Quand l'aluminium nous empoisonne_Virginie-Belle, cover book
© Inconnu

Pour commencer cette année 2011, nous voulions absolument donner la parole à Virginie Belle, journaliste pour les quotidiens Le Parisien et France Soir qui fin 2010 a édité un essai stupéfiant sur les dangers de l'aluminium, alors qu'on en trouve dans nos vaccins, dans l'eau du robinet, dans nos rouges à lèvres, nos crèmes nourrissantes et même dans les déodorants.

Quand l'aluminium nous empoisonne aux éditions Max Milo est un bouquin nécessaire pour réveiller les consciences surtout à une époque où les scandales sanitaires émergent de toute part, avec le Médiator en tête.

Virginie Belle vous en parle dans cette interview, afin que plus tard on ne puisse plus dire : « ah bon, pourtant, je n'étais pas au courant ». Un essai édifiant et peu rassurant sur notre réalité.

La Fringale Littéraire - Bonjour Virginie Belle, vous êtes journaliste santé et depuis fin septembre 2010, vous proposez un ouvrage percutant et alarmant sur les dangers de l'aluminium sur notre santé. Quelles ont été vos motivations à défendre ce sujet inquiétant ?

Virginie Belle - Tout a commencé par un coup de fil à ma rédaction et la découverte d'une maladie appelée myofasciite à macrophages (1). Cette pathologie est liée à la présence d'hydroxyde d'aluminium dans les vaccins. Les symptômes sont très invalidants : douleurs musculaires et articulaires intenses, fatigue chronique et troubles cognitifs. Les premiers signes de douleurs apparaissent quelques mois après la vaccination. J'ai donc souhaité en savoir plus en rencontrant malades et chercheurs. Une porte s'est ouverte sur une maladie encore niée par une grande partie de la communauté médicale. En 2005, l'Afssaps devait d'ailleurs mener à terme une étude dont les résultats auraient pu amener à contre indiquer la vaccination avec un adjuvant contenant de l'hydroxyde d'aluminium chez des personnes présentant un terrain particulier. Cette étude n'a jamais été menée à son terme. C'est scandaleux ! L'objet de ce livre était donc de porter à la connaissance du public les derniers résultats des recherches relatives à cet adjuvant. Et si l'on retrouve des sels d'aluminium dans nos vaccins, on en retrouve également dans notre eau potable, nos cométiques et notre alimentation, sans que cette substance toxique ne soit bien règlementée. En dépit d'alertes émanant de chercheurs du monde entier, nous y sommes de plus en plus exposées.

La Fringale Littéraire - Vous avez mené une réelle enquête journalistique. Ce qui est gênant, c'est le parfum de véritable scandale sanitaire qui se profile. Injecté ou ingéré, l'aluminium s'avère être un poison. On a beau le savoir, peu de mesures sont prises. Pourquoi selon vous ?

Virginie Belle - C'est très surprenant en effet. Le nombre d'études scientifiques publiées sur les effets des sels d'aluminium sur la santé sont de plus en plus nombreuses. La toxicité de l'aluminium à haute dose est avérée, et cette substance n'a aucun rôle biologique, c'est-à-dire qu'elle n'a rien à faire dans notre organisme. Au contraire, nous avons même une heureuse tendance à l'excréter rapidement. Les sels d'aluminium sont pourtant utilisés dans les aliments comme additifs alimentaires, dans l'eau comme clarifiant, dans les cosmétiques comme opacifiant ou agent abrasif, et dans les vaccins comme adjuvant. Dans tous ces domaines des alternatives existent mais retirer l'aluminium de ces produits aurait un coût important pour les différentes industries concernées. Et reviendrait à reconnaître qu'il y a un problème... On voit pourtant que le « sans aluminium » devient un argument de vente pour les déodorants. Signe que les choses bougent.

La Fringale Littéraire - Votre livre réveille les consciences au point de nous rendre parano sur certaines habitudes quotidiennes aux apparences inoffensifs comme emballer un jambon-beurre dans du « papier alu », se badigeonner de déodorant sous les aisselles, ou d'écran total, boire de l'eau du robinet ou du lait en poudre... Votre livre est aussi flippant qu'un thriller de Maxime Chattam ?

Virginie Belle - La partie consacrée à la myofasciite à macrophages devait s'appeler le mystère myo, en référence au livre de Gilles Bornais, Le mystère Millow (2), roman policier historique. C'est en effet un véritable thriller scientifique dont nous n'avons pas encore saisi l'importance. Le biochimiste anglais Christopher Exley, qui étudie l'aluminium depuis 25 ans, explique « que l'aluminium est reconnu comme toxique et ce, tout particulièrement pour le cerveau. Nous sommes régulièrement exposés à des niveaux d'aluminium, par exemple, dans les préparations pour les nourrissons, susceptibles de tuer des poissons en l'espace de deux jours. Que penseriez-vous si l'on vous révélait que l'exposition à l'aluminium a été reliée à de nombreuses maladies humaines, y compris la maladie d'Alzheimer, la sclérose en plaques, le diabète etc. Vous vous attendriez à ce que l'exposition à un facteur reconnu si toxique et qui ne joue aucun rôle essentiel dans les systèmes biologiques soit soumis à des réglementations qui nous protègent de tout mal potentiel. Il n'existe aucune réglementation sur l'utilisation de l'aluminium dans une quelconque application, que ce soit dans les domaines de la médecine, des cosmétiques ou des aliments. » (3) De telles alertes devraient logiquement se traduire par la mise en place d'un principe de précaution.

La Fringale Littéraire - Ironie de votre enquête, l'aluminium est présent dans les vaccins dont le but est de nous prémunir et non de nous exposer à de nouveaux dangers. Comment une telle contradiction est-elle possible ?

Virginie Belle - Je vous rejoins, il y a une réelle contradiction. Les adjuvants aluminiques sont très efficaces pour la majeure partie d'entre nous, mais chez une partie de la population, il serait capable de créer un grave désordre immunitaire. Un problème sous-estimé et mis en évidence par les chercheurs de l'hôpital Henri-Mondor de Créteil.

« Jusqu'à maintenant, ce que devenait cet hydroxyde d'aluminium une fois injecté dans le muscle restait incertain, ainsi que le lien de cause à effet entre l'injection et l'apparition dans une population à risque de manifestations cliniques. Un grand pas a été fait cet été, quand on a montré sur des souris que 50% des particules d'aluminium qu'on leur avait injectées se retrouvaient successivement dans les ganglions lymphatiques, dans le sang circulant, puis, très tardivement, dans le cerveau, qui les accumule inexorablement », explique le Professeur Gherardi (4).

Les agences ont le devoir aujourd'hui de financer les travaux complémentaires afin de pouvoir identifier clairement les problèmes relatifs à cet adjuvant. Car nous sommes potentiellement tous concernés.

La Fringale Littéraire - Virginie Belle, avec ce bouquin, vous n'avez pas que des amis maintenant ? Comment les industries concernées réagissent-elles ?

Virginie Belle - L'association française de l'aluminium a réagi avec virulence, expliquant que les études citées avaient été contredites. Faux ! Toutes les études citées dans cet ouvrage sont accessibles sur le site Pub Med, qui recense toutes les publications médicales. Des chercheurs mondialement reconnus parlent de leurs travaux et partagent leurs inquiétudes. L'académie de médecine, par la voix de Pierre Bégué et plus récemment l'Académie de Pharmacie parlent de propos fantaisistes. Quel mépris pour les chercheurs et les consommateurs ! Les nouveaux résultats de l'équipe de l'hôpital Henri Mondor de Créteil ont apporté des informations capitales sur la compréhension du fonctionnement des adjuvants contenant de l'hydroxyde d'aluminium. Les derniers résultats des professeurs canadiens Shaw et Petrik ont montré les effets de l'hydroxyde d'aluminium sur les neurones moteurs (5). Les derniers travaux du professeur Chris Exley mettent en évidence les teneurs élevées d'aluminium dans les laits infantiles industriels et les risques induits sur la santé des nourrissons (5). C'est maintenant aux agences de santé publique de soutenir la recherche afin que des réponses claires puissent être apportées aux consommateurs. Il est temps.

Notes

Site de l'association Entraides aux malades atteints de myofasciite à macrophages (E3M)

Gilles Bornais, Le mystère Millow, Grasset & Fasquelle, 2007.

Correspondance personnelle avec le professeur Christopher Exley. Les publications du chercheur sont accessibles sur Keele

Pr Gherardi - « Des nanoparticules peuvent parvenir au cerveau de personnes prédisposées » (Dépêche AFP)

Petrik (M.S.), Wong (M.C.), Tabata (R.C.), Garry (R.F.) et Shaw (C.A.), « Aluminium Adjuvant Linked to Gulf War Syndrome Induces Motor Neuron Death in Mice », in NeuroMolecular Medicine, vol. IX, nº 1, 2007, p. 83-100.

Burrell (Shelle-Ann M), Exley (Christopher), « There is (still) too much aluminium in infant formulas », BMC Pediatrics 2010, 10:63doi:10.1186/1471-2431-10-63).