Traduction copyleft de Pétrus Lombard pour Alter Info

La nuit dernière, quand Obama a annoncé la mort d'Oussama Ben Laden lors d'un discours télévisé entendu dans le monde entier, c'était au moins le neuvième grand chef d'État ou officiel gouvernemental de haut rang qui le faisait.

Compte tenu des problèmes rénaux avérés de Ben Laden et de la nécessité de dialyse qui en découlait, des officiels gouvernementaux, des chefs d'États et des experts du contre-terrorisme ont maintes fois exprimé l'avis qu'Oussama Ben Laden était mort en fait depuis quelque temps. Ces affirmations se fondaient sur sa santé défaillante en fin 2001, des signes visibles de détérioration de son état et des rapports concrets sur sa mort à la même période.

En juillet 2001, Oussama Ben Laden a été transporté à l'hôpital zunien de Dubaï pour traitement rénal. Selon des sources du Renseignement français, il a été visité là-bas par un attaché local de la CIA. Quand plus tard l'agent s'est vanté de sa rencontre auprès d'amis, il a été promptement rappelé à Washington.

À la veille du 11 septembre, Oussama Ben Laden séjournait dans un hôpital militaire pakistanais sous l'œil vigilant de l'ISI, l'homologue pakistanais de la CIA, qui a des liens profonds avec la communauté du Renseignement zunien.


En octobre 2001, paraissant visiblement pâle et décharnée, portant un treillis militaire et une coiffure islamique, Ben Laden est apparu dans une vidéo. En décembre 2001, une autre vidéo a été rendue publique. Elle montrait cette fois un Ben Laden gravement malade, apparemment incapable de bouger le bras gauche.

Puis, le 26 décembre 2001, Fox News a rapporté un article du journal Pakistan Observer, signalant que les Talibans afghans avaient annoncé officiellement la mort d'Oussama Ben Laden au début du mois. Selon cet article, il avait été enterré moins de 24 heures après dans une tombe anonyme, conformément aux pratiques sunnites wahabites.

Il s'en est suivi une série de déclarations d'officiels qui confirmaient ce qui était déjà évident : Supposé vivre dans des grottes et des bunkers dans les passes montagneuses entre l'Afghanistan et le Pakistan, Oussama aurait été privé de l'équipement de dialyse qui lui était nécessaire pour vivre.

Le 18 janvier 2002, le président pakistanais Pervez Musharraf a annoncé sans ambages : « Franchement, je pense à présent qu'il est mort. »

Le 17 juillet 2002, Dale Watson, alors chef du contre-terrorisme au FBI, a dit lors d'une conférence des représentants de l'ordre : « Je pense personnellement qu'il [Ben Laden] n'est sans doute plus parmi nous, » avant d'ajouter prudemment, « Je n'en ai aucune preuve. »

En octobre 2002, Hamid Karzaï, le président afghan, a déclaré à CNN : « J'en viens à penser qu'il [Ben Laden] est probablement mort. »

En novembre 2005, le sénateur Harry Reid a révélé qu'il lui avait été dit qu'Oussama était peut-être mort dans un séisme en octobre de cette année-là au Pakistan.

En septembre 2006, le Renseignement français a divulgué un rapport suggérant qu'Oussama était mort au Pakistan.

Le 2 novembre 2007, Mme Benazir Bhutto, ancienne premier ministre du Pakistan, a déclaré à David Frost d'Al-Jazira, qu'Omar Sheikh avait tué Oussama Ben Laden.

En mars 2009, Angelo Codevilla, ancien officier du Renseignement extérieur de Zunie et professeur de relations internationales à l'université de Boston, a déclaré : « Tout porte à croire qu'Elvis Presley est plus vivant aujourd'hui qu'Oussama Ben Laden. »

En mai 2009, le président pakistanais Asif Ali Zardari a confirmé que ses « homologues des agences de renseignement zunien » n'avaient eu aucune nouvelle de Ben Laden en sept ans, et il a précisé, « Je ne pense pas qu'il soit vivant. »

Aujourd'hui, en 2011, le président Obama a rejoint la mêlée des personnalités en situation de pouvoir qui ont annoncé la mort d'Oussama Ben Laden. Certains pourraient alléguer que les rapports antérieurs n'étaient pas crédibles, mais, comme il est apparu à présent que le corps d'Oussama a été immergé en mer moins de 12 heures après sa mort, sans possibilité de garantir son identité d'une manière indépendante, le même problème de crédibilité se pose à propos de cette dernière attaque. Sur ce point, l'unique preuve, qui nous a été fournie sur le fait qu'Oussama Ben Laden aurait été tué hier, se borne à quelques images télévisées d'un complexe en feu et à la parole du zèbre qui occupe actuellement le bureau ovale.

Au surplus, étant donné qu'un consensus averti s'est formé autour de l'opinion que Ben Laden est mort depuis longtemps du fait de son insuffisance rénale, les Zuniens auront de leur président une meilleure opinion s'il présente la preuve que la personne tuée était effectivement Oussama Ben Laden, et qu'il est vraiment mort de la manière décrite. Sinon, cette annonce sera-t-elle plus tangible que celles de tant d'autres morts dans l'interminable guerre contre le terrorisme ?


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