Commentaire : On le sait depuis un moment, avec l'exemple du politicien-parasite : professionnaliser une activité qui n'a pas lieu de l'être est un bon moyen pour couvrir les incompétences, nourrir les pathologies comportementales, les justifier, les propager. Violences physiques et psychologiques, corruption, manipulation, tricherie, trucage, dopage : voilà la réalité sportive, concrète, celle qui fait la Une des journaux depuis des décennies. Et ce n'est certainement pas un hasard si le monde du sport et de la politique se côtoient si souvent. De quoi pourrait bien être le sport moderne si ce n'est le reflet parfait d'une époque malade ? « Imposer », « dominer », « écraser », « régner », pour « conquérir » et « couronner », c'est le langage sportif moderne. N'est-il pas assez parlant ? Rajoutons-en une couche avec Zlatan Ibrahimovic, grand promoteur des valeurs sportives qui épanouissent harmonieusement, on n'en doute plus, la puissance du corps et de l'esprit :
Quand on demande à Zlatan Ibrahimovic si, à 20 millions d'euros par an, il a le sentiment de gagner beaucoup d'argent, l'attaquant chevelu du Paris Saint-Germain prétend la jouer libéral plutôt que libéro :Voici les héros de notre temps, ceux dont les valeurs frelatées qui servent d'exemples à nos gamins résonnent en harmonie avec le discours de la classe dirigeante, des hommes de pouvoir, des conquérants. Quelle surprise donc de constater que Présidents, Ministres et consorts saisissent une fois de plus l'opportunité d'endormir la populace avec des manifestations sportives absurdes mais qui savent entretenir l'illusion d'un accomplissement, d'une fraternité, d'une humanité.
« Si c'est beaucoup ou pas, ce n'est pas mon problème. Mon souci, c'est de voir ce que dit le marché.
Le marché dit : ça c'est votre prix, voici ce que dit le marché ».
Le Championnat d'Europe des Nations de football (dit Euro 2016) se dispute en France de 10 juin au 10 juillet. Une fois encore, le sport à travers l'une de ses compétitions importantes, reste un impensé. Les rares analyses économiques et sociologiques sont noyées dans le flot incessant des petites histoires et des faits divers (sextape de Valbuena par exemple) qui font diversion.
Bien sûr, quelques trouble-fête dénoncent l'argent fou du sport, le coût de la compétition pour la collectivité nationale en infrastructures et cadeaux fiscaux, s'alarment de l'imposant et coûteux déploiement policier, s'étonnent de voir le sport le plus populaire ne jamais être ou presque confronté à des affaires de dopage (l'omerta règne) et évoquent du bout des lèvres la corruption et les magouilles, la complicité régulière des hauts dirigeants du sport avec les régimes les moins fréquentables, les filières de l'exil qui touchent de nombreux jeunes sportifs souvent exploités, le racisme, le sexisme, l'homophobie.
Mais la plupart de ces rabat-joie qui parlent des « dévoiements » de l'idéal sportif, de ses « déviations » alimentent depuis un siècle le mythe d'un âge d'or et assurent finalement le déminage de l'institution en présentant une vision du sport humaniste, généreuse, soucieuse de justice. Dans leur grande majorité, ils font corps avec le sport dont ils diffusent l'idéologie qu'ils ont intériorisée. Leurs politiques antidopage, anti violence, anti corruption, leur désir d'éthique et de fair play - financier ou non - sont autant de bouées de sauvetage du système sportif.
Le monde des évidences
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