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Une étude menée entre 1997 et 2008 révèle que les hommes et les femmes ne rêveraient pas des mêmes choses durant leur sommeil. De même, les deux sexes ne se souviendraient pas autant des rêves qu'ils ont fait la nuit précédente.

S'il ne se passe bien évidemment pas la même chose dans la tête d'une femme et dans celle d'un homme, cette différence se manifeste aussi pendant le sommeil. C'est du moins ce que suggère une étude menée sur 28.888 personnes âgées de 10 à 80 ans entre 1997 et 2008. En effet, celle-ci indique notamment que les rêves nocturnes marqueraient davantage les femmes que les hommes. Ainsi, dans les résultats recueillis à partir d'un questionnaire en ligne, on retrouve un écart assez constant entre les femmes et les hommes pour ce qui est du souvenir des rêves tout au long de la vie (un point et demi de moins de souvenir de rêve au cours du dernier mois chez les hommes).

Concrètement, l'étude visait en fait à évaluer non seulement l'importance de la mémoire des rêves mais aussi la variété des thèmes oniriques selon l'âge et le sexe. Les données de Toré Nielsen, professeur au Département de psychiatrie de l'Université de Montréal, qui a supervisé l'étude, montrent ainsi que le nombre de rêves diminue avec l'âge. Plus précisément, "ce déclin est précédé, durant l'adolescence, d'une augmentation des rêves dont on se souvient et cette augmentation est plus forte chez les filles. Le déclin débute plus tôt chez les hommes, soit entre 30 et 40 ans, alors qu'il survient dans la quarantaine chez les femmes et il est alors plus abrupt", indique le scientifique cité par Techno-science

Un aspect émotif lié aux rêves

Néanmoins, Toré Nielsen souligne qu'"il n'y a pas de différence dans la durée du sommeil paradoxal entre les hommes et les femmes ou, s'il en existe une, elle n'est pas assez significative pour expliquer cet écart. Il y a par ailleurs une diminution du sommeil paradoxal avec l'âge, mais là encore cette diminution est trop faible pour expliquer le déclin du souvenir des rêves dans la trentaine". Pour lui, la différence s'expliquerait donc plutôt par l'aspect émotif lié aux rêves. En effet, "les rêves ont une fonction de régulation des émotions et ils jouent un rôle dans la mémoire émotive". Aussi, "les émotions peuvent être plus vives à l'adolescence et les systèmes neuronaux qui les engendrent présentent des différences selon le sexe".

De plus, les femmes manifesteraient davantage d'intérêt que les hommes pour les rêves. Elles sont d'ailleurs beaucoup plus nombreuses à participer à des travaux sur le sujet (en l'occurrence, 23.000 des 28.888 participants à cette étude étaient des femmes). Les femmes se voient poursuivies dans 83% des cas contre 78% des hommes. Les rêves à contenu sexuel viennent en deuxième place chez les femmes (73%) mais au premier rang chez les hommes (85%). Les rêves de chute eux, occupent la troisième place, sans différence de sexe.

Des contenus négatifs plus fréquents chez les femmes

En outre, les femmes rêvent plus souvent qu'une personne vivante est morte, qu'elles échouent à un examen, qu'elles sont paralysées par la peur et elles sont plus souvent aux prises avec des insectes, des araignées et des serpents. Les hommes quant à eux sont plus nombreux à rêver qu'ils volent ou flottent dans les airs, qu'ils ont des pouvoirs magiques ou des facultés mentales supérieures, qu'ils assassinent quelqu'un, qu'ils voyagent vers d'autres planètes et rencontrent des extraterrestres.

Si ces résultats paraissent étonnantes, le chercheur précise : "les contenus négatifs sont plus fréquents chez les femmes que chez les hommes. Cela concorde avec le fait que les femmes, surtout à l'adolescence, rapportent plus de cauchemars que les hommes". Pour les deux sexes, c'est entre 20 et 30 ans que ces contenus négatifs sont les plus nombreux. "C'est aussi dans cette tranche d'âge que l'indice de bonheur est à son plus bas", note le chercheur qui établit ainsi un sérieux lien entre rêves et vécu émotif.