Résultats du premier tour de l'élection présidentielle : tous comptes faits, une minorité va encore imposer ses choix à une majorité.

Comme à chaque élection sur les dernières décennies, un calcul simple aura été soigneusement évité par les médias et par la classe politicienne actuelle : celle du nombre total de personnes qui ne croient en aucun des candidats présentés.

Ce calcul est intéressant à plusieurs titres puisqu'il permet d'évaluer la proportion des citoyens qui ne rentrent pas dans le jeu démocratique et refusent, d'une façon ou d'une autre, de choisir dans la brochette de politiciens qui leur sont offerts. Dans cette catégorie, on retrouve les expressions suivantes de mécontentement :
- les votes nuls, qui montrent une volonté claire de refuser les candidats proposés,
- les votes blancs, qui illustrent l'absence de choix,
- les abstentions, qui expriment, au moins en partie, le refus du système même du vote.
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Plus difficile à analyser est la proportion et les motivations des non-inscrits. Il apparaît que depuis 2007, et selon les chiffres de l'INSEE, la population en âge de voter a augmenté de 4,1%, mais que le nombre d'inscrits sur les listes électorale a, lui, régressé de 0,2%. Autrement dit, derrière le « formidable élan citoyen » que nous chantent les médias traditionnels avec une participation un peu inférieure à 80% se cache en réalité à la fois un désaveu et un désintérêt croissants de l'expression démocratique.

D'ailleurs, les votes une fois redressés de ces différentes catégories (blancs, nuls, abstention et non-inscrits, estimés ici autour de 4.000.000), on obtient un paysage politique français un peu différent.

Un autre enseignement, indiscutable celui-ci : de facto, quel que soit le président élu, il ne sera pas choisi par une majorité des Français, mais bien par une minorité active. On peut toujours justifier cette réalité en expliquant que ceux qui ne veulent pas s'exprimer ou le font sans émettre de choix n'ont, finalement, que ce qu'ils méritent, mais cette explication n'évacue pas le fait qu'on impose, sans autre forme de procès, un système, un homme et un parti à une majorité de la population qui n'en veut pas (et ce, quel que soit ce parti ou cet homme).

Autrement dit : ce sont toujours ceux qui braillent le plus fort, même s'ils disent des bêtises, qui finiront par avoir raison.