Traduction : Dominique Muselet pour Le Grand Soir

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Après que le Département de Police de New York (NYPD) ait arrêté plus de 700 manifestants sur le pont de Brooklyn, six d'entre eux ont lancé une action en justice le 4 octobre, arguant que la police avait violé la constitution en les encerclant intentionnellement et en les arrêtant sans raison.

"Le NYPD s'est livré à une opération préméditée, planifiée, organisée et calculée pour débarrasser les rues des manifestants et mettre fin à un mouvement croissant de protestation à New York" ont déclaré les plaignants dans leur déposition.

Après avoir escorté et mené un groupe de manifestants et d'autres personnes sur le pont, tout à coup et sans prévenir le NYPD a arrêté la manifestation, empêché les gens de sortir par l'autre coté du pont et procédé à l'arrestation de centaines de manifestants sans raison apparente.

La version de la police est différente. Elle a déclaré aux médias : "On leur a demandé de ne pas marcher sur la route - les gens qui marchaient sur le trottoir n'ont pas eu de problème - ce sont ceux qui sont restés exprès sur la route qu'on a arrêtés."

Cependant dans cette vidéo on voit la police conduisant les manifestants sur la route du pont de Brooklyn.

"C'était une sorte de traquenard, à la fois illégal et brutal" ont affirmé les plaignants.

Selon les plaignants le processus tout entier a été une mise en scène orchestrée par la police qui s'est filmée en train de parler aux manifestants dans un porte-voix pour leur dire de quitter le pont. Le problème c'est que la voix était inaudible et que la police avait bloqué les deux extrémités de la manifestation.

Les plaignants citent une jurisprudence selon laquelle "la Constitution exige qu'un ordre soit entendu de ceux qui sont supposés obtempérer."

Au lieu de cela, selon les plaignants, "le NYPD a fait semblant d'avertir les manifestants, a enregistré cette comédie sur une vidéo, puis s'est dépêché de refermer le piège. Ensuite ils ont mis leur machine de relation publique en marche, et à l'aide des vidéos largement dupliquées ont répandu une fausse version des événements dans les médias et auprès du public."

Le Maire Michael Bloomberg a félicité la police en ces termes : "La police a fait exactement ce qu'elle était censée faire."

Non seulement de telles arrestations illégales sont contraires à la liberté d'expression mais elles violent aussi la vie privée des citoyens qui usent de leur droit de se rassembler et de s'exprimer librement. La police a entré les noms, les empreintes digitales et l'ADN de manifestants qui n'avaient pas enfreint la loi dans les gigantesques bases de données de la police. Ceux qui ont été arrêtés craignent maintenant que leurs noms ne soient inclus dans la liste fédérale de surveillance du terrorisme, puisque le gouvernement considère qu'une manifestation légale est une forme de terrorisme.

Au nom de tous ceux qui ont été arrêtés, les plaignants demandent réparation pour les violations des droits que les 1er et 4ième amendements leur garantissent. En plus de réclamer un montant non communiqué de dommages et intérêts, ils veulent aussi que leur arrestation soit déclarée nulle et non avenue et que tous les procès-verbaux enregistrés pendant leur détention soient scellés et supprimés. Si on leur demande un jour s'ils ont déjà été arrêtés, les plaignants veulent pouvoir répondre par la négative étant donné que leur arrestation était illégale et inconstitutionnelle.

Il faut savoir qu'un post du site de JP Morgan Chase confirme qu'un don de 4,6 millions de dollars a été consenti à la fondation de la police de New York avant les arrestations de masse. Il s'agit sans ambiguïté d'un "don... destiné à renforcer la sécurité dans la Grosse Pomme." (surnom de NY, ndt)

Tod Fletcher et Fred Burks de PEERS et WantToKnow.info posent la question suivante : "Pourquoi cette grosse banque donnerait-elle des millions pour la sécurité de New York ?"

Yves Smith de Naked Capitalism se pose aussi des questions sur la donation : "Cet effort pour compléter le financement gouvernemental peut paraître logique mais il réveille le triste spectre du favoritisme et on peut craindre que si des donateurs privés se mettent à financer de façon importante le département de la police, ce dernier n'ait tendance à les satisfaire en priorité."

Les plaignants sont représentés par la fondation Partenariat pour la Justice (Partnership for Civil Justice Fund - PCJF), dans leur action en justice contre le Maire Michael Bloomberg, le commissaire de police Raymond Kelly et la ville de New York. Leur plainte a été enregistrée par le tribunal de district des USA du district sud de New York, sous le numéro 11 CIV 6957 (Garcia, etc. vs. Bloomberg, etc.).

PCJF a récemment obtenu 8,25 millions de dollars de dédommagements suite à un accord soldant un recours collectif dans un cas similaire. Pendant les manifestations de 2000 et 2002, la police de Washington avait arrêté plus de 1000 personnes en les piégeant et les retenant de la même manière.

Selon le NY Daily News, le Maire Bloomberg " a laissé entendre que la ville commençait à en avoir assez des manifestants."

Voyez vous ça ! Nous on en a assez des crimes de Wall Street, de perdre nos maisons, de ne pas avoir de travail et d'être exploités en touchant des salaires de misère quand on en a."

Bravo ! Bravo ! Karina Garcia, Marcel Cartier, Yari Osorio, Benjamin Becker et Cassandra Regan de vous battre pour notre droit inaliénable de nous rassembler et de manifester.

Rady Ananda

Rady Ananda a ouvert un blog en 2004. Elle publie sur le net et dans la presse et a écrit trois livres sur la fraude électorale. Elle a travaillé la plus grande partie de sa vie comme chercheur ou enquêteur pour des hommes de loi et comme adjointe juridique.