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La une d’El País, le 1er février 2013
Les carnets secrets de l'ancien trésorier du Parti populaire (PP, au pouvoir), Luic Bárcenas, publiés par le journal El País jeudi 31 janvier, risquent bien de provoquer la chute du gouvernement espagnol.

Ces cahiers manuscrits révèlent le système de financement occulte du PP de 1997 à 2009 et le système de paiement en liquide de certains de ses membres, dont le Premier ministre Mariano Rajoy, qui aurait perçu 25 200 euros annuels entre 1997 et 2008.

Ces documents viennent confirmer l'enquête d'El Mundo, publiée le 20 janvier, dans laquelle plusieurs témoignages évoquaient ce financement occulte des membres du PP. Le parti avait alors nié vigoureusement et continue de la faire.

Dans un communiqué, il a affirmé n'avoir « qu'une seule comptabilité, qui est claire, transparente et soumise à la Cour des comptes ». La porte-parole du Premier ministre a également démenti son implication dans ce scandale.

« Les suspicions s'aggravent chaque jour »

Mais ce 1er février, la presse s'est montrée déterminée : l'affaire a fait la une des quotidiens. Les titres ne sont pas tendres.

A la une d'El País, cette affirmation : « 70% des dons consignés dans les carnets de Bárcenas violent la loi. »

Dans son éditorial, le quotidien réclame des explications :
« Les suspicions d'un financement illégal pesant sur le PP s'aggravent chaque jour. Le parti au pouvoir ne fait rien d'autre que déplacer son message de "je ne suis pas au courant" à "ce sont des mensonges", tenté hier par sa secrétaire générale, María Dolores de Cospedal.

Mais la démocratie mérite davantage : les citoyens ont besoin que les responsabilités politiques soient rapidement élucidées.

Le Premier ministre leur doit une explication claire et cohérente. »
« Rajoy ne connaît pas la honte »

Leurs confrères d'El Mundo, à l'origine de cette affaire, s'en prennent à l'ancien trésorier du parti : « Bárcenas se moque de la justice et met le gouvernement le dos au mur. »

Un entretien de José Luis Peñas, ex conseiller du PP, est publiée ce vendredi sur le site de Público.

L'homme, à l'origine de l'affaire Gürtel qui mettait déjà le PP en accusation dans une affaire de corruption, estime que « Rajoy ne connaît pas la honte » et ne se montre guère étonné par ces révélations, la corruption au sein du PP étant monnaie courante depuis de longues années.

Selon ABC, ce scandale offre à l'opposition un peu d« 'oxygène », « un moyen facile de s'en prendre au gouvernement et de réaffirmer leur unité au sein d'un parti profondément divisé ». Le chef de l'opposition, le socialiste Alfredo Pérez Rubalcaba, a exigé de savoir « si oui ou non, il avait été payé au noir ».

Sur Twitter, le « hashtag » (mot-clé) #lospapelesdebarcenas rassemble les réactions indignées des Espagnols. Alors que le gouvernement a amorcé une politique de rigueur sans précédent, 96% des Espagnols pensent que la corruption est répandue au sein de leur classe politique, selon un sondage récemment effectué par l'institut Metroscopia.