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La solitude progresse dans l'hexagone à tel point qu'on parle d'un blues national. Selon une étude de la Fondation de France, 11% de la population s'estiment en situation d'isolement. La solitude touche ainsi 4,8 millions de personnes, soit 20% d'augmentation en deux ans seulement. Et les « relativement jeunes » sont désormais touchés de plein fouet : Près de 10% des 30-39 ans souffrent de la solitude, notamment en raison de la précarité de l'emploi.

Fondation de France (FdF) vient de mener une enquête auprès de 2200 personnes afin de mieux cerner les différents aspects du phénomène de solitude dans l'hexagone. Alors qu'on a pu entendre plus tôt dans l'année l'album de Catherine Major "Le désert des solitudes", c'est à présent dans le rapport de la Fondation de France qu'on constate l'isolement : Près de cinq millions de personnes « souffrent objectivement de solitude », soit 11% de la population totale. Et l'augmentation, de 20%, est spectaculaire depuis la dernière étude du genre menée en 2010. Il y a deux ans, 3% des trentenaires étaient isolés : Ils sont désormais près d'un sur dix. Quant aux plus de 75 ans, habituellement les plus exposés à la solitude, leur sentiment d'isolement s'est encore renforcé : Ils étaient 16% dans ce cas en 2010, ils sont désormais 21% cette année.

L'arrivée en situation de solitude ne se fait plus uniquement selon les schémas habituels, jadis dévolus aux personnes d'un certain âge, suite à un divorce, le décès d'un proche, la perte d'un emploi ou l'apparition d'une maladie. Le phénomène se généralise et semble toucher toutes les catégories de la population à des degrés divers. Dans l'ensemble, 9% des sondés déclarent se sentir « inutiles » et 21% affirment se sentir seuls. Et ce sentiment d'abandon touche principalement les personnes à faibles revenus (moins de 1000 euros par mois), qui sont 38% à se sentir isolés. Travailler n'est plus suffisant, aujourd'hui, pour tisser des liens ou s'insérer dans la société, et la précarité des contrats y contribue pour beaucoup.

Ce sentiment de mise à l'écart relationnel est dû notamment à l'absence de liens avec les réseaux classiques qui structurent la société : la famille, le travail, les loisirs, les amis et les voisins (d'ailleurs, selon FdF, un français sur deux n'entretient pas de relation avec ses voisins). A noter, selon l'étude, que près d'un quart des personnes isolées (24%) utilisent les réseaux sociaux, comme par exemple Facebook. Les « solitaires » n'étaient que 12% dans cette situation en 2010. Preuve en est que le virtuel ne remplace pas un lien social réel.