Durant une journée, un enfant absorberait près de 50 substances cancérogènes simplement en mangeant ...

Des chiffres qui font froid dans le dos: en une seule journée, avec trois repas et un encas, un enfant consommerait 128 résidus chimiques, dont 42 substances classées cancérogènes possibles et cinq substances cancérogènes certaines. Les résultats inquiétants de l'étude menée par l'association Générations futures et le réseau européen Heal (Health and environement alliance) démontrent que l'alimentation pourrait être une des causes de l'augmentation du nombre de cancers en France.

128 résidus chimiques différents: un cocktail inquiétant

Pour démontrer l'importance des facteurs environnementaux dans l'apparition des cancers, Générations futures a commencé par détecter les substances présentes dans nos assiettes. L'étude a été menée sur les menus types d'un enfant de dix ans, suivant les recommandations du Plan national nutrition santé: petit-déjeuner à base de pain de mie, beurre et confiture, déjeuner de cantine avec une salade composée, un steack haché accompagné de haricots verts , du pain et du raisin, encas de quatre heures, et dîner composé d'un plat de saumon et riz, fromage et fruit. Résultat: 128 résidus chimiques absorbés dans une journée, qui représentent 81 substances chimiques différentes, dont 36 pesticides, 47 substances suspectées d'être cancérogènes et 37 perturbateurs endocriniens.

L'alimentation biologique permet de réduire l'absorption de substances chimiques, même si elle ne résout pas tous les problèmes: «Avec le bio, on élimine 36 substances, dont 18 cancérogènes, de nos assiettes», précise François Veillerette, porte-parole de Générations futures.

Parmi les substances les plus couramment observées, on retrouve le bisphénol A et les phtalates présents dans les plastiques et les emballages, mais également des pesticides, des additifs alimentaires (conservateurs ou colorants), des métaux lourds, et même des retardateurs de flamme bromés. « Les substances identifiées se limitent aux normes officielles, mais c'est le cocktail qui est inquiétant», explique François Veillerette.

Plus de précautions, notamment pour les femmes enceintes

Pour le médecin nutritionniste Laurent Chevallier, il est nécessaire que des recherches soient menées sur les effets cumulatifs de ces produits: « Cette étude est démonstrative, elle a pour but d'inciter les pouvoirs publics à se saisir du problème. Personne n'est épargné par ces maladies chroniques, mais l'épidémie de cancer n'est pas une fatalité. Il faut une politique de prévention car l'exposition à ces produits a des effets retardés: je suis indigné qu'on ne donne pas plus de précautions à suivre aux femmes enceintes».

« Pour moi c'est une bonne nouvelle!, s'exclame François Veillerette. En France, un million de personnes par an font un séjour à l'hôpital à cause du cancer. Si on arrive à caractériser l'exposition de la population, cela donne un point d'appui pour mettre en œuvre des actions et enrayer l'épidémie de cancer».