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© Jacques Demarthon/AFP ArchivesDes délégués syndicaux de Coca-Cola discutent en marge d'un Comité central d'entreprise, le 25 octobre 2012 à Issy-Les-Moulineaux

Après avoir bien résisté à la crise, le secteur de l'agro-alimentaire est désormais confronté à une succession d'annonces de suppressions d'emplois, sur fond de hausse du coût des matières premières et de difficultés structurelles.

Après avoir bien résisté à la crise, le secteur de l'agro-alimentaire est désormais confronté à une succession d'annonces de suppressions d'emplois, sur fond de hausse du coût des matières premières et de difficultés structurelles.

« Le secteur a bien résisté à la crise de 2008 car les entreprises ont su s'adapter, mais aujourd'hui, avec la baisse de la demande et la hausse du coût des matières premières, elles paient à leur tour leur tribut à la crise », a déclaré à l'AFP Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania).

Depuis la rentrée, les groupes Candia, Coca-Cola, Cecab ou Andros ont annoncé des centaines de suppressions de postes, avec pour certains, des fermetures de sites.

Au total, 5 000 emplois seraient menacés dans les mois à venir, selon l'Ania, qui représente 10 000 entreprises, essentiellement des PME, voire des TPE.
Le site du charcutier Geo Madrange qui emploie 155 personnes à Ablis (Yvelines) est ainsi en « sursis », a indiqué jeudi le syndicat FO à la suite d'un comité central d'entreprise.

Pour Tony Mariano, délégué FO, les difficultés du charcutier sont dues à « une hausse du prix des matières premières » et « une pression toujours plus accrue de la grande distribution sur les marges ».

Les relations entre l'industrie agroalimentaire et la grande distribution sont très tendues, cette dernière demandant aux entreprises d'absorber la hausse du coût des matières premières agricoles (entre 25 et 35 % depuis mai 2012 selon la FAO), selon l'Ania.

Une réunion est prévue le 21 novembre entre le ministère de l'Agriculture, la grande distribution et les acteurs de l'agro-alimentaire, « pour définir un nouvel équilibre dans les relations commerciales et redonner de la respiration à nos entreprises », a précisé à l'AFP le ministre délégué à l'Agroalimentaire Guillaume Garot.

L'agro-alimentaire dégage en France un chiffre d'affaires de 150 milliards d'euros par an et emploie près de 500 000 personnes.

Ses performances en font le premier secteur industriel français, en chiffre d'affaires et en nombre d'emplois, selon l'Ania.

Son excédent commercial a atteint plus de 11 milliards d'euros en 2011, tiré par les vins et spiritueux et les produits frais.

Mais d'autres filières sont au contraire à la peine, comme le porc et les volailles.

La filière porcine subit en effet un recul de la production, une hausse des prix de l'alimentation animale et la concurrence étrangère.

« Il faut s'attendre à plusieurs milliers de suppressions d'emplois dès la fin 2012, dans tous les maillons de la filière », alerte un représentant professionnel de la filière porcine française qui ne souhaite pas être cité.

Un plan devrait être annoncé fin janvier par le ministère de l'Agriculture pour sauver cette filière qui pèse 100 000 emplois.

« Il faut un nouveau modèle de production conciliant performance économique et environnementale. Cela passera par la création de valeur ajoutée, la modernisation du secteur de la transformation, avec le soutien de la Banque publique d'investissement », souligne Guillaume Garot.

Pour Francis Pretre, analyste agroalimentaire chez CM-CIC Securities, « les entreprises qui connaissent des difficultés sont celles qui n'ont pas réussi à innover alors que leurs produits sont très concurrentiels ».

Le crédit d'impôt annoncé par le gouvernement pour relancer la compétitivité apportera également un « ballon d'oxygène aux entreprises », pour leur permettre de « consolider les emplois et de retrouver des marges de manoeuvre », selon le ministre.

Jean-Luc Bindel, secrétaire général de la fédération agroalimentaire CGT, estime de son côté que « le débat actuel sur le coût du travail et la compétitivité donne des arguments aux entreprises pour accélérer les restructurations ».