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Manifestation de soutien à Bachar al-Assad, à Damas dimanche 13 novembre - nous y étions et avons apprécié la jeunesse des manifestants
Je suis rentré de Syrie depuis une semaine. J'ai accompagné dans ce pays la première équipe de journalistes occidentaux invitée à venir apprécier sur place la réalité de la situation. Celle-ci, chaque citoyen peut le voir, est quasi-unaniment présentée en France, par les médias aux ordres, comme la généralisation d'une répression massive et sanglante d'un soulèvement populaire, l'armée et la police tirant sans retenue sur des populations civiles désarmées et en révolte.

3500 morts depuis huit mois. "La répression du gouvernement syrien contre l'opposition a jusqu'à présent fait plus de 3500 morts dans le pays", a précisé mardi une porte-parole de l'ONU...

Cette référence de l'Express à l'ONU, organisation internationale que Charles de Gaulle appela le MACHIN et qui a démontré son impartialité et sa neutralité dans la récente agression impérialiste contre la Libye - qu'elle a prétendument légitimée - Une fois encore, elle est particulièrement délétère et perverse quand elle prétend authentifier une affirmation qui ne relève pourtant que de la propagande de guerre. Il convient de se souvenir ici que depuis septembre 2008 l'ONU est pratiquement passée sous le contrôle de l'OTAN, sous prétexte de collaboration entre leurs secrétariats respectifs. (voir ci-dessus le texte de Roland Marounek)

Pourtant, il n'est pas inutile de souligner que même l'agence de presse russe RIA Novosti, reprend systématiquement à son compte cette référence trompeuse des 3500 morts de l'ONU, en oubliant avec une légèreté certaine que la Russie est elle aussi dans la ligne de mire des forces de guerre occidentalistes.

Des morts, dans l'agression à laquelle fait face la Syrie, il y en a effectivement de très nombreux. Dans une conférence de presse donnée au Centre Catholique d'Information à Beyrouth et où nous étions présents, Mère Agnès-Mariam de la Croix a annoncé disposer d'une liste de 500 martyrs appartenant aux forces de l'ordre, auxquels s'ajoutaient les 372 personnes tombéés durant le mois d'octobre.

L'OSDH (le prétendu Observatoire Syrien des Droits de l'Homme) basé à Londres, donne quotidiennemnt un nombre de morts sans préciser le noms de ces victimes présumées, et n'indique jamais non plus s'il s'agit de forces de l'ordre. Alaa Ibrahim, ex-correspondant d'Al Jazzeera et actuel journaliste de la TV syrienne d'information continue, est parvenu à se procurer la liste d'une centaine de noms, liste dont il a entrepris la vérification auprès des familles et qui s'est avérée fausse (abandon des recherches après la quarantième personne).

La propagande médiatique contre le régime laïque de la Syrie n'est pas récente. Le Monde en date du 8 avril 2011 titrait par exemple : " En Syrie la répression s'amplifie contre le mouvement de contestation" - " Des heurts entre manifestants et forces de sécurité auraient fait au moins 12 morts et 150 blessés".

A Baniyas, où nous nous sommes rendus, il nous a été donné d'acquérir une autre vision des choses que celle véhiculée par le quotidien "de référence" et journal officiel de la pensée unique.

Nous y avons appris que six camions de l'armée ont été attirés dans une embuscade sur un pont, auprès duquel des personnes dont des femmes et des enfants avaient été rassemblées, tandis que l'imam de l'une des mosquées de la ville appelait au jihad. Quatre de ces camions ont été détruits et les soldats qu'ils transportaient furent transformés en cibles de tireurs camouflés.

Les militaires appliquèrent strictement l'ordre du gouvernement de ne pas riposter afin de ne pas risquer de toucher des civils innocents, en particulier des femmes et des enfants. Pour protéger ses hommes, le sergent responsable du détachement s'est jeté sur une bombe artisanale et a eu les deux jambes arrachées. Ce héros d'une grande modestie, nous a reçu chez lui avec sa famille, certains de ses soldats bléssés ainsi que quelques personnalités régionales. A cette occasion, nos interlocuteurs nous ont informé de leur conviction que les armes utilisées par les escadrons de la mort provenaient du Liban, dont la frontière est proche.

Ils ont accusé l'ancien premier ministre libanais Saad Hariri ainsi que le Syrien Halim Khaddam, d'être parmi les instigateurs des assassins.

A Baniyas, l'armée n'a donc pas tiré sur les civils. L'embuscade y a fait 51 victimes dont 9 morts, des militaires (peut-être aussi des ambulanciers qui étaient également pris pour cible lorsqu'ils voulaient porter secours aux blessés).

Ce dont je suis convaincu à mon retour de Syrie, c'est que les médias de notre pays pratiquent vis-à-vis de ce pays une propagande belliciste basée sur le mensonge à l'état pur, délibéré et méthodique. Comme le souligne Domenico Losurdo, les disciples de Goebbels sont à l'oeuvre contre la Syrie.

De façon claire, nous avons pu voir qu'il n'y a pas actuellement de guerre civile dans ce pays, même si celle-ci est l'objectif évident que souhaitent promouvoir les Obama, Juppé, Sarkozy et Camerone en mobilisant leurs alliés stipendiés, recrutés dans la pègre locale, le lumpenprolétariat et chez les islamistes radicaux.

Il n'y a pas en Syrie de manifestations de masse autres que celles de ceux qui, précisément, refusent la perspective d'une guerre civile sur la base de contradictions confessionnelles, attisées pour l'essentiel de l'extérieur. En conséquence, il n'existe pas non plus de répression de masse.

Le peuple syrien connaît aujourd'hui l'une des périodes les plus difficiles de sa longue histoire. Les occidentalistes sous hégémonie états-unienne entendent remodeler la région pour réaliser leur objectif de Grand Moyen Orient, remis à l'ordre du jour par Barrak Obama, ce fameux prix Nobel de la Paix. Ils pratiquent contre le peuple syrien une criminelle stratégie de la tension et animent des escadrons de la mort qui sèment la terreur en cherchant à dresser les différentes communautés religieuses les une contre les autres, à susciter la haine. Ils souhaitent diviser pour régner en prenant le peuple syrien en otage.

J'ai ressenti chez les Syriens que nous avons rencontrés, en particulier chez les jeunes manifestants, un esprit de résistance très fort ainsi qu'un sentiment patriotique manifeste, une volonté d'unité nationale puissante. Les Syriens inspirent la confiance.

Le peuple syrien et le peuple de France ont des ennemis communs. Mais les Syriens sont en première ligne d'un combat qui concerne tous les peuples. Pour nous Français, la solidarité envers le peuple syrien est certes un devoir internationaliste, elle correspond aussi directement à notre intérêt national.