Les Maîtres du MondeS


Che Guevara

Sécession de l'Écosse : un pas vers une plus grande liberté et un exemple à suivre?

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Le 18 septembre prochain, les écossais vont décider, par référendum, de quitter ou non le Royaume Uni pour redevenir un État souverain. La question posée est simple : "Souhaitez-vous que l'Écosse devienne un pays indépendant ?" Oui/Non.
Les écossais, partisans du oui, supposent que, séparé du Royaume Uni, leur destin sera meilleur que de rester dans l'union. Les partisans du non pensent le contraire[1].


Le problème soulevé par ce référendum est intéressant à plus d'un titre et peut être généralisé à n'importe quelle union, y compris l'Union Européenne, mais aussi à n'importe quelle région d'un État. Le gouvernement britannique, qui menace souvent les gouvernements européens de quitter l'Union Européenne, expérimente, sur son propre sol, ce que signifie la menace de quitter le Royaume Uni qui, comme son nom l'indique, est une union. Le Front National, un parti politique français nationaliste, propose aussi de quitter l'Union Européenne. Si ce parti arrive au pouvoir, il proposera un référendum à la population pour savoir si elle souhaite quitter l'UE . D'où l'intérêt pour ce parti et l'ensemble des français d'être attentif à cette expérience écossaise. Si le oui l'emporte, le 18 septembre 2014 deviendra une date mémorable et la transition à l'indépendance une leçon pour les futurs imitateurs. Est-ce que les Écossais doivent conserver la livre anglaise comme monnaie en circulation, faut-il recréer une armée et une défense écossaise, quid des bases sous marines de la force de frappe atomique de la Grande Bretagne situées en Écosse, à quel domaine étatique appartiendra les champs de pétrole à proximité de l'Écosse, est-ce que la souveraineté territoriale de l'Écosse s'étendra aux plateformes en haute mer ? Un divorce fut-il unilatéral pose le problème du partage des investissements réalisés dans l'union par l'un et l'autre des partenaires.

Commentaire: Consulter également les articles suivants :

- L'Écosse et la dictature européenne
- La dictature des temps modernes
- Les États-Unis : une « Dictature démocratique » sur la voie d'un État totalitaire
- Les travailleurs européens confrontés à l'austérité et à la dictature
- La Dictature européenne prend place
- Vers une dictature au pouvoir centralisé


Chess

Moscou comprend-elle? Moscou comprend tout!

Traduction Olka/Goklayeh pour Vineyardsaker

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© Inconnu
Ces Russes, on les dirait souvent tiraillés, en proie aux affres de l'incertitude, voire irrésolus, attentistes même. Et l'on s'étonne souvent de leur (apparente) absence de réaction. Sans doute sont-ils moins portés sur le scoop médiatique, moins enclins à la précipitation et aux effets d'annonce. Ils savent pourtant ce qu'ils veulent, et tout autant ce qu'ils ne veulent pas. Et l'on dirait bien que des nuages s'amoncellent à l'horizon, si l'on en croit Sergeï Viktorovitch Lavrov... sur le vif.

C'est un homme qui connait ses dossiers : diplomate depuis 1972, il a été pendant dix ans, de 1994 à 2004, le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l'ONU ; aujourd'hui ministre des Affaires étrangères, avec rang d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Russie, il est membre permanent du Conseil de sécurité de Russie. The French Saker.

Eye 1

Projet Aadhaar, où comment ficher 1,2 milliard de personnes

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© Inconnu
L'Inde a lancé en 2010 un programme visant à doter ses 1,2 milliard d'habitants d'un état civil numérique. Le projet Aadhaar est donc une révolution technologique dont le but est d'améliorer et optimiser les services publics. Vivement critiqué, ce projet fait néanmoins l'objet d'un consensus politique qui permet sa mise en place.

Le projet Aadhaar (en hindi « socle » ou « soutien ») est né de l'idée de Nandan Nilekani, pionnier de l'informatique en Inde et co-fondateur de la multinationale Infosys. Quelques trois sociétés étrangères font partie du projet dont Morpho, filiale du groupe industriel et technologique français Safran, présent au niveau international dans les domaines de l'aéronautique.

« Grâce à ce numéro, chacun peut avoir accès aux bénéfices auxquels il a droit où il veut et quand il veut », explique Nandan Nilekani.

Commentaire: Sécurité, lutte contre la pauvreté, égalité sociale : toujours les mêmes arguments démagos pour contraindre en douceur la population à accepter un contrôle généralisé. Quelle surprise que ce consensus de la classe politique...

Quelques petits exemples à travers le monde :

- Le fichage de huit millions d'enfants britanniques
- La France sera-t-elle le premier et seul pays au monde à autoriser le fichage et la reconnaissance faciale de toute sa population ?
- Fichage de tous les Français : le gouvernement persiste
- Les JO militarisés de Londres évoquent le 1984 de George Orwell
- Comment prendre le contrôle d'une nation ? (méthode gratuite !)


Airplane

Qu'est-ce qui a tant effrayé l'USS Donald Cook en Mer Noire ?

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Le Département d'État a reconnu que l'équipage du destroyer USS Donald Cook est gravement démoralisé depuis qu'il a été survolé en Mer Noire par un avion russe de combat Sukhoï-24 (Su-24) qui ne portait ni bombes ni missiles mais uniquement un dispositif de guerre électronique.

Snakes in Suits

Pouvoir, corruption & mensonges

Depuis sa sortie en 1983, Power, Corruption & Lies (Pouvoir, corruption et mensonges), du groupe anglais New Order, est resté un de mes albums favoris. J'ai malheureusement bien souvent l'occasion de me remémorer son titre. Un titre qui n'a pas été inventé par le groupe, mais qui vient d'un artiste allemand appelé Gerhard Richter. Un jour, à Cologne, Richter a vandalisé les murs d'une salle d'exposition, alors que New Order y donnait un concert. Ce tag a plu au groupe, qui a décidé de s'en inspirer pour le titre de son prochain album. Richter était en fait natif d'Allemagne de l'est. Il avait fui vers l'ouest quelques mois plus tôt...

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Pochette de l'album Power, Corruption and Lies par New Order (1983)
Power, Corruption & Lies nous ramène immanquablement vers les réalités du monde. La plupart d'entre nous imagineront très rapidement le lien entre ces trois concepts. Peut-il y avoir pouvoir sans corruption ? Corruption sans mensonges ? Peut-on arriver au pouvoir sans mentir ? Beaucoup d'autres questions viennent à l'esprit, et encore davantage de réponses, selon nos valeurs morales respectives, notre culture et nos croyances. Mais ces trois termes sont pour sûr liés à la manière dont certains groupes humains arrivent à dominer d'autres groupes, et à satisfaire leurs besoins de domination et de richesse.

Bien sûr, ces concepts se retrouvent à tous les niveaux de l'interaction entre humains, mais je voudrais ici me limiter à la leur utilisation typique dans la cadre de la politique, aux niveaux local et international. Tout d'abord, l'ordre des mots utilisés par Richter est, volontairement ou non, très significatif.

L'époque du Pouvoir de la force pure

Dans les anciens modèles de société, le Pouvoir était de loin le principal outil de domination, au sens de la force pure et de la peur engendrée par cette force brutale. La tradition de mener des exécutions et des tortures en place publique était un élément clé dans la pérennité du système. L'autre peur, celle de Dieu et de brûler en enfer, venait renforcer l'emprise totale sur les populations. Les élites dominantes pouvaient décider d'entrer en guerre contre les élites voisines, et les gens simples (des paysans en majorité) allaient à la guerre sans se poser de questions, vu que c'était la volonté de Dieu et du Seigneur local. Dans la plupart des cas, ces soldats se battaient et mouraient sans rien savoir des raisons de ces guerres, et sans doute même sans savoir qui étaient les autres malheureux qui se faisaient tuer de l'autre côté. L'idée de demander ou de discuter de ces questions était bien au-delà de leurs possibilités culturelles et de leur champ d'initiative.

Target

ALERTE ROUGE : De Dilma Rousseff à Marina Silva, le Brésil en voie de ré-américanisation ?

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Dilma Roussef, actuelle présidente du Brésil, et Marina Silva, candidate aux prochaines élections d’octobre 2014
Succédant au populaire Lula, l'actuelle présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a surpris tout le monde par son désir d'émancipation à l'égard de l'influence américaine intense, qui a maintenu ce pays pendant des décennies dans un statut de semi-colonie de Washington.

Dans cette voie, elle est même récemment allée plus loin encore que Lula. À la mi-juillet, à Fortaleza (Brésil), n'a-t-elle pas quasiment pris la tête du groupe des pays du BRICS (B pour Brésil), lors de leur dernier sommet, en soutenant les mesures de dédollarisation entreprises, mesures dont nous avons souvent parlé ici [1] [2]. N'a-t-elle pas rencontré Vladimir Poutine à cette occasion ? N'envisage-t-elle pas de faire du Brésil la tête d'un monde numérique, en développant ses propres outils, pour échapper à la domination des géants américains de l'informatique et du Web ? Ne cherche-t-elle pas à échapper aux industriels américains du pétrole et du gaz en confiant le soin à Petrobras, l'acteur brésilien du secteur, le soin de développer l'exploitation des riches gisements gaziers off-shore récemment découverts au large des côtes brésiliennes ? Enfin, ne soutient-elle pas des projets de contrats militaires (tel celui du Rafale français) susceptibles d'échapper aux industriels américains, jusqu'ici maîtres de ces fructueux marchés ?

Star of David

Briser le dernier tabou : Gaza et la menace d'une guerre mondiale

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Un homme tourne son visage vers le haut, les yeux cachés par un bandeau fait de journaux

Préambule


Dans cet essai, qui est l'adaptation d'une allocution prononcée lors de la conférence commémorative en hommage à Edward Saïd, à Adélaïde, en Australie, le 11 septembre 2014, John Pilger soutient que l'assaut contre Gaza représente une menace encore plus grande pour nous tous et que les dangers qui planent en Ukraine, en plus de la propagande exacerbée qu'ils entraînent, nous rapprochent d'une guerre mondiale. M. Pilger salue aussi la résistance palestinienne et jette un regard critique à l'endroit des médias et des journalistes.

The French Saker

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« Il y a un tabou, disait Edward Saïd le visionnaire, qui fait en sorte qu'on n'ose dire la vérité à propos de la Palestine et de l'immense force destructrice derrière Israël. Nous ne serons libres qu'une fois que cette vérité éclatera au grand jour. »
Pour bien des gens, ce moment de vérité est arrivé. Ils en ont finalement pris conscience. Ceux à qui on a imposé le silence ne peuvent plus détourner les yeux. Ce que leur montrent leur télé, leur portable et leur téléphone est la preuve de la barbarie de l'État d'Israël, de l'immense force destructrice de son mentor et fournisseur, les États-Unis, de la lâcheté des gouvernements en Europe et de la collusion d'autres gouvernements, dont ceux du Canada et de l'Australie, avec ce crime aux proportions effrayantes.

Snakes in Suits

Sanctions antirusses : cette Union Européenne qui vit dans une réalité parallèle

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© East News/imago stock&people
L'Europe, soutenue par les États-Unis, a élargi les sanctions à l'encontre de la Russie, commettant ainsi une nouvelle erreur dont les conséquences se feront sentir fortement sur l'état de son économie.

Il s'agit de la suspension de la coopération en matière de production de pétrole en eau profonde et en Arctique, des restrictions dans l'accès aux marchés du capital occidental et de l'interdiction de livraisons de produits à une série d'entreprises russes de la défense. Les Américains font comme les Européens : ils introduisent aussi des nouvelles sanctions à l'égard du secteur financier, énergétique et de la défense de l'économie russe, dans l'espoir, selon l'expression du président Obama, « d'augmenter l'isolement politique de Moscou ».

Du point de vue des experts, de tels actes de l'Occident sont particulièrement déplacés sur fond du processus de négociations commencé en Ukraine, alors que les parties se sont mises d'accord sur une trêve - fragile, mais réelle. Il est évident que l'espoir de l'isolement politique de Moscou n'est aucunement corrélé avec la tâche de la désescalade du conflit ukrainien. C'est le seul but tout à fait indépendant que poursuit l'Occident, en tentant de mettre la Russie à genoux. D'après l'avis du président de la Douma d'État Sergueï Narychkine, les initiateurs des sanctions antirusses ont perdu le sentiment de la réalité et demeurent dans un monde illusoire. Le représentant permanent de la Fédération de Russie en UE Vladimir Tchijov a un point de vue analogue :

Chess

L'auto-blocus décidé par la Russie

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Il est probable que les membres de la Commission Européenne ont oublié de lire François Crouzet (De la supériorité de l'Angleterre sur la France, Perrin, 1985)) avant de s'aligner sur les positions américaines dans l'affaire ukrainienne. Les conséquences des guerres du premier Empire sont pourtant intéressantes pour comprendre ce qui va se passer en Russie en lui appliquant des sanctions qui n'ont, dans la plupart des cas, jamais été dissuasives.

Petit rappel historique

François Crouzet a montré clairement que le blocus était une politique très fructueuse. D'abord, l'économie européenne du XVIIIème siècle était en bonne partie tournée vers l'extérieur. Lorsque, à la fin de 1807, les pays du continent furent soumis par les britanniques à un blocus maritime rigoureux, cela entraîna un déclin accéléré de quelques industries, comme les toiles, mais la dislocation introduite par la mesure aura finalement des effets positifs à long terme sur le développement de l'industrie continentale. Puis Crouzet établit les avantages de l'auto-blocus imposé par Napoléon, mesure que la Russie reprend face aux Européens.

Bad Guys

La sainte croisade de l'Amérique

Traduction : Marie-Ange Patrizio

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« Que Dieu bénisse nos soldats, que Dieu bénisse les États-Unis d'Amérique » : par ces mots (que nous invitons le pape François à commenter) se conclut la solennelle « Déclaration sur l'Isis », par laquelle le président Barak Obama, en habit de « Commandant en chef »[1], s'est adressé mercredi 10 septembre non seulement à ses concitoyens mais au monde entier. L'Amérique, explique le Président, est « bénie » parce qu'elle assume les devoirs les plus lourds, à commencer par la « responsabilité d'exercer le leadership ». Dans « un monde incertain » comme notre monde actuel, « le leadership américain est l'unique constante ». C'est en effet l'Amérique qui a « la capacité et la volonté de mobiliser le monde contre les terroristes », c'est l'Amérique qui a « battu le rappel du monde contre l'agression russe », c'est l'Amérique qui peut « contenir et anéantir l'épidémie d'Ebola ». Par ces accents, qui rappellent ceux d'un prédicateur médiéval à l'époque de la Peste Noire (« l'agression russe » mise sur le même plan que l'épidémie d'Ebola), le Président lance la nouvelle croisade contre l' « État islamique de l'Irak et de la Syrie », en prévenant qu' « il faudra du temps pour éradiquer un cancer comme celui de l'Isis ». Malgré tout ce qu'a fait jusqu'ici l'Amérique pour combattre le terrorisme, souligne-t-il, « nous avons encore face à nous une menace terroriste ». Ceci parce que « nous ne pouvons pas effacer du monde toute trace du mal ».