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Jusqu'à la moitié des années 80, l'installation de paratonnerres radioactifs était monnaie courante. Plusieurs dizaines de milliers sont encore en utilisation dans les maisons et immeubles en France très souvent dans l'ignorance totale des habitants. Ces paratonnerre souvent très anciens sont comme une épée de Damocles au-dessus de nous.

1914, le paratonnerre à tête radioactive est breveté

Son principe de fonctionnement repose sur l'ionisation de l'air au voisinage de sources radioactives provoquée par les rayonnements alpha. Ceci augmenterait la probabilité d'amorçage électrique et le rayon de protection par rapport à une pointe métallique simple. [Voir les explications dans l'article de Science et Vie n°77 de novembre 1923]

Le paratonnerre au radium a été commercialisé en grande quantité à partir des années 30, notamment par les marques françaises Helita, Duval Messien, Franklin France et Indelec.

Le radium étant un radionucléide naturel, son emploi a échappé à toute réglementation en France jusqu'en 2002. Il n'y a donc aucune information fiable
sur le nombre de paratonnerres au radium fabriqués ou importés et commercialisés en France. Il est également impossible de déterminer le nombre de ces appareils encore en utilisation.

Le paratonnerre à l'américium a fait l'objet d'autorisations par la CIREA (Commission
interministérielle des radioéléments artificiels) dans les années 1970. Comme pour d'autres utilisations (peintures luminescentes ou détecteurs de fumée par exemple), l'emploi de radionucléides artificiels (donc soumis à la réglementation et à une certaine traçabilité) comme l'américium ou le tritium a été autorisé afin de faire reculer l'emploi du radium, même si la justification de l'emploi de sources radioactives dans des paratonnerres pouvait déjà être discutée.

Dans cette logique de privilégier des radionucléides artificiels et donc réglementés [...] la réglementation a fait l'objet d'adaptations spécifiques : nécessité d'obtention d'autorisation pour les fabricants et fournisseurs, mais détention libre pour les utilisateurs.

Cette dérogation par rapport au régime général d'autorisation, sans doute nécessaire pour contribuer à l'abandon du radium, a pour conséquence aujourd'hui un manque d'informations précises quant au nombre de paratonnerres à l'américium encore en utilisation en France.

Les autorisations délivrées aux fournisseurs imposaient la tenue de registres (manuscrits à l'époque) des installations avec indication des acquéreurs, des lieux d'installation et des numéros des paratonnerres. Toutes ces autorisations ont été clôturées en février 1987 mais aucune obligation de démontage n'a jamais été définie depuis.

Comme pour les paratonnerres au radium, il est donc impossible d'avoir des données précises sur leur nombre actuel.
Site d'inventaire des paratonnerres.