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© Archives David Marchon
Le Laboratoire de cognition comparée de la Faculté des sciences à Neuchâtel, vient d'obtenir 1,8 million de francs pour ses recherches en primatologie.
Les moyens de communication des grands singes en milieu sauvage continueront à être étudiés par le primatologue Klaus Zuberbühler, professeur au Laboratoire de cognition comparée de la Faculté des sciences à Neuchâtel. Ce dernier vient d'obtenir 1,8 million de francs de l'European Research Council(ERC).

Cette manne sera utilisée pour poursuivre durant cinq ans ses recherches afin de mieux comprendre la manière dont a évolué le langage des primates - y compris celui des êtres humains, a indiqué aujourd'hui l'Université de Neuchâtel dans un communiqué de presse.

Tous les parents l'ont remarqué: bien avant de savoir parler, les bébés communiquent. La parole n'est qu'une des facettes de la communication qui comprend un certain nombre de processus, comme par exemple le codage, la capacité de compréhension ou de déduction, ou encore la recherche de terrains d'entente. Dépourvu de langage articulé, les grands singes font eux aussi appel à ces processus fondamentaux pour communiquer entre eux. Ils constituent à cet égard un modèle d'investigation idéal pour qui s'intéresse aux origines biologiques du langage.

Usage de différents cris

M. Zuberbühler a étudié des singes en Côte d'Ivoire, puis des chimpanzés en Ouganda durant vingt ans, les traquant micro et caméra au poing. Leurs cris dûment codifiés varient en fonction du message à transmettre.
Selon le primatologue, les chimpanzés émettent par exemple un cri différent suivant la qualité de la nourriture qu'ils trouvent. «Nous enregistrons ces séquences et lorsqu'on les rejoue devant d'autres congénères, ceux-ci parviennent à identifier l'aliment dont il s'agit et vont le chercher à l'endroit où on le trouve habituellement», explique le scientifique.

Les chimpanzés adaptent également leur communication de manière à ce qu'elle soit compréhensible aux individus à qui elle s'adresse. La présence d'un serpent déclenche un cri d'alerte typique. Lorsqu'un chimpanzé expérimenté remarque un serpent, il hurlera plus fort s'il se trouve en compagnie de congénères qui ne connaissent pas cet ennemi. « Ces observations montrent que la capacité à tenir compte du niveau de connaissance de l'audience n'est pas propre aux humains », constate le primatologue.

Chimpanzés et bonobos

Dans ce projet, les chercheurs de l'Université de Neuchâtel étudieront des chimpanzés et des bonobos. Ils s'attacheront tout d'abord à décrire la production des signaux qu'ils soient vocaux ou visuels. La deuxième partie du projet s'intéressera au contenu sémantique, c'est-à-dire à la manière dont les primates parviennent à déduire du sens de ces signaux. En troisième lieu enfin, les chercheurs observeront comment se mettent en place des terrains d'entente entre les individus, soit le rôle du langage dans sa dimension sociale.

Par TBA

Source: ATS