Article transmis par l'auteur à, et traduit de l'anglais par, Info Palestine

Iranian women's team Football
© ReutersLa FIFA (qui d’un autre côté, s’acoquine sans vergogne avec l’État sioniste, raciste et ségrégationniste) a interdit à l’équipe féminine iranienne de participer à une compétition avec la Jordanie, dans le cadre des sélections pour les jeux olympiques de Londres
Ce n'est pas moi qui le dis, mais je l'ai entendu dire par des dizaines de touristes, de journalistes et d'universitaires étrangers qui avaient voyagé en Iran ces dernières années : l'Iran est le pays le plus mal connu et le moins bien compris de la planète.

Tentative concertée et plaisante, les médias internationaux dominants ont entamé une grosse opération consistant à dépeindre l'Iran comme un pays dangereux, anormal, bizarre et horrible qui cherche à développer des armes nucléaires dans le but d'anéantir Israël. Les Iraniens sont représentés sans vergogne comme des fanatiques, des terroristes et des gens non civilisés, l'Iran dans son entier étant dépeint comme un désert reculé où on ne trouvera pas la moindre trace de civilisation , d'urbanité ou de modernité.

Diaboliser et isoler l'Iran peut être vu comme une partie d'une campagne globale et multiforme pour ostraciser et avilir le monde musulman, campagne intensifiée depuis les attaques du 11 septembre qui ont été attribuées aux musulmans et ont provoqué la Guerre contre le Terrorisme.

Avant de venir en Iran, tous les touristes craignent d'être tués ou au minimum arrêtés pour espionnage. Ils perçoivent l'Iran en fonction des stéréotypes et clichés que les médias de masse leur présentent, et beaucoup d'entre eux ne se rendent même pas compte que les Iraniens sont ces même Perses qui peuplèrent la Perse ancienne pendant plus de 7 500 ans.

Il existe quelques mythes fameux sur l'Iran que beaucoup de gens dans le monde en sont venus à croire, et j'aimerais les rejeter du mieux que je peux.

1. Les Iraniens sont des terroristes

Si nous interprétons et traduisons « terrorisme » comme un acte de coercition, de terreur ou d'assassinat de gens innocents dans le but de répandre l'horreur ou de faire étalage de bravoure et d'influence, l'Iran ne peut être qualifié de terroriste voire d'État soutenant le terrorisme, comme le prétendent les fervents ennemis de l'Iran. La dernière fois que l'Iran a envahi et attaqué une nation souveraine date de 1738, quand le roi afsharide Nâdir Châh envahit l'Inde. Ce qui veut dire que depuis 274 ans, l'Iran est un pays pacifique qui n'a jamais fait de mal ni tourmenté d'autres pays, pas même ses voisins, même si ses voisins l'ont constamment provoqué en conspirant contre lui.

Ces données sont à comparer aux guerres sanglantes incessantes dans lesquelles les États-Unis se sont impliqués. Depuis son indépendance en 1776, les États-Unis ont participé à plus de 50 expéditions militaires. John Tirman, dans son livre sensationnel de 2011 « The Deaths of Others » - [Les Morts des Autres], étudie en détail les victimes des guerres étatsuniennes au cours des trois derniers siècles.

Contrairement à beaucoup d'entre nous qui n'osent s'interroger sur le manque d'attention accordée par le public des États-Unis et les médias dominants aux victimes civiles des guerres de l'Oncle Sam, Tirman décrit dans le détail « le destin des civils dans les guerres américaines ». Il reconnaît dans son livre qu'au cours des seules guerres de Corée, du Vietnam et d'Irak, six à sept millions de personnes ont été tuées, dont une majorité de civils innocents. Pas besoin d'être un historien spécialisé pour comprendre combien de civils désarmés, y compris des femmes et des enfants, sont morts des expéditions militaires des États-Unis dans le monde. Une étude complète réalisée par James A. Lucas et publiée par Counter Currents en 2007 décrit minutieusement les pertes causées par les guerres étatsuniennes.

« Le public américain n'est sans doute pas conscient de ces chiffres et en sait moins encore sur les guerres de proximité dont les États-Unis sont également responsables. Les guerres récentes ont fait entre 9 et 14 millions de morts en Afghanistan, Angola, République Démocratique du Congo, Timor oriental, Guatemala, Indonésie, Pakistan et Soudan » écrit-il.

Imaginez juste un instant que ce soit l'Iran qui ait détruit et tué les vies de plusieurs millions de citoyens innocents dans des dizaines de guerres et attaques contre d'autres pays. Que serait-il arrivé ? Alors, qui mérite réellement le titre de « sponsor étatique du terrorisme » ? Serait-ce qu'être tué de la main d'un soldat américain serait un honneur ? Serait-ce que les États-Unis ont le droit d'effacer des milliers de vies à leur gré, sans en être tenu pour responsables ?

2. Les Iraniens ne sont pas civilisés

La plupart de ceux qui pensent l'Iran comme un pays non civilisé et sans culture sont simplement inconscients des réalités de l'impressionnante culture et civilisation antique de l'Iran. L'Iran est le plus vieux pays au monde du point de vue de la date de sa formation. Les premières implantations dans la Perse antique remontent à 4 000 av.J-C. Les premiers artefacts archéologiques iraniens trouvés dans les sites de Kashafrud et Ganj Par remontent au paléolithique inférieur, c'est à dire autour de moins 300 000 ans.

Le plus grand musée d'archéologie paléolithique du Moyen-Orient se trouve dans la ville iranienne de Kermanshah. Les plus anciens réservoirs d'eau artificiels au monde se trouvent en Iran. L'Iran est le producteur et exportateurs numéro Un de tapis artisanaux, qui sont un élément constitutif de la culture perse. Les principales collections de joyaux impériaux appartiennent à l'Iran. L'architecture iranienne est caractéristique de l'architecture islamique et des dizaines de magnifiques mosquées, caravansérails, églises, pont et palais anciens sont visibles partout en Iran et témoignent du fait que l'architecture iranienne est un héritage sans égal qui n'a pas de concurrent dans le monde.

Dans l'histoire les Iraniens ont apporté des contributions inestimables et sans prix à la culture, la science, l'économie et le style de vie du monde. Cela vous intéressera peut-être de savoir que les première briques utilisées dans les réalisations architecturales ont été faites par des Iraniens. Le premier ziggourat a été édifié en Iran sur le site archéologique de Sialk. Vers 5 000 av. J-C, les Iraniens ont été le premier peuple à inventer le târ (luth) dont les descendants ont mené au développement de la guitare. La première déclaration des droits de l'homme a été compilée en Iran par Cyrus le Grand de 576 à 529 av. J-C, on la connaît aujourd'hui comme le Cylindre de Cyrus conservé au British Museum. Le premier yach-kal (réfrigérateur antique) a été conçu en Iran au IVe siècle av.J-C. Selon les découvertes archéologiques, les Iraniens ont inventé les premières batteries qu'ils utilisaient sans doute pour électrogalvaniser. Le scientifique iranien Rhazès fut le premier universitaire au monde à introduire l'usage systématique de l'alcool [éthanol] en médecine vers 846 ap. J-C. Le Canon de la Médecine, qui est considéré comme un des manuels les plus fondamentaux et pionniers dans l'histoire de la médecine moderne, a été écrit par le scientifique iranien Avicenne il y a près de mille ans.

Mais oublions toutes ces découvertes et performances culturelles et scientifiques des Iraniens au cours de l'histoire. Ce qui fait des Iraniens un peuple différent des autres nations et leur confère une identité unique et incomparable, c'est leur sens de la civilité, de la courtoisie et de la modestie. Jamais vous ne trouverez dans le cinéma iranien le genre de violence qui est diffus dans les films américains. Les conversations quotidiennes des Iraniens entre eux sont émaillées de proverbes, de poésie et de connotations littéraires. Les compliments aux femmes, aux anciens et aux enfants font partie du mode de vie et de la culture des Iraniens. La modestie et l'humilité sont pour les Iraniens une vertu, alors que dans beaucoup de pays occidentaux, plus vous êtes assertif et énergique, plus vous serez acceptable. Voilà des choses que beaucoup de gens ignorent à propos de l'Iran.

3. Le gouvernement iranien réprime les femmes

Le dogme selon lequel l'Iran n'est pas un endroit sûr pour les femmes et le gouvernement iranien réprime et élimine les femmes fait foi pour beaucoup de gens dans le monde, et la raison n'est autre que les machinations machiavéliques des médias dominants. Il n'y a pas une parcelle de preuve attestant cette affirmation, alors qu'il en existe énormément pour confirmer le contraire.

Tandis que les femmes d'Arabie saoudite, alliée inconditionnelle des États-Unis, n'ont ni le droit de vote ni celui de conduire une voiture, les femmes iraniennnes fréquentent les universités, les instituts scientifiques et même les postes gouvernementaux. Le Ministre iranien de la Santé, le Docteur Marzieh Vahid Dastjerdi, est une femme. La Vice-présidence pour la science et la recherche est assurée par une femme. Pendant plusieurs années, c'est une femme, le Dr Masoumeh Ebtekar, qui était à la tête du Département de l'Environnement. Selon le Ministère des Sciences, de la Recherche et des Technologies, 60 % des nouveaux étudiants inscrits dans des universités iraniennes en 2012 sont du genre féminin. J'ignore quels critères les opposants au gouvernement iranien basent leur jugement sur la situation des femmes iraniennes. Depuis la Révolution islamique de 1979, le Parlement iranien (Majlis) a plusieurs députées à chaque session. Si le nombre de députées n'est pas égal à celui des parlementaires du genre masculin, ce n'est pas parce que le gouvernement impose des restrictions. C'est simplement parce que les gens n'ont pas voté pour elles ! Je pense que dans certains cas le gouvernement a même été plus indulgent avec les femmes qu'avec les hommes. C'est une coutume internationale non écrite que les femmes, comme les hommes, soient recrutées pour le service militaire, mais en Iran, les femmes sont exemptées de la conscription parce que le gouvernement pense que cela pourrait leur nuire. Donc, quelqu'un peut-il me dire de quelle façon le gouvernement iranien réprime les femmes ?

4. L'Iran développe des armes nucléaires

Oui ; il y a eu une forte controverse sur le programme nucléaire iranien, mais je pense que ceux qui ont créé un tel chambard ont un peu oublié que le programme nucléaire iranien a été initié par le gouvernement des États-Unis dans les années '50, dans le cadre du programme « Des Atomes pour la Paix » du Président Eisenhower. A cette époque, l'Iran était un allié des USA, et donc autorisé à développer l'énergie nucléaire. A présent que l'Iran n'est plus un fervent allié des États-Unis, il n'aurait pas le droit de développer l'énergie nucléaire, même dans des buts pacifiques. Imaginez la profondeur de cette hypocrisie !

Ceux qui prétendent que l'Iran a l'intention de créer l'arme nucléaire n'ont aucune preuve validant leur thèse. C'est une fois encore la propagande des médias dominants qui incite les gens à penser ainsi. Malgré le fait que l'Iran subisse quatre cycles de sanctions du Conseil de Sécurité de l'ONU et différents types de sanctions de la part des États-Unis et de ses alliés, aucun rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique n'a pu fournir de preuves crédibles ni démontrer que le programme nucléaire iranien aurait une dimension militaire. Même les National Intelligence Estimates (NIE) 2010 affirment que l'Iran n'a pas l'intention de construire des armes nucléaires. Je ne comprends donc pas pourquoi les États-Unis et leurs alliés européens prétendent aussi catégoriquement que l'Iran développe des armes nucléaires et devraient être arrêté.

Les sanctions que les États-Unis ont imposées à l'Iran réclament un lourd tribut aux citoyens iraniens ordinaires. Ils se voient privés de médicaments, de nourriture, de biens humanitaires et d'autres biens basiques à la suite de ces sanctions. La valeur de la devise iranienne (rial) s'est incroyablement dépréciée et les hommes d'affaires font face à de sérieux problèmes pour importer des marchandises d'autres pays. Voyager à l'étranger est devenu terriblement difficile à cause de l'augmentation du prix du trafic aérien et aussi parce que les ambassades étrangères ont mis de sérieux obstacles aux visas émis pour les citoyens iraniens.

C'est un châtiment collectif innommable contre les Iraniens pour un crime qu'ils n'ont jamais commis.

Il existe bien d'autres mythes concernant l'Iran et la vie quotidienne en Iran qui devraient être exposés aux gens dans le monde entier ; je me suis contenté d'en expliquer les plus flagrants. Ceux qui ont compris les réalités iraniennes riront devant la fausseté ridicule et la désinformation que la machine de propagande occidentale fabrique à propos de l'Iran. Le meilleur exemple d'engagement d'un citoyen américain à l'Iran « réel » est sans doute incarné par Richard Nelson Frye [92 ans], professeur émérite d'iranien à l'Université Harvard, qui, il y a quelques années, a demandé au Président iranien d'être enterré près de l'antique cité d'Ispahan.

Sortez-vous de l'esprit la propagande et la médiatisation outrancière au sujet de l'Iran. Vous ne pourrez connaître ce pays méconnu qu'en rejetant les préjugés et en passant quelques semaines à voyager dans la plus vieille civilisation au monde pour voir de vos propres yeux ce que vous ne pourrez jamais voir sur Fox News, CNN, BBC, ni dans le Washington Post et le New York Times.

A propos de l'auteur :
Kourosh Ziabari est un journaliste iranien et correspondants pour les médias. Il écrit pour Global Research, Tehran Times, Iran Review, Veterans Today et Salem News. Ses articles et ses interviews ont été publiés dans 10 pays. Il a reçu en 2010 du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, la médaille de la Jeunesse iranienne. Blog en anglais : http://cyberfaith.blogspot.com