BERKELEY - J'écris cette lettre pour que vous, qui vous pencherez sur notre époque en tant que professionnels formés au métier d'historien, la voyiez dans son ensemble pour ce qu'elle est, sans rien négliger. Nous, qui vivons aujourd'hui, n'avons pas la vision que je vous encourage à apporter à notre époque qui appartiendra à votre passé.
Nous vivons une époque marquée par les catastrophes, la sauvagerie au nom de la justice, une époque de dépravation collective, de défaites pour la cause humaine, d'effondrement des civilisations. Mais l'importance des événements auxquels je fais référence — l'agression condamnable d'Israël contre les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, le gâchis inconsidéré de vies humaines dans la guerre par procuration menée par l'Amérique contre la Russie en Ukraine — est tout simplement trop considérable pour que la plupart d'entre nous puissent y faire face.
Commentaire: Tandis que, de jour en jour, le monde semble s'installer inéluctablement dans ce qui s'apparente à une sorte de chaos géopolitique, économique et social, le gouvernement français, égal à lui-même, poursuit tranquillement son petit bout de chemin vers le contrôle total de la liberté d'expression de sa population en ajoutant une corde de plus à son arc : la délation. Par ailleurs, un œil sur les résultats du vote quant à l'adoption de cette proposition de loi liberticide ne pourra que ravir les amateurs de démocratie :
A n'en point douter, certaines voix, qu'elles soient de la majorité présidentielle ou de l'« opposition », auraient bien aimé voté contre ce projet surréaliste mais la pression d'être pointé du doigt par la sphère politico-médiatique et le risque de mettre en danger sa confortable carrière auront probablement eu raison de toute éthique et autre bon sens.