Le 3 septembre dernier, alors que les TV du monde entier se préparent à diffuser en direct les vertueuses frappes punitives de l'Occident contre Damas, un bâtiment US tire deux missiles pour tester la réactivité des côtes syriennes. Leur destruction instantanée par les forces russes sonne le glas des ambitions bellicistes américaines. Washington reçoit le message de Moscou 5 sur 5 et, trois semaines plus tard, c'est le fameux coup de fil d'Obama au Président iranien Rohani, puis la signature historique deux mois après d'un accord intérimaire entre Téhéran et le groupe 5+1. Ce virage à 180˚ de la politique du Bloc atlantiste dans la région survient après deux ans d'hystérie militaire qui auront coûté la vie à 120'000 personnes en Syrie, et entraîné la destruction totale du pays. Grands perdants de ce revirement, Israël et l'Arabie Saoudite se donnent désormais six mois pour rallumer l'incendie.
Fabuleux ratageAinsi donc, après plus de 30 ans de guerre froide avec l'Iran, l'heure du grand dégel est venue.
L'accord intérimaire signé dimanche entre l'Iran et le groupe 5+1
(les membres du Conseil de sécurité et l'Allemagne) semble en effet mettre un point final aux tentatives du Bloc atlantiste de remodeler à coups de flingue le Grand- Moyen-Orient. Un remodelage commencé en Irak et en Afghanistan, mais qui prévoyait surtout de briser le dernier axe de résistance à la domination occidentale dans la région que forment l'Iran, la Syrie, une partie du Liban (Hezbollah) et de la Palestine (Hamas).
Le ratage est complet et son prix exorbitant : éclatement irakien; fiasco afghan; guerre criminelle d'Israël contre le Liban et naufrage libyen auront coûté la vie à plus d'une million et demi de personnes, et provoqué la destruction de ces pays en plus d'un rejet désormais global de l'Occident et de ses «valeurs».
La dévastation de la Syrie, livrée pieds et poings liés aux coupe-jarrets et assassins djihadistes de tous bords, représente ainsi le baroud de déshonneur d'une politique atlantiste aussi dévastatrice qu'inefficace.