Les Maîtres du MondeS


Cards

La main gagnante de Poutine

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© Inconnu
C'est à Gérard Aro, ambassadeur français aux États-Unis, que l'on doit la comparaison de la confrontation géopolitique opposant l'Occident à la Russie avec une partie de poker. Partie que Vladimir Poutine pourrait bien être en passe de gagner.

Le président Poutine, expliqua en substance l'ambassadeur français lors d'un déjeuner de presse organisé par le groupe financier US Bloomberg à Washington, a imposé à l'Occident de jouer une partie de poker en Ukraine. Et Gérard Aro de conclure devant son parterre d'auditeurs éberlués : « Poutine a gagné. »

En fait de partie de poker, Gérard Aro aurait tout aussi bien pu évoquer un véritable tournoi, tant les tables de jeu tendent à se multiplier aux quatre coins de la planète. En Ukraine certes, mais aussi en Amérique latine, en Asie et même de Russie où Poutine délivre ses flèches contre un vieil ordre mondial en pleine débandade.

Bad Guys

Comment les guerres américaines ruinent et remodèlent le monde

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© InconnuLibye – La guerre de 100 jours – Une mère et son fils, dans les rues de Misrata – mai 2011
Les portes du temple de Janus n'étaient qu'exceptionnellement fermées : Rome, qu'elle fût gouvernée par des rois, un Sénat ou des princes, pour établir ses conquêtes ou maintenir sa paix, fit perpétuellement la guerre. C'est aussi le cas des États-Unis. La guerre est leur état normal, leur ciment constitutif et le fond de leur politique. C'est l'une des raisons de leur soutien systématique à Israël, dont la guerre est le berceau et le moyen de vivre. La guerre américaine est l'une des plaies principales du monde aujourd'hui.

En particulier, le processus de dislocation de l'Irak lancé en 1990, le désordre diffusé de la Tunisie à l'Egypte sous le nom de printemps arabe, la guerre de Libye, celle de Syrie et d'Afghanistan, ont mené au choc entre l'Occident et le bloc arabo-musulman et à l'érection du califat islamique en ennemi mondial numéro un, en barbare absolu, pour ainsi dire en substitut ou en continuateur du nazisme.

Ce califat islamique, rendu célèbre par quelques vidéos et une demi-douzaine de décapitations, fait se récrier les regardeurs d'écran de Tel Aviv à San Francisco, quand même ils se réjouissent de millions d'avortements : comme quoi la morale est un mystère insondable. Quoi qu'il en soit, il est fermement établi qu'il s'agit d'un golem de fabrication américaine. D'abord, ce califat islamique a poussé sur le terreau d'un Irak volontairement détruit par l'élimination de Saddam Hussein, dont les Anglo-saxons ont entretenu la déliquescence en favorisant les chiites, brimant les sunnites, et en empêchant les anciens cadres du parti Baas de reprendre la main. Ensuite, même dans ce chaos organisé, les moyens de surveillance américains suffisaient largement pour empêcher l'islamisme de se lever et de croître à ce point, en se servant notamment des arsenaux irakiens. Il est donc établi que les Etats-Unis ont laissé se dresser cet épouvantail parce qu'ils avaient besoin dans le croissant fertile d'une nouvelle guerre et d'un nouvel Ennemi. Nouvelle guerre qui permet l'épuration ethnique et religieuse des chrétiens et prépare un nouveau découpage du Proche-Orient. Nouvel Ennemi parce que Saddam et Oussama sont morts et que Poutine ne suffit pas à tout.

Cult

Pédocriminalité : l'enquête sur les reseaux VIP anglais prend l'eau...

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© Inconnu
Qu'est-ce qu'on s'amuse en Angleterre, avec ces histoires de réseaux pédophiles VIP étouffées. Il se trouve que la grande enquête lancée en juillet afin d'élucider les disparitions mystérieuses des dossiers de réseaux VIP n'a toujours pas de chef: la deuxième juge nommée pour chapeauter l'enquête vient à son tour de démissionner. En effet, il risque d'être compliqué de trouver un juge qui réponde à la fois à l'objectif d'étouffer définitivement tous ces dossiers, et à celui d'avoir l'air à peu près intègre.

En juin, plus de 130 députés avaient demandé une grande enquête sur l'étouffement systématique de toutes les affaires de réseaux pédophiles impliquant des VIP.

Cela, après les révélations sur les frasques de Cyril Smith, député et ami de Jimmy Savile qui, malgré une quarantaine de plaintes pour des actes pédophiles, a mené sa carrière sans encombre grâce à ses protections au MI5 [1]. Après qu'on ait aussi appris qu'un réseau pédophile était niché en plein Westminster, le parlement anglais, qu'un ministre impuni (probablement le ministre de l'intérieur de l'époque Leon Brittan) se soit fait coincer à Douvres avec des images pédopornos, et que des dizaines de dossiers de réseaux VIP avaient disparu de ministère de l'Intérieur quand Brittan était ministre. C'était aussi après qu'ait explosé le scandale des centaines de victimes de Jimmy Savile, mort auréolé de sa gloire un an auparavant, qu'on découvre qu'il fréquentait moult orphelinats et hôpitaux à travers le pays, de l'Irlande du nord à Jersey, et puis qu'on apprenne qu'il était proche de Thatcher, du prince Charles, de moult politiciens et autres stars du show biz, dont certains se sont fait coincer depuis...

Snakes in Suits

Le verbiage économique, un paravent de l'impérialisme et de l'injustice

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© Nevseoboi
Les sciences sociales semblent progresser par la confection progressive d'un vocabulaire spécifique, que l'on enseigne en université et que l'on imagine être capable de justifier en chaque cas. L'entreprise est pourtant hasardeuse, car la plupart des concepts proposés à l'admiration des foules ne correspondent à aucun fait scientifiquement démontrable.

Le marché en tant que régulateur de l'économie par exemple. Le marché dans cette acception est parfaitement imaginaire. Il n'existe tout simplement pas. On ne rencontre nulle part aucune institution s'appelant marché, reconnue internationalement, dont on connaîtrait les dirigeants et les moyens de financement. Ce sont des mots, dépourvus et de racines et de significations concrètes. Ce concept est un fourre-tout où l'on mélange les comportements individuels par rapport à l'argent, qui sont de toutes sortes et répondent à des facteurs historiques, culturels et religieux aussi bien qu'économiques, et les comportements institutionnels, bancaires, industriels, étatiques, pluri-étatiques.

On a depuis longtemps lié l'apparition de l'homo economicus, détenteur d'un capital et qui fait si peur y compris aux Etats, à l'expansion du protestantisme évangélique, dit à l'époque anti-conformiste, c'est-à-dire anti High Church anglicane, essentiellement baptiste aujourd'hui, en particulier celui de la Bible Belt aux Etats Unis, mais qui est aussi le croissant de la misère, misère noire des anciens esclaves, misère blanche née du déclassement des anciens petits propriétaires d'esclaves.

Blue Planet

Vivre sous un président non-psychopathique : la prodigieuse métamorphose de la Bolivie sous Morales

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Pour le voyageur qui revient en Bolivie après quelques années d'absence, et qui marche doucement dans les rues étroites de La Paz, ville balafrée par des ravins escarpés à presque quatre mille mètres d'altitude, les changements sautent aux yeux : on ne voit plus de mendiants, ni de vendeurs informels qui remplissaient les trottoirs. Les gens s'habillent mieux, ils ont un air plus sain. Et l'aspect général de la capitale apparaît plus soigné, plus propre, avec de multiples espaces verts. On remarque aussi l'essor de la construction. Des dizaines de grands immeubles ont fait leur apparition et les centres commerciaux se sont multipliés ; l'un d'entre eux possède le plus grand complexe de cinéma (18 salles) d'Amérique du Sud.

Mais le plus spectaculaire ce sont les téléphériques urbains d'une extraordinaire technologie [1] futuriste, qui maintiennent au-dessus de la ville un ballet permanent de cabines colorées, élégantes et éthérées comme des bulles de savon. Silencieuses et non polluantes. Deux lignes fonctionnent désormais, la rouge et la jaune ; la troisième, la verte, sera inaugurée dans les prochaines semaines, permettant ainsi la création d'un réseau interconnecté de transport par câble de onze kilomètres, le plus étendu au monde. Cela permettra à des dizaines de milliers d'habitants de La Paz d'économiser en moyenne deux heures de temps de transport par jour.

« La Bolivie change. Evo tient ses promesses » affirment des affiches dans les rues. Et chacun le constate. Le pays est effectivement un autre pays. Il est très différent de celui que l'on a connu il y a à peine une décennie, lorsqu'il était considéré comme « l'Etat le plus pauvre d'Amérique latine après Haïti ». Corrompus et autoritaires pour la plupart, ses gouvernants passaient leur temps à implorer des prêts aux organismes financiers internationaux, aux principales puissances occidentales ou aux organisations humanitaires mondiales. Alors que les grandes entreprises minières étrangères pillaient le sous-sol, en payant à l'État des royalties de misère et en prolongeant la spoliation coloniale.

Bomb

Burkina Faso : une révolution et deux coups d'état en deux jours

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Au commencement, il y avait une constitution qui dormait tranquillement dans son coin, ne ressortant qu'à de rares occasions. Blaise Compaoré, voulant prolonger sa présence à la tête du Burkina Faso après 27 ans de pouvoir, n'avait la possibilité de le faire qu'en modifiant ladite constitution.

Pourquoi diable avait-il besoin de rester au pouvoir après un si long règne ? Il faut dire que les peuples ont la fâcheuse tendance à réclamer des comptes à leurs présidents après leur départ. Il n'y a que dans les grands pays démocratiques comme la Grande Bretagne ou les Etats-Unis où les peuples ne réclament aucun compte. Ni Tony Blair, ni George Bush par exemple n'ont eu à en rendre. Mais dans les petits pays démocratiques, voire pas démocratiques du tout, les dirigeants doivent rendre des comptes dès que le peuple a la possibilité de l'ouvrir. Et Compaoré a un vieux contentieux avec les Burkinabés. Arrivé au pouvoir par un coup d'état sanglant qui a causé la mort de Thomas Sankara, il sait que, qu'il ait été impliqué personnellement ou non dans cette mort, il lui faudrait répondre à certaines questions, et que d'une manière ou une autre, il passerait des moments désagréables.

Sa décision de retoucher à la Constitution déclenche donc une mobilisation de masse comme le Burkina n'en a jamais connue. Une révolution d'un jour qui, étant donné la situation stratégique du pays, appelle tous les extincteurs extérieurs qui circonscrivent l'incendie en poussant au départ le désormais ex président. Tout en procédant à son exfiltration chez un autre sous gendarme de la région, l'ami Alassane Ouattara, un coup d'état est organisé avec le chef d'état-major des armées, le général Traoré, ami de la France. C'est que, dans un pays comme le Burkina Faso, qui abrite une base militaire française et ayant une coopération militaire très étroite avec la France, la nomination du chef d'état-major des armées est un acte politique appelant un consensus.

Snakes in Suits

L'arrogance israëlienne ou l'impunité sémantique sionniste

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© Inconnu
C'est moins grave que de tuer des enfants à Gaza, mais tout de même la réponse israélienne volontairement méprisante à la décision souveraine de la Suède de reconnaître l'état palestinien est inacceptable sinon politiquement, du moins sémantiquement. Cela montre à quel point l'état hébreu ne supporte aucune critique ni opposition venant des européens notamment. La tentative d'assimilation systématique de la critique des dérives du sionisme à de l'antisémitisme en est la démonstration la plus éclatante.

La chef de la diplomatie suédoise, Margot Wallström, a annoncé que son gouvernement reconnaissait par décret l'Etat de Palestine. C'est tout de même le droit absolu de cette pourtant incontestable « démocratie ».

En réponse Israël a jugé "malheureuse" la reconnaissance par Stockholm de l'État de Palestine, ce qui est son droit aussi, soulignant cependant que le Moyen-Orient était "plus compliqué que le montage de meubles Ikea", le géant suédois de l'ameublement. Là, on frôle et même plus le racisme anti-suédois et le renvoi par simplification à une caricature, qui n'est donc pas que l'arme des antisémites, sur les commerçants juifs. Ceux qui traquent de façon si vigilante la sémantique dans le monde devraient mieux contrôler la leur.

Che Guevara

Burkina Faso : Compaoré est parti, mais ce n'est pas encore fini...

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Après deux jours de manifestations réunissant des centaines de milliers (certaines sources parlent d'au moins un million) de personnes, le président burkinabé Blaise Compaoré a été contraint de donner sa démission après 27 ans de règne. Le chef d'état-major des armées, le général Honoré Nabéré Traoré, a aussitôt annoncé qu'il prenait la tête de l'état pendant la période de transition, en attendant l'organisation d'élections libres.

On se souvient que les manifestants s'étaient réunis dans le but d'empêcher la modification de la Constitution. Très vite, bien que le président ait aussitôt fait marche arrière pour calmer le jeu, les revendications ont changé, et visaient au départ pur et simple de Compaoré. Aujourd'hui, cette revendication vient d'être satisfaite. Victoire totale sur toute la ligne. Tout va bien alors ? Pas du tout. C'est même maintenant que tout commence ; ce ne serait pas une « révolution », sinon.

Ce qui se passe au Burkina Faso comporte, comme nous le disions hier, tous les signes d'une « révolution ». Le départ de Compaoré n'est qu'une étape et non l'objectif. Ceux qui avaient intérêt à étouffer la révolution dans l'œuf, en tête desquels il y a la France, ont certainement accéléré le départ de Compaoré et cherchent à reprendre les choses en main par l'armée en la personne du chef d'état-major, le général Honoré Nabéré Traoré.

Bad Guys

Meilleur du Web: « Tuer la Russie », et bien plus encore : « tuer les BRICS »...

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© Inconnu
Nous ajoutons ici un point de vue complémentaire à celui qui est développé dans notre F&C du 31 octobre 2014, consacré à la radicalisation "forcée" des BRICS due à l'action hostile du Système, qui s'est notamment manifestée lors de l'élection présidentielle brésilienne (réélection de Dilma Rousseff). Ce point de vue consiste dans le constat que l'attaque générale du Système par la subversion, l'action hostile et dissolvante de la communication, etc., est passée de l'objectif de la Russie identifié clairement avec la crise ukrainienne, à l'objectif des BRICS eux-mêmes. C'est une autre facette de l'appréciation de "la radicalisation des BRICS", une facette qui s'intéresse essentiellement à la perception de ce qui devient un "événement" plus qu'à la psychologie des opérateurs du Système, c'est-à-dire de ces personnalités qui sont placées à son service et s'emploient à la tâche de la déstructuration et de la dissolution.

(Soros est aujourd'hui en première ligne à cet égard, comme on l'a vu dans le texte référencé ci-dessus autant que dans le texte du 24 octobre 2014. C'est une façon, pour le vieil homme, de se représenter sur le mur de la caverne de Platon ce qu'il juge être la preuve qu'il sert bien à quelque chose ; hybris d'une psychologie de vieillard, mais d'une psychologie à la fois aux abois et hystérique. Aujourd'hui, dans cette crise sans précédent de l'effondrement du Système, la vieillesse n'est plus un refuge ni pour l'apaisement, ni pour la sérénité, - et cela vaut pour tous, employés-Système comme résistant de l'antiSystème. Les soubresauts extraordinaires du monde ne peuvent laisser personne en paix, ni de bois.)

Handcuffs

État policier - la répression politique au Canada

grc auto
Dans l'histoire du Canada, la GRC (Gendarmerie royale du canada) a pu formé un département de la sécurité intérieure sans la nécessité d'une législation.

Ce programme, INSET (National Security Enforcement Team), équipes intégrées de la sécurité nationale, a été utilisé contre les mouvements sociaux à travers tout le Canada.

Le programme, appelé PROFUNC, visait à assurer une surveillance continuelle de milliers de militants de gauche et leur détention dans des camps d'internement, sans accusation et sans limite de temps. Officiellement, il n'a été démantelé qu'en 1984, lorsque la GRC a été scindée en deux pour créer le SCRS.(iciradiocanada.ca)


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