Depuis l'élection de François Hollande, les agressions antimusulmanes continuent de se multiplier...

Il y a quelques mois, déjà : l'Observatoire national contre l'islamophobie (ONI) du Conseil français du culte musulman avait relevé une « forte augmentation », en 2011, dans notre cher et vieux pays, des « actes islamophobes et antimusulmans » - qui avaient, de fait, crû de 34%, par rapport à l'année précédente.

L'ONI avait alors considéré que cette hausse était principalement imputable aux menées d'une droite gouvernementale qui venait de passer, dans la dignité, l'entièreté d'un quinquennat à organiser d'incessants « débats » (sur la burqa, sur la laïcité, sur l'identité nationale) où des politiciens « soucieux de se maintenir au pouvoir en déclarant que "les musulmans étaient un problème pour la France" » avaient « perdu leur âme » - et dont l'effet concret, toujours le même, avait été de stigmatiser « l'islam et les musulmans ».

Problème : depuis l'élection, en mai dernier, de François Hollande, le nombre de ces exactions a continué de croître - dans des proportions « inquiétantes ». Les « menaces » islamophobes ont ainsi augmenté de 58,1 % entre le mois d'octobre 2011 et le mois d'octobre 2012, cependant que les « actions » antimusulmanes s'exhaussaient de 39,6 % - compte non tenu des nombreux cas qui n'ont pas fait l'objet d'une plainte, car leurs victimes ont estimé « à tort ou à raison » que celle-ci resterait sans effet (1).

Preuve qu'en vérité, l'entretien (par la libération, notamment, d'une parole prétendument « décomplexée » où la fustigation de l'islam est présentée comme une vertu émancipatrice) d'un climat propice à ces passages à l'acte n'est pas seulement imputable aux apprentis sorciers d'une droite « républicaine » que plus rien ne différencie, en de telles matières, du Front national - et que les responsabilités de cette « vague antimusulmans » sont à chercher, aussi, dans des parages moins immédiatement connotés : il serait par exemple intéressant d'interroger enfin le rôle de la presse dominante, qui, dans le même temps qu'elle mentionne (toujours très ponctuellement, et sans jamais les resituer dans leur longue continuité) ces violences, continue d'entretenir une représentation anxiogène de la religion musulmane.

De même : il conviendrait de mesurer l'influence de la perpétuation, par des personnalités de « gauche », d'un alarmisme où l'islam est, par exemple, systématiquement associé ou renvoyé au « terrorisme » .

Mais cela nécessiterait une prise de conscience où personne ne semble vouloir se hasarder : de la même façon qu'Abdallah Zekri, président de l'ONI, avait été poliment éconduit par la droite gouvernementale lorsqu'il avait demandé l'an dernier à être reçu à l'Élysée, son récent appel à François Hollande pour que celui-ci déclare la lutte contre le racisme antimusulman « cause nationale » - au même titre, exactement, que la nécessaire dénonciation de l'antisémitisme - n'a semble-t-il pas encore été entendu...

(1) L'ONI estime qu' « il serait intéressant de connaître, en plus de ces statistiques, le nombre d'affaires dont les coupables sont arrêtés, identifiés et traduits devant la justice », et le détail de leurs « condamnations » : cela serait en effet utile à l'appréhension du phénomène.