Après avoir passé une bonne période de temps sur la scène de la bataille en Syrie, le journaliste anglais chevronné Robert Fisk, correspondant au Moyen Orient du quotidien britannique The Independent reconnaît la présence intensive d'éléments étrangers dans les rangs de la soi-disant « Armée syrienne libre » (ASL). Au lieu de qualifier cette rébellion armée de « révolution populaire » à la manière de ses collègues occidentaux, et après avoir analysé et témoigné des faits réels sur le terrain, le journaliste anglais utilise désormais le terme de « combattants étrangers », pour qualifier ceux qui combattent le régime en Syrie.


Dans un article intitulé « Armée de rebelles? C'est une bande d'étrangers!", publié jeudi le 23 août dans The Independent, Robert Fisk braque la lumière sur le niveau médiocre de connaissance, de culture, et de la conscience de ces combattants étrangers sur les moindres circonstances du conflit auquel ils participent: le lieu.

« Tu ne vas pas croire ! », s'est exclamé le major Somar de l'armée syrienne régulière en s'adressant au journaliste. « L'un des prisonniers (combattant étranger arrêté) m'a dit qu'il ne savait pas que la Palestine était aussi belle. Il croyait qu'il est en Palestine pour combattre les Israéliens », a écrit Robert Fisk.

Les soldats qui ont parlé à M. Fisk lui ont communiqué leur grande surprise de la présence d'un nombre aussi élevé de combattants étrangers à Alep. « Alep compte cinq millions d'habitants », a confié l'un d'eux au journaliste. « Si l'ennemi était aussi sûr qu'il allait gagner la bataille, il n'aurait pas besoin d'apporter ces combattants étrangers pour y participer. Ils vont perdre », a ajouté le journaliste, citant le soldat syrien.

Selon l'article de l'Independent, Major Somar, qui maitrisait l'anglais, comprenait très bien les dimensions politiques. « Nos frontières avec la Turquie présentent un grand problème. Les frontières doivent être fermées. Cette fermeture doit être coordonnée par les deux gouvernements. Mais le gouvernement turc est du côté de l'ennemi. Erdogan est contre la Syrie », a-t-il expliqué. M. Fisk lui a demandé quelle était sa religion, « une question aussi innocente que toxique en Syrie durant ces jours ». Somar, dont le père était un général, la mère une enseignante et qui pratiquait son anglais en lisant les romans de Dan Browns, a répondu rapidement: « Il ne s'agit pas de l'endroit où tu es né ou de ta religion. Il s'agit de ce que tu as dans la tête. L'Islam est né dans cette région. Ainsi que le Christianisme et le Judaïsme. C'est pourquoi il est de notre devoir de protéger cette terre ».

Dans son article intitulé « Ils nous tirent dessus puis courent se cacher dans les égouts » publié le 21 août, Robert Fisk a dressé l'un des paysages de la bataille en Syrie. « Au moins douze citoyens sont sortis de leurs domiciles, des retraités septuagénaires, des vendeurs et des hommes d'affaires, et ont livré des armes aux troupes syriennes, ignorant qu'un journaliste étranger était en train de les regarder. L'un d'eux m'a dit qu'il a gardé sa maison tandis que des combattants étrangers ont utilisé sa cour extérieure pour tirer sur les soldats de l'armée régulière. Je parle Turque, et la plupart de combattants parlaient Turque. Certains d'eux avaient de longues barbes et des pantalons courts comme les Saoudiens. Ils avaient un étrange accent arabe », a signalé Fisk dans son article citant les citoyens d'Alep.

Dans le même article, Fisk a révélé qu'un grand nombre d'habitants d'Alep lui ont affirmé que « la présence d'hommes armés étrangers dans leurs rues, avec des Syriens venant de la campagne » était une vérité.

Source : The Independent, traduit de l'anglais par moqawama.org