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Alors que l'opération de sensibilisation au dépistage du cancer du sein (Octobre rose) commence aujourd'hui, UFC-Que Choisir fait ressurgir la polémique sur le risque de sur-diagnostic. L'association a réclamé mardi le réexamen des données scientifiques sur le dépistage organisé du cancer du sein.

C'est l'éternel problème du dépistage avec ses risques et ses avantages. Comme d'autres dépistages de cancers, celui du cancer du sein est remis en cause depuis 10 ans déjà. A l'occasion du lancement mercredi d'Octobre rose qui sensibilise au dépistage organisé par le ministère de la santé, l'association Union Fédérale des Consommateurs - Que Choisir (UFC - Que choisir) demande le réexamen des données scientifiques sur le dépistage du cancer du sein par un collège d'experts indépendants.

« Face aux données remettant en cause les bases du dépistage du cancer du sein qui se sont accumulées au cours de ces dernières années, il est temps que les pouvoirs publics reconsidèrent l'ensemble du dossier avec un œil neuf » écrit le mensuel de l'association, à la veille du lancement d'Octobre rose.

"Donner une information complète et loyale aux femmes"

Lancé en 2004, le dépistage organisé invite toutes les femmes de 50 à 74 ans à se rendre tous les deux ans chez un radiologue agréé pour une mammographie et un examen clinique des seins pris en charge à 100% par l'Assurance maladie. "Il ne s'agit pas de diaboliser cet examen, mais de donner une information complète et loyale aux femmes appelées à y souscrire", relève l'UFC-Que Choisir dans un éditorial.

Parmi les inconvénients du dépistage organisé figure essentiellement le risque de surdiagnostic, c'est à dire la détection de petites tumeurs cancéreuses qui dans certains cas ne vont pas évoluer vers la maladie. Le sur-diagnostic peut conduire à des examens et des traitements inutiles, dont certains "lourds de conséquences" (ablation, radiothérapie, chimiothérapie). Des doutes sont également apparus sur le taux de mortalité des femmes dépistées qui ne serait guère différent de celui des autres femmes, selon une étude de la Collaboration Cochrane.

Marisol Touraine : « personne ne met en cause la pertinence du dépistage »

Plusieurs pays ont décidé en conséquence de réviser les informations délivrées aux femmes sur le dépistage. La Grande-Bretagne a confié l'an dernier à cinq chercheurs indépendants le soin "de remettre à plat les données scientifiques sur le sujet", relève l'UFC-Que Choisir qui demande à la France d'en faire autant. "Dans l'attente du rendu de ce collège d'experts, la campagne actuelle doit être révisée", ajoute l'association.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé mercredi que la réflexion sur le dépistage du cancer du sein était engagée "en France comme dans d'autres pays". Cependant, elle a ajouté que "personne ne met en cause sa pertinence". La ministre de la Santé souhaite l'accélération des études menées, notamment celles par l'Institut national du cancer.

Aujourd'hui plus de 65% des femmes âgées de 50 à 75 ans se font dépister pour le cancer du sein.