manque de rigueur » ; ces comptes-rendus proviennent souvent d'informations officielles. Dans l'affaire Merah, la plupart des informations qui sont sorties au moment du « siège » de l'appartement de Merah et immédiatement après ont été fournies par le ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Donc, sommes-nous censés conclure que M. Guéant n'a pas dit ce qu'il a dit, ou encore qu'il a menti ? Si Merah n'a pas été abattu par un sniper après avoir sauté par la fenêtre sur le balcon de son appartement, pourquoi Guéant a-t-il affirmé cela ? Pourquoi le patron du RAID, Amaury de Hauteclocque, a-t-il dit que Merah avait été abattu par un sniper positionné à l'extérieur sur le balcon ? Où ces représentants de l'autorité ont-ils obtenu ces informations, et pourquoi étaient-ils confiants au point de faire ces déclarations à la presse, si, comme on nous le dit maintenant, Merah s'est en fait pris une trentaine de balles dans son appartement, avant d'y être retrouvé mort ? Comment peuvent-ils s'être trompés à ce point ? Et pourquoi n'ont-ils pas expliqué les divergences majeures entre ces deux versions ?
"Les conspirationnistes discréditent par avance toute parole officielle, tout média officiel, alors qu'ils ne se nourrissent eux-mêmes que des informations diffusées par ces canaux, explique Rudy Reichstadt. Ils n'enquêtent pas, ils collationnent ce qu'ils trouvent et le mettent en scène de façon plausible. Ils agissent par sous-entendus, pointent les zones d'ombre comme autant de preuves et excluent de leur démonstration ce qui les gêne. Il arrive bien sûr que la parole officielle mente, mais les discours conspirationnistes sont eux-mêmes mensongers et manipulatoires."
Je ne peux pas parler pour tous les « conspirationnistes », mais les chroniqueurs et contributeurs de Sott.net ne discréditent pas « par avance toute parole officielle ou média officiel ». Nous mettons simplement en doute les versions officielles lorsqu'il apparaît clair qu'elles ne collent pas aux faits disponibles. Pour le journaliste du Monde et les sites comme « Conspiracy Watch », cependant, ce genre de questionnement, reflet d'un esprit ouvert, est le signe d'une espèce de trouble mental. La vérité est que, comme je l'ai déjà fait remarquer plus haut, ces gens sont par nature incapables de remettre en question les autorités établies parce qu'ils se rangent dans la catégorie des « Suiveurs autoritaristes » - des gens qui, n'ayant aucun sens inné de leur propre autorité, la projettent à l'extérieur, sur l'autorité établie du moment. Par essence, ils croient fermement en la bienveillance des autorités, sur lesquelles ils font reposer leur stabilité et leur confort.
Le récit de l'assaut : une version officielle défaillante

Cette suspicion à l'égard de la parole officielle a été largement renforcée par la fantastique confusion qui règne depuis le début de cette affaire. "On est dans une histoire où tous les officiels mentent. La communication est totalement verrouillée. C'est du pain béni pour les complotistes !", résume Frédéric Helbert.

La description tout en non-dits de l'assaut faite au Monde.fr par le patron du RAID, qui coïncide avec son rapport complet de l'opération, est abondamment commentée sur certains sites. Amaury de Hauteclocque y déclare : "Il est venu à l'engagement contre nous avec trois Colt 45 de calibre 11.43 alors que nous avions alors engagé uniquement des armes non-létales. J'avais donné l'ordre de ne riposter qu'avec des grenades susceptibles de le choquer. Mais il a progressé dans l'appartement et il a tenté d'abattre mes hommes qui étaient placés en protection sur le balcon. C'est probablement l'un des snipers qui l'a alors touché."

A aucun moment le patron du RAID n'évoque des tirs de la part de ses hommes engagés dans l'appartement laissant entendre, par omission ("alors que nous avions alors engagé..."), qu'ils étaient équipés d'armes non-létales. En réalité, Merah n'avait qu'un seul Colt, et non trois, et les premiers intervenants du RAID ont tiré à balles réelles lorsqu'il a surgi de la salle de bain en faisant feu dans leur direction, racontent Eric Pelletier et Jean-Marie Pontaut dans Affaire Merah, l'enquête. Au terme de près de six minutes de fusillade, la PJ retrouvera 69 douilles de balles 11.43 tirées par le Colt de Merah, qui avait plusieurs chargeurs, et près de 300 appartenant aux policiers.

Des images de France 2 montrent des impacts de balles sur un mur de l'appartement de Mohamed Merah. | AFP/-
Sott.net s'est aussitôt engouffré dans les failles du récit du patron du RAID, en y ajoutant plusieurs erreurs factuelles : "Aucune de ces balles n'a atteint Merah ni un seul membre du groupe d'assaut [...] On peut supposer que les policiers susmentionnés sont tombés en état de choc lorsqu'ils ont réalisé que trois cents cartouches tirées avec des armes automatiques dans un 38 m2 avaient toutes manqué leur cible." Cette affirmation est fausse : près de trente impacts de balles ont été retrouvés sur le corps de Merah, qui portait un gilet de protection, et plusieurs policiers ont été blessés durant l'opération.
Ce que le journaliste du Monde omet de mentionner ici, c'est que l'affirmation ci-dessus (et d'autres affirmations sur Sott.net) a été faite le jour même du siège de l'appartement de Merah et se fondait sur les déclarations du ministère de l'Intérieur et du patron du RAID. Peut-être le journaliste du Monde pourrait-il tenter d'expliquer lui-même les différences majeures entre le premier compte-rendu fourni par les autorités concernant ce qui s'est passé dans l'appartement de Merah et la version plus tardive, extrêmement différente, fournie par ces mêmes sources ?
"Le récit officiel de l'assaut est incohérent, estime Frédéric Helbert. Six à sept minutes de mitraillage dans 40 m2, 300 cartouches, 28 impacts de balles sur le corps de Merah, c'est difficile à croire. J'ai moi-même du mal à comprendre. Rien n'a été clairement expliqué, et ça ressort comme une hydre. Quand on ne sait pas, on invente. A quoi il faut ajouter que la mère de Merah n'a pas pu voir le corps de son fils, qui était dans un cercueil plombé. Et ça, les complotistes adorent..."
Ici, à Sott.net, nous « n'adorons » pas le fait que les autorités françaises ont refusé d'expliquer les incohérences majeures dans la version officielle et de nous dire ce qui s'est véritablement passé. Au contraire, nous en sommes effarés. Franchement, ils PEUVENT bien nous dire ce qui s'est réellement passé et nous expliquer comment le responsable du RAID et le ministre de l'Intérieur (qui était sur les lieux durant presque toute la durée du siège) ont pu faire des déclarations erronées à la presse ? Nous « n'inventons » pas non plus, lorsqu'il y a « carence d'informations » : nous utilisons les informations disponibles et les récits contradictoires des sources officielles, pour présenter un scénario plausible qui fait le plus sens. Nous nous trouvons dans la position de DEVOIR le faire, parce que les autorités françaises ont, pour quelque raison, renoncé à la responsabilité de fournir une explication raisonnable et sensée aux événements entourant les tueries de Montauban et de Toulouse et à la mort de Mohamed Merah.
[...] "Le doute est sain en démocratie, admet Rudy Reichstadt. Le problème, c'est que les conspirationnistes se méfient de tout, sauf de leur propre méfiance." Prisonniers de leur idéologie ou de leur réflexes défensifs, "ils sont le contraire d'un esprit libre".
Dans leur aptitude à se libérer de la croyance automatique selon laquelle des responsables gouvernementaux ne mentiraient ni ne s'adonneraient jamais à des activités criminelles, et leur détermination à souligner les incohérences dans les versions officielles concernant des événements majeurs, les « conspirationnistes » sont peut-être le dernier bastion de la véritable pensée libre au sein de la société française et occidentale en général, et la dernière ligne de défense contre le rouleau compresseur des super-gouvernements occidentaux, qui tentent de manipuler le monde entier pour lui faire croire que bombarder d'autres pays jusqu'à l'Âge de pierre et assassiner des millions de civils est l'essence même de la « liberté et de la démocratie ».

Les individus comme le journaliste du Monde qui a rédigé ce médiocre article à sensation, ou comme le fondateur extrémiste de « Conspiracy Watch », sont paralysés par leur incapacité à voir ce qui se passe réellement dans notre monde, parce qu'ils croient fermement en la bienveillance innée d'une figure d'autorité extérieure qui agirait à leur place, vu qu'ils sont dépourvus du moindre sens de souveraineté personnelle. Bizarrement, toutefois, ce genre de personnes n'auraient aucun problème à accepter l'idée que des personnes lambda (non détentrices d'une quelconque autorité) puissent agir, et agissent de façon criminelle. Par exemple, si je suggérais au journaliste du Monde ou au fondateur de « Conspiracy Watch » que beaucoup de gens incendient (ou dégradent) leur propre propriété et accusent un tiers afin de toucher l'argent de l'assurance (pour ne citer qu'un exemple de mobile), ils seraient immédiatement d'accord avec moi. Si je leur présentais un cas particulier où les preuves suggèrent fortement qu'une personne s'est adonnée à ce type d'activité criminelle, mais que les preuves ne sont pas assez solides pour la faire inculper, ils n'auraient probablement aucun problème à accepter la probabilité que la personne soit coupable. Pourtant, transférez précisément cette dynamique à un gouvernement (ou autre figure d'autorité) et ils rechigneront à cette idée et inventeront toutes sortes de raisons absurdes visant à me faire passer pour un « cinglé de conspirationniste »

En bref, c'est le problème majeur de notre monde actuel. Le problème, ce n'est pas seulement le fait que des gouvernements corrompus s'adonnent à des activités criminelles ; le problème, c'est aussi la multitude de Suiveurs autoritaristes qui sont prêts à toutes les contorsions possibles pour balayer les preuves indiquant que les « leaders » en qui ils placent toute leur confiance sont, en réalité, une cabale de psychopathes génétiques qui ont utilisé et continuent à utiliser le « big lie » [le grand mensonge] pour systématiquement détruire la société et les vies humaines.

Je vous laisse, cher lecteur (et, qui sait, peut-être aussi notre journaliste du Monde) sur ces quelques mots de Richard Dolan, qui révèlent la bouffonnerie de ceux qui suggèrent que les complots n'existent pas ou que les « conspirationnistes » souffrent de quelque trouble mental parce qu'ils pointent du doigt ce qui devrait paraître évident à n'importe quel être humain doué de raison.
D'un point de vue historique, la seule réalité est celle du complot. La dissimulation, le secret, la richesse et l'indépendance sont synonymes de pouvoir ; la tromperie est l'élément clé de l'art de la guerre (l'instrument des élites au pouvoir), et lorsque la victoire est tout ce qui importe, la moralité traditionnelle des gens ordinaires devient une entrave. La dissimulation découle d'un élément omniprésent à la base de l'existence au sein de notre monde, à savoir que ceux qui sont en haut de l'échelle prendront toujours toutes les mesures - quelles qu'elles soient - nécessaires au maintien du statu quo.

(...)

La seule étiquette [de complot] déclenche un rejet automatique, comme si personne n'agissait jamais secrètement. Mettons quelque peu cette question en perspective, et apportons-y un peu de bon sens. Les États-Unis sont constitués de grands organismes - de corporations, de bureaucraties, de « groupes d'intérêt », et ainsi de suite - organismes qui sont par essence comploteurs. C'est-à-dire qu'ils sont hiérarchiques, les décisions importantes y sont prises en secret par quelques dirigeants majeurs qui n'hésiteraient pas à mentir sur leurs activités. Telle est la nature du comportement propre à ces organismes. Le « complot », pris dans ce sens-clé, est monnaie courante sur toute la planète. Au sein des appareils militaires et des services secrets du monde entier, cette tendance est amplifiée au plus haut point.

Au cours des années 1940, [...] l'armée et ses scientifiques développèrent les armes les plus terrifiantes au monde dans le secret le plus total... Quiconque a vécu dans une société répressive sait que la manipulation officielle de la vérité est un fait quotidien. Mais les sociétés ont leurs élites et leurs petites gens. De tout temps et en tout lieu, c'est l'élite qui gouverne, et c'est l'élite qui exerce une influence dominante sur ce que l'on pourrait appeler la culture officielle. [...] Toutes les élites prennent soin de manipuler l'information publique pour maintenir au pouvoir les structures existantes. C'est une vieille méthode. Les États-Unis sont théoriquement une république et une société libre, mais en réalité, c'est un empire et une oligarchie, vaguement consciente de sa propre oppression, à l'intérieur comme à l'extérieur.

J'ai utilisé le terme « État de sécurité nationale » pour décrire ses structures de pouvoir. C'est une façon appropriée d'évoquer les communautés de l'armée et des services secrets, tout comme les milieux qui s'en nourrissent, comme les fournisseurs de la défense et autres entités clandestines nébuleuses. Ses caractéristiques fondamentales sont la dissimulation, la richesse, l'indépendance, le pouvoir et la duplicité. Presque tout ce qui fut entrepris d'important par la communauté de l'armée et des services secrets des États-Unis dans les cinquante dernières années le fut en secret. Le projet de construction d'une arme atomique, mieux connu sous le nom de Projet Manhattan, reste le grand modèle de toutes les activités qui suivirent. Pendant plus de deux ans, pas un seul membre du Congrès ne fut même tenu informé de ce projet, bien que son coût total excédât deux milliards de dollars. Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, d'autres projets importants tels que le développement d'armes biologiques, l'immigration de scientifiques nazis, les expériences terminales de manipulation mentale, l'interception à l'échelle nationale du courrier et des transmissions télégraphiques d'une population inconsciente, l'infiltration des médias et des universités, les coups d'État secrets, les guerres secrètes et les assassinats, furent non seulement tous tenus éloignés des regards du public étasunien, mais aussi de la plupart des membres du Congrès et de plusieurs présidents.

À vrai dire, parmi les agences de renseignements les plus puissantes, plusieurs furent elles-mêmes mises en place secrètement, inconnues du public ou du Congrès pendant des années. Depuis les années quarante, les organes de la Défense et des services secrets étasuniens ont plus d'argent à leur disposition que la plupart des pays. En plus des dollars officiels, une grande partie de l'argent est de source inconnue. Depuis ses débuts, la CIA est engagée dans une série « d'affaires » officieuses qui ont généré d'énormes sommes d'argent liquide. Les relations entre la CIA et le crime global organisé (et donc, de facto, avec le commerce international des narcotiques) sont abondamment prouvées et documentées depuis des années. Une grande partie des investissements initiaux nécessaires au fonctionnement de la communauté des services secrets étasuniens fut fournie par des familles étasuniennes très puissantes et reconnues, qui ont depuis longtemps un intérêt à financer des opérations de sécurité nationale jugées nécessaires à leurs intérêts. En théorie, il existe une surveillance civile des organes de sécurité nationale étasuniens. Le président est le commandant suprême des armées. Le Congrès a un droit de regard officiel sur la CIA. Le FBI doit répondre devant le ministère de la Justice. En pratique, tout ceci est peu appliqué. L'une des raisons en est la dissimulation. [...]

Un exemple glaçant d'une telle indépendance eut lieu au cours des années 1950, lorsque le président EISENHOWER perdit véritablement le contrôle de l'arsenal nucléaire. La situation se détériora à un point tel qu'au cours de ses deux dernières années de mandat, EISENHOWER demanda à plusieurs reprises une audience au chef du Strategic Air Command afin de connaître le plan de représailles nucléaires des États-Unis. Ce qu'il apprit finalement en 1960, la dernière année de son mandat, l'horrifia : la moitié de l'hémisphère nord serait anéantie ! Si un héros militaire révéré tel qu'EISENHOWER n'a pu contrôler l'arsenal nucléaire étasunien, ni obtenir une réponse franche de la part du Pentagone, comment diable les présidents TRUMAN, KENNEDY, JOHNSON ou NIXON l'auraient-ils pu sur des questions comparables ? La dissimulation, la richesse et l'indépendance sont synonymes de pouvoir. Au fil des années, l'État de sécurité nationale a accédé à la technologie la plus sophistiquée au monde, barré l'accès de milliers d'hectares de territoire au public, obtenu la possibilité illimitée d'espionner à l'intérieur et à l'extérieur des frontières étasuniennes, mené des actions officielles ou clandestines contre d'autres nations, et poursuivi des guerres sans subir de critique sérieuse de la part des médias. Au niveau national, il garde sous influence les élus et les groupes qui espèrent obtenir quelques milliards de dollars du budget de la défense.

La dissimulation est l'élément clé de l'art de la guerre, et lorsque la victoire est tout ce qui importe, la moralité traditionnelle des gens ordinaires devient une entrave. Ensemble, les exemples de duplicité officielle forment un tout quasiment homogène. Ils incluent des morceaux de choix tels que la crise « bidon » de la guerre de 1948, le « missile gap » imaginaire rapporté par l'armée de l'air au cours des années 1950, les incidents soigneusement orchestrés menant au vote de la Résolution sur le golfe du Tonkin... La dissimulation découle d'un élément omniprésent à la base de l'existence au sein de notre monde, à savoir que ceux qui sont en haut de l'échelle prendront toujours toutes les mesures - quelles qu'elles soient - nécessaires au maintien du statu quo. Les sceptiques demandent souvent : « Pensez-vous vraiment que le gouvernement pourrait cacher [quoi que ce soit] pendant si longtemps ? » La question elle-même reflète l'ignorance de la réalité, qui est que la dissimulation est monnaie courante au sein de l'État de sécurité nationale. Cependant, la réponse est en fait oui, et non. « Oui », dans le sens où les opérations de dissimulation sont le modus operandi habituel - elles sont souvent ignorées du public pendant des décennies, et révélées au grand jour par le simple fait du hasard. Mais aussi « non », dans la mesure où [...] il y a fuite d'informations dès le départ. Il est impossible de tout verrouiller complètement.

La clé est de neutraliser et discréditer les informations gênantes, parfois par un démenti officiel, parfois en utilisant les médias par personnes interposées. Il est peu probable que les preuves [d'un complot] révélées par des échelons inférieurs [c-à-d. des individus lambdas] survivent au conflit inévitable avec la culture officielle. Et la reconnaissance de la réalité des [complots] n'aura lieu que lorsque la culture officielle la jugera digne d'intérêt ou nécessaire.

C'est un phénomène à grande échelle impliquant de nombreuses personnes, générant des niveaux d'intérêt élevés, prenant place dans le secret le plus total ou presque, pour des objectifs inconnus, sous la houlette d'agences inconnues jouissant d'un accès à des ressources et à une technologie phénoménales. Une perspective qui devrait donner à réfléchir.

[Richard Dolan - UFOs and the National Security State]