Traduction : SOTT

Adapté des feuillets de documentation de l'Institute of Middle East Understanding (IMEU) (Institut pour la Compréhension du Moyen-Orient)

Q: Quel est l'enjeu réel du conflit israélo-palestinien?

R : Le conflit israélo-palestinien est, essentiellement, un conflit de territoire. Bien que la religion joue un rôle définissant les identités des parties et bien que celle-ci justifie la revendication territoriale pour certains juifs, le conflit n'est pas fondamentalement un conflit religieux.

Q: Qu'est-ce que "l'occupation"?

R : En 1967, Israël a gagné la guerre qui l'opposait à ses voisins arabes. A la fin de cette guerre qui ne dura que 6 jours, Israël a capturé la Cisjordanie (qui inclut Jérusalem Est), la Bande de Gaza et le plateau du Golan. (Israël a également capturé la péninsule du Sinaï mais celle-ci a ensuite été rendue à l'Egypte dans le cadre d'un accord de paix maintenu jusqu'à ce jour). Une partie de ce territoire a été annexé : le plateau du Golan et Jérusalem Est.

Le reste de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza se trouvent sous occupation militaire depuis lors. Cela signifie que l'armée israélienne exerce un contrôle total sur ces régions. Les Palestiniens de ces régions n'ont aucune garantie de leurs droits civils. Ils ne possèdent pas de gouvernement propre en dehors de celui autorisé par Israël. Israël peut imposer des couvre-feux sur n'importe quelle partie ou sur l'entièreté du territoire. Les Palestiniens ne peuvent donc pas aller travailler, aller faire leurs courses ou visiter leur famille. Cela peut également empêcher les traitements médicaux d'arriver jusqu'aux gens et aux gens d'aller à l'hôpital.

L'occupation signifie que l'armée israélienne a autorité totale sur chacun des aspects de la vie palestinienne. De plus, Israël a installé des centaines de milliers de ses citoyens dans ces territoires, défiant ainsi la loi internationale. Cliquez ici pour télécharger l'introduction à la question de l'occupation par la Directrice adjointe du JVP Cecilie Surasky.

Q: Les citoyens palestiniens et juifs d'Israël sont-ils traités de la même manière?

R : Non. Même si les citoyens palestiniens d'Israël ont le droit de voter et de participer à la vie politique israélienne et que le Knesset (parlement israélien) compte quelques membres palestiniens, ils ne reçoivent pas le même traitement que les citoyens israéliens de la part gouvernement. Israël applique toujours 20 lois qui favorisent les Juifs au détriment des Arabes. Par exemple, la Loi du Retour de 1950 octroie des droits civiques automatiques aux Juifs en provenance de n'importe où dans le monde sur simple demande, alors que ce droit est refusé aux Palestiniens. La Loi de Base de Dignité humaine et de Liberté assure qu'Israël est l'état du « Peuple juif », et pas de ses citoyens. Cette loi a été votée en 1992 pour devenir une « Déclaration de droits », Israël n'ayant pas de Constitution écrite.

Le drapeau et autres symboles nationaux d'Israël sont des symboles de la religion juive, pas des symboles neutres ou nationaux représentant tous les citoyens de l'état. Parallèlement, les ressources gouvernementales sont allouées de manière disproportionnées aux Juifs et non aux Arabes, un facteur forçant les Palestiniens d'Israël à vivre dans des conditions de vie les plus précaires de la société israélienne, selon tous les indicateurs économiques.

Human Rights Watch a effectué une étude complète de la politique israélienne des écoles « séparées mais inégales » pour enfants palestiniens, qui montre que « les écoles arabes dirigées par le gouvernement sont aux antipodes des écoles juives gérées par celui-ci. Dans pratiquement chaque domaine, les enfants arabes palestiniens reçoivent une éducation inférieure à celle des enfants juifs et leurs résultats relativement médiocres reflètent cet état de fait. »

Environ 100 villages palestiniens en Israël - dont la plupart ont été créés avant l'état d'Israël lui-même - ne sont pas reconnus par le gouvernement israélien et ne sont donc pas repris sur les cartes et ne reçoivent aucun service (eau, électricité, sanitaires, routes, etc.). Plus de 70 000 Palestiniens vivent dans ces villages non reconnus. Parallèlement, des centaines de nouvelles villes juives ont été établies sur des territoires confisqués aux Palestiniens.

Q: L'OLP a-t-elle refusé une "offre généreuse" de paix à Camp David en 2000?

R: Non. En fait, il n'y a pas eu « d'offre » de la part d'Israël si par ce terme l'on entend un projet complet de résolution des différences marquantes entre les parties. Dans la mesure où les positions d'Israël sur un nombre réduit de problèmes ont pu être discernées, elles ne se sont pas avérées « généreuses ». Enfin, même si les négociateurs palestiniens n'étaient pas d'accord avec les exigences israéliennes, ils ne les ont pas pour autant rejetées mais ont cherché à continuer les négociations et ont proposé des solutions basées sur des principes de loi et de justice internationales acceptés de longue date.

Q: Qu'est-ce qu'une intifada?

R : Intifada est un mot arabe dérivé d'un verbe signifiant « secouer ». C'est le terme utilisé pour décrire les deux soulèvements principaux contre l'occupation militaire israélienne de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza.

Q: Les Arabes et les Juifs ne sont-ils pas en conflit depuis des millénaires? Y a-t-il réellement une solution ?

R : En fait, les Juifs et les Arabes ne sont en conflit que depuis un siècle environ. Alors que les Juifs faisaient face à des expulsions répétées et à la persécution en Europe, les Juifs dans le monde arabe, même s'ils rencontraient certains problèmes, s'en sortaient mieux. Les Juifs, en tant que Gens du Livre dans la Loi islamique, ont droit à des protections légales et bénéficient de certains droits. Il est vrai qu'ils n'ont pas toujours été égaux aux musulmans et des incidents anti-sémites se sont produits dans de nombreux endroits du monde musulman et arabe à travers les siècles, dont certains graves. Mais la sévérité et la fréquence de ceux-ci étaient moindres comparés à ceux survenus en Europe.

Il n'y a aucun doute sur le fait que le conflit brutal actuellement en cours entre Israël et les Palestiniens, ainsi que dans les états arabes voisins, a créé énormément de haine de chaque côté. Mais il est tout simplement faux de dire que l'histoire montre que les Juifs et les Arabes ne peuvent pas vivre ensemble. Ils l'ont déjà fait par le passé et, dans un état moderne et laïque, pourraient bien le faire à nouveau mais sur un plus grand pied d'égalité que ce qui a existé dans le passé.

Q: Que veulent les Palestiniens?

R : Les Palestiniens, selon l'endroit où ils vivent, font face à des défis différents et ont donc des préoccupations différentes. Cependant, ce qu'ils ont tous en commun, c'est un désir élémentaire de liberté et de droits égaux.

Les Palestiniens vivant en Israël veulent les mêmes droits que les citoyens juifs de l'état. Les Palestiniens vivant en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza veulent la fin de la domination militaire israélienne dans chaque domaine de leur vie quotidienne - que ce soit via une occupation militaire directe, comme en Cisjordanie, ou un contrôle de l'extérieur, comme dans la Bande de Gaza - et des droits à la liberté et l'auto-détermination nationale, égaux à ceux des autres groupes nationaux. Et les réfugiés palestiniens et autres vivant en exil veulent le droit de rentrer chez eux s'ils le désirent et de recevoir une compensation et un soutien pour se réétablir, tout comme les autres populations réfugiées dans le monde.

Q: Qu'était le plan de désengagement de Gaza et comment a-t-il affecté les Palestiniens?

R: Le désengagement de Gaza faisait partie d'un plan unilatéral adopté par le gouvernement israélien sans consultation des Palestiniens, avec l'accord du gouvernement des Etats-Unis. Le désengagement a commencé en 2005, lorsqu'Israël a évacué environ 8500 civils de 21 colonies dans la Bande de Gaza et 500 autres de quatre plus petites colonies dans la partie nord de la Cisjordanie - environ 2% du total des colons israéliens en territoire palestinien.

Les troupes israéliennes ont commencé à se déployer à l'extérieur de la Bande de Gaza, tout en continuant de contrôler la côte, les frontières et l'espace aérien. Israël continue d'approvisionner Gaza en eau, en électricité et autres services vitaux. Israël se réserve également le droit d'intervenir militairement, y compris de manière préventive, pour se « défendre ».

Dans un sens, ceci représente un changement (sous la forme d'une occupation militaire) d'un contrôle direct vers un contrôle indirect. Dov Weisglass, un proche conseiller du Premier ministre Ariel Sharon, a déclaré dans un entretien avec le journal Ha'aretz en octobre 2004 que le but était de mettre le processus de paix dans du « formol » afin de retarder la création d'un état palestinien de manière indéfinie et de libérer Israël de la pression d'effectuer d'autres retraits de Cisjordanie.

Q: Qu'est-ce que le mur israélien ou barrière de séparation israélienne ?

R : En octobre 2003, Israël a commencé la construction d'une « barrière de séparation » en Cisjordanie occupée, invoquant des raisons de sécurité. La barrière consiste, en certains endroits, en un mur de plus de 7 m de haut avec des fils barbelés, des tranchées, des miradors, des barrières électrifiées, des routes militaires, une surveillance électronique et des zones tampons qui atteignent jusqu'à 100 m de large. La majeure partie du mur sera construite sur des territoires confisqués aux propriétaires palestiniens en Cisjordanie - pas sur le territoire israélien. De nombreux foyers, commerces, vergers et autres biens palestiniens se trouvant sur le chemin du mur ont été détruits.

La construction du mur a été contestée devant la Cour Suprême d'Israël qui a ordonné à l'armée de rediriger la construction de certaines parties du mur, bien que la Cour pense qu'un mur construit sur des territoires palestiniens ne viole en principe pas la loi internationale. Cependant, le mur doit être justifié militairement parlant et se conformer au principe de « proportionnalité » (c'est-à-dire que le fardeau imposé aux civils doit être proportionnel aux bénéfices sécuritaires obtenus grâce à cette action militaire).

Le mur a également fait l'objet d'un cas devant la Cour International de Justice. Le verdict de celle-ci, annoncé en juillet 2004, a été que le mur est illégal et qu'il doit être démantelé. La Cour a exigé d'Israël qu'il compense les Palestiniens ayant subi des dommages suite à la construction du mur. Des états-tiers doivent également s'assurer qu'Israël obtempère. Bien qu'il s'agisse d'un conseil qui n'engage en rien les parties, le jugement de la CIJ est une déclaration faisant autorité sur le statut du mur en droit international. Durant le jugement, les 15 juges de la Cour ont trouvé que les colonies israéliennes dans les Territoires occupés, y compris Jérusalem Est, violaient le droit international.

Le mur a fait l'objet de manifestations hebdomadaires en Cisjordanie durant ces cinq dernières années. Menées par des Palestiniens, ces manifestations utilisent des techniques non violentes comme des sit-ins ou des blocages de route et attirent de plus en plus de soutien des Israéliens comme de la communauté internationale.

Q: Que s'est-il passé durant l'invasion israélienne de Gaza en 2008?

R : Selon le Rapport Goldstone, dont l'avis a été corroboré par les groupes de défense des droits de l'homme internationaux et israéliens, les Forces de Défense israéliennes (FDI) et les groupes armés palestiniens ont commis des crimes de guerre et possiblement des crimes contre l'humanité. Tandis que le rapport condamnait les violations des deux côtés, il différenciait clairement la sévérité morale et légale des violations des forces israéliennes comparées à celles du Hamas et autres groupes armés palestiniens moins coupables. « ... la Mission conclue que des infractions graves à la Quatrième Convention de Genève ont été commises par les forces armées israéliennes à Gaza : homicide intentionnel, torture ou traitements inhumains, le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter porter des atteintes graves à l'intégrité physique ou à la santé, et destruction de biens non justifiée par des nécessités militaires et exécutée sur une grande échelle de façon illicite et arbitraire. En tant qu'infractions graves, ces faits engagent la responsabilité pénale de leurs auteurs. » (NdT - Traduction de La Situation des Droits de l'Homme en Palestine et dans les autres territoires arabes occupés, version française 2009)

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