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Pierre Teyssot
Le nord-est de l'Italie, industriel et très peuplé, a été réveillé dans la nuit de samedi à dimanche par un fort séisme qui a fait au moins trois morts, des dizaines de blessés, et détruit des hangars d'usines, des habitations et clochers autour de la ville de Ferrare, au patrimoine historique classé.
Selon un bilan encore provisoire, trois ouvriers qui travaillaient de nuit dans des usines sont décédés.

Un Marocain de 29 ans a été tué par la chute d'une poutrelle lors de l'écroulement d'un hangar d'une fabrique de polystyrène expansé à Ponte Rodoni di Bondeno. Deux autres ouvriers italiens ont succombé dans une usine de céramique à Sant-Agostino, quand le toit est tombé sur eux.
L'un des deux, Nicola Cavicchi, 35 ans, "voulait aller à la mer mais avec les prévisions météos mauvaises, il avait décidé d'aller travailler, pour remplacer un collègue malade", ont raconté aux médias ses parents en larmes. Un ouvrier est aussi porté disparu dans l'effondrement du toit d'une fonderie dans un autre village de la zone.

Une femme de 37 ans est décédée près de Bologne, des suites d'un malaise qui serait dû à la peur causée par le tremblement de terre.
Une petite fille de 5 ans restée emprisonnée sous les ruines de sa maison à Finale Emilia a été sauvée par les pompiers à la suite d'un échange téléphonique efficace et rapide entre une femme du village, un ami médecin italien qui se trouvait à New York, et les secours locaux.

Une cinquantaine de personnes ont été blessées dans la région de Ferrare et de Modène, zone de l'épicentre, mais aucune ne serait gravement atteinte.
Le séisme, de magnitude révisée à 6 (5,9 dans un premier temps), a été enregistré par l'institut national de géophysique à 04H04 (02H04 GMT). Il est survenu à 5,1 km de profondeur (et non plus à 10 km de profondeur comme indiqué d'abord). Son épicentre a été localisé à Finale Emilia, à 36 km au nord de Bologne.

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© STRINGER/ITALY/REUTERSLa mairie de Sant'Agostino a littéralement été éventré par le tremblement de terre. Au second plan, le clocher de l'église a lui aussi été endommagé. De nombreux clochers de villages se seraient aussi effondrés d'après les témoignages recueillis par les médias italiens.
La forte secousse sismique a duré une vingtaine de secondes interminables. Elle a été ressentie dans tout le nord-est de la péninsule, de l'Emilie-Romagne à la Vénétie, et même plus légèrement en Lombardie, dans le Frioul ou en Toscane.

Elle avait été précédée d'une première, qui n'avait pas causé de dommages, et suivie de deux autres, moins fortes. Selon des experts, cette atténuation des secousses laisse présager que le pire est passé.

"Nous avons eu très peur, tout le village est descendu dans la rue après la première secousse, après la deuxième, beaucoup ont trouvé refuge dans leur voiture mais heureusement, les dégâts sont plutôt limités et concernent surtout les églises", a indiqué à l'agence Ansa, Umberto Mazza, le maire de Ostiglia, près de Mantoue.

Dans une manifestation de confiance visant à rassurer les citoyens, les bureaux électoraux se sont ouverts comme prévu pour le deuxième tour des élections muincipales à Piacenza, Parme, Budrio et Comacchio.

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© Pierre Teyssot/AFPUn silo de plus de 20 mètres de haut est tombé à Burana, entre Ferrare et Modène, à proximité de l'épicentre du séisme qui se situe à 10,1 kilomètres de profondeur près de San Felice (à 36 kilomètres de Bologne).
Autre signe de normalisation: les principales liaisons ferroviaires ont repris.

Les images diffusées par les télévisions en continu dans la zone la plus touchée montraient des maisons à demi écroulées, des amoncellements de gravats sur les routes, des corniches d'églises ou de tours détachées.

Elles filmaient aussi des milliers d'habitants descendus de nuit dans les rues de villes comme Bologne, mais qui ne semblaient pas autrement paniqués.
Sous l'impact de ce séisme, qui est équivalent dans son intensité à celui de L'Aquila en 2009, plusieurs joyaux architecturaux de villages proches de Ferrare ont été endommagés.

Des dégâts importants sont ainsi survenus dans la petite ville de San Felice, où une église s'est écroulée. De nombreux monuments historiques, dont l'hôtel de ville, y ont été endommagés, leurs murs lézardés.

Dans la région de Bologne, la partie supérieure d'une tour du château de Galeazza s'est détachée.
Plusieurs hôpitaux ont été évacués par mesure de sécurité, dans la crainte de nouvelles secousses.

Selon Enzo Boschi, sismologue très connu en Italie, "il n'est pas vrai qu'il n'y a pas de séisme dans la plaine du Pô". "Ferrare en a subi un très important au quinzième siècle dont on peut encore voir les traces", a-t-il rappelé.

"L'Italie est un pays hautement sismique. Ce que nous savons avec précision est que 5,9 de magnitude ou 6 est le maximum qui s'est produit dans ces zones par le passé", a-t-il dit.

L'Italie est encore traumatisée par le séisme de l'Aquila, dans les Abruzzes, plus au sud de la péninsule, qui avait causé la mort de 309 personnes et privé 80.000 personnages de leurs logements.