L'un des télescopes Magellan de 6 mètres de diamètre (observatoire de Las Campanas au Chili) a découvert deux nouveaux satellites à Jupiter, portant leur total à 66.

La cordillère des Andes au Chili est réputée pour la qualité de son ciel. C'est pourquoi l'ESO a choisi d'y implanter depuis un demi-siècle ses meilleurs instruments et c'est donc fort logiquement à cet endroit que sera construit le futur télescope géant E-ELT. Mais la région attire également d'autres observatoires. À seulement 25 kilomètres du VLT, la fondation américaine Carnegie a financé la construction de deux instruments de 6 mètres de diamètre, les télescopes Magellan, au sein de l'observatoire Las Campanas. Ils seront bientôt supplantés par le Giant Magellan Telescope (GMT) et ses sept miroirs de 8,4 mètres disposés en pétales qui devraient être opérationnels en 2016. L'ensemble formera l'équivalent d'un miroir unique de 24,5 mètres de diamètre et fera du GMT l'un des trois plus grands télescopes de la planète avec l'E-ELT et le TMT.

En attendant la mise en service de ces instruments géants, les astronomes continuent d'arpenter le ciel et de faire des découvertes avec les télescopes à leur disposition. C'est ainsi que deux nouveaux petits satellites de Jupiter ont été dénichés par l'un des télescopes Magellan, au nez et à la barbe des sondes planétaires qui depuis plusieurs décennies survolent la planète géante gazeuse (Juno sera la prochaine à l'atteindre en juillet 2016).

Les satellites de Jupiter, une grande famille

Dans la famille des satellites de Jupiter, on connaît principalement les quatre plus célèbres découverts en 1610 par Galilée. En quittant la planète géante on trouve d'abord Io, un corps céleste de 4.600 kilomètres de diamètre soumis à d'intenses forces de marée qui le déforment et y provoquent une activité volcanique permanente découverte en 1979 sur les images prises par la sonde Voyager 1. Viennent ensuite Europe et ses lacs souterrains d'eau liquide, Ganymède qui est la plus grosse des lunes de Jupiter avec un diamètre de plus de 5.200 kilomètres et enfin Callisto, avec son cœur de fer dans un manteau de glace. Jusqu'à l'arrivée des sondes Voyager dans les années 1980 on connaissait également huit autres satellites découverts avec des télescopes terrestres aux XIXe et XXe siècles. Les sondes spatiales américaines en ajoutèrent trois autres.

Depuis une dizaine d'années, une nouvelle génération de télescopes terrestres et de détecteurs électroniques a considérablement allongé la liste avec près d'une cinquantaine de nouvelles découvertes réalisées lors des oppositions de la planète comme ce fut le cas en octobre dernier. Ce sont des corps célestes de moins de 10 kilomètres de diamètre qui circulent sur des orbites très excentriques et rétrogrades, ce qui fait dire aux astronomes qu'il s'agit sans aucun doute des fragments d'astéroïdes ou de comètes capturés. Un sort qui attend la plupart des petits corps célestes qui s'aventurent un peu trop près de la plus massive des planètes du Système solaire et qui se solde parfois par une collision, comme en 2009.

Les deux derniers satellites découverts (qui montrent à quel point les observatoires terrestres ont un rôle à jouer dans l'étude du Système solaire) portent à 66 le total des corps célestes actuellement en orbite autour de Jupiter, qui reste la planète la plus entourée.