« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. »Je vais essayer de montrer dans cet article que la civilisation technique dans laquelle nous baignons n'est ni anodine, ni normale ni souhaitable parce qu'elle est le signe d'un formidable changement de paradigme pour l'homme qui lui sera fatal ; fatal parce que cette civilisation est un des signes les plus visibles du règne de la bête, autrement dit de l'Antéchrist.
~ Georges Bernanos
Il ne s'agit pas seulement d'améliorer nos conditions de vie par le progrès technique mais d'adopter un mode de vie et de pensée qui impacte la direction même de notre vie, personnelle et collective, par ses implications philosophiques, morales, sociales, familiales, économiques et spirituelles ; en réalité c'est « un crime organisé contre l'esprit », selon la formule de Bernanos.
En ressort un nouveau type d'homme, discipliné par la machine, qui pense et agit dans le cadre d'une société antichristique « où l'or sera Dieu » (Bernanos) qui s'est substituée en un temps record à notre civilisation chrétienne. Laissons Bernanos à nouveau nous le résumer de façon saisissante (dans son livre La France contre les robots, écrit en 1945) :
« Nous n'assistons pas à la fin naturelle d'une grande civilisation humaine, mais à la naissance d'une civilisation inhumaine qui ne saurait s'établir que grâce à une vaste, à une immense, à une universelle stérilisation des hautes valeurs de la vie. »Ils ont été plusieurs à entrevoir, à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, le terrible avenir que désormais la société des vainqueurs concoctait pour l'humanité. Georges Bernanos en 1945, Virgil Gheorghiu en 1949, entre autres, nous avertissaient des terrifiants développements qui paraissaient déjà inéluctables, tandis que Georges Orwell en 1947, dans l'autre sens, tentait de brosser les contours de cette civilisation de la machine, une fois à maturité 40 ans après.
Les relire aujourd'hui en 2021 est d'une telle acuité qu'on en reste saisi de stupeur.
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