Commentaire : Auriez-vous entendu quelque part que l'état d'urgence instauré par le pouvoir avait permis l'arrestation de nombreux terroristes ? Empêché la perpétuation imminente d'un attentat ? Permis, allez, ratissons large, le démantèlement d'une organisation criminelle quelconque ? Non ?
Il offre la possibilité, par contre, de se faire matraquer et arrêter si vous manifestez alors qu'on vous a interdit de le faire. Si vous avez une tête de musulman et/ou si vous portez une drôle de barbe. Si vous cultivez bio ou vivez quelque peu en marge du système. Si vous avez manifesté par par le passé. Si vous prenez des photos dans un lieu public. Si vous êtes un journaliste qui ne file pas droit. Si vous faites parti d'une association. Etc.
C'est que l'État a oublié de faire son annonce plus clairement :
En réaction à l'horreur des attentats, l'état d'urgence a été décrété par le gouvernement, puis aggravé et prolongé pour une durée de trois mois. Nos organisations ont immédiatement exprimé leurs craintes vis-à-vis de ce régime d'exception ; ces craintes sont aujourd'hui confirmées par l'ampleur des atteintes aux libertés constatées depuis quelques semaines. Nous assistons à un véritable détournement de l'état d'urgence qui cible également des personnes sans aucun lien avec des risques d'attentat. Ces abus doivent cesser.
La volonté de se rassembler et de manifester ensemble a prévalu après les attentats commis à Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de Vincennes, en janvier 2015. Elle prévaut encore. Or, depuis le 13 novembre 2015, les interdictions visant les mobilisations sur la voie publique se multiplient. Manifester n'est plus un droit, et les rares concessions accordées par les préfectures, qui attendent souvent le dernier moment pour informer de leurs intentions, entravent dans les faits son exercice.
Le ministère de l'Intérieur justifie tout cela par son incapacité à sécuriser les parcours alors même qu'il autorise, dans le même temps, les rencontres sportives et des événements tels que les marchés de Noël, qui se tiennent sur la voie publique. L'interdiction des rassemblements et manifestations entraîne la multiplication des arrestations, des gardes à vue, des assignations à résidence, un fichage policier des militants, et, pour quelques-uns, des condamnations. Qui peut croire que cela soulage les autorités ? La censure, ici, s'avère doublement contreproductive...
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