Legs empoisonné de l'ère Bushienne de sinistre mémoire, Guantanamo est l'archétype de l'enfer carcéral pavé des pires intentions qu'un Etat puisse nourrir, le terrifiant symbole de la violation des droits de l'homme, sa fermeture, promise par Barack Obama, devenant de plus en plus illusoire au fil du temps, et à mesure que les obstacles politiques et administratifs forment un mur infranchissable.

Détentions illimitées, sans chef d'inculpation, sans explication, recours à la torture dans un raffinement de sévices au-delà de l'humainement tolérable, la plus vieille base américaine hors des Etats-Unis détient toujours 171 prisonniers, 10 ans après sa création, et n'a manifestement pas encore livré tous ses secrets.

Un rapport du Pentagone, qui conclut une enquête menée de 2008 à 2009 à la demande du Congrès, vient en effet de reconnaître que des médicaments et psychotropes ont été administrés à certains détenus, afin de leur extorquer des aveux lors d'interrogatoires musclés, au risque d'altérer gravement la fiabilité de leurs confessions.

La chaîne Russia Today (RT) s'en est fait l'écho, s'étonnant que ces déclarations obtenues sous l'effet de substances artificielles, qui influent sur le système nerveux, aient été classées «fiables». Une perplexité partagée par Shayana Kadidal, avocat en charge de Guantanamo au Centre pour les droits constitutionnels (CCR), qui s'est déclaré extrêmement surpris que "toute déclaration des détenus obtenue lors de ces interrogatoires soit présumée fiable, même si les détenus prenaient des médicaments qui pourraient conduire à une information douteuse".