Budapest
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Budapest (Hongrie), samedi. Pompiers et policiers ont condamné l'accès à certaines voies sur berge dans la capitale
Comme ses voisins d'Europe centrale qui font face à des pluies diluviennes depuis une semaine, la Hongrie a les pieds dans l'eau. Le Danube a atteint samedi un niveau historique à Budapest, la capitale. Dimanche, il a atteint 8,90 mètres de hauteur à 14 heures, soit 30 centimètres de plus que lors des précédentes inondations de 2006. Il ne devrait pas continuer à augmenter mais pourrait encore varier de quelques centimètres dans les heures à suivre. Ce pic de crue devrait se maintenir jusqu'à 20 heures environ, et il faudra attendre 7 à 8 jours pour avant un retour à la normale.

Les digues tiennent bon en Hongrie

Pour l'heure, les berges de Budapest sont impraticables, mais les digues de protection tiennent bon, a assuré le maire de la capitale, Istvan Tarlos. «Il y aura des infiltrations d'eau, ce qui est normal, mais nous pouvons gérer la situation», a-t-il assuré.

Dans le reste du pays aussi, les digues sont restées en place. Même dans l'ouest et le nord-ouest, où tous les records de niveau de crue ont été dépassés. Les volontaires et le personnel anti-catastrophe y ont travaillé 24 heures sur 24 et quelque 1000 personnes ont été évacuées. Trois villages du nord-ouest restent cependant entièrement isolés, Pilismarot, Dömös et Kisoroszi. Par précaution, des forces de protection des digues se sont postées dans le département de Györ-Moson-Sopron (ouest) et prévoient d'y rester jusqu'au 13 juin.

Aucun mort en Hongrie, panique en Allemagne

La Hongrie connaît certes, selon son Premier ministre Viktor Orban, ses «pires inondations de tous les temps», mais elle s'en sort plutôt bien par rapport à ses voisins européens. Elles n'ont fait aucun mort ni aucun blessé pour l'instant dans le pays magyare, tandis qu'ailleurs elles ont fait 18 morts, dont 10 en République tchèque.

Actuellement, c'est l'Allemagne qui panique le plus. Une digue a cédé ce dimanche au sud de Magdebourg (Saxe-Anhalt, est du pays), sous l'effet d'une trop forte crue de l'Elbe et de la rivière Saale. «Madgdebourg vit la pire crue de ses 1200 ans d'histoire», écrit le quotidien berlinois «Die Berliner Zeitung». Les autorités ont décidé d'évacuer 23.500 habitants. Des centaines de soldats travaillent désormais à renforcer une digue protégeant une installation électrique cruciale pour empêcher de nouvelles coupures de courant dans la ville. De son côté, le président allemand Joachim Gauck a consacré sa journée à une visite dans les villes touchées par les inondations en Saxe et en Saxe-Anhalt, Le gouvernement de la chancelière Angela Merkel préparait une réunion de crise avec les dirigeants des Länder pour discuter de la répartition des coûts des inondations.

«Les gens doivent vraiment partir»

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«Nous espérons que les (autres) digues vont résister à la pression ces prochains jours, mais on ne peut pas en être certains à 100%», a déclaré Andreas Hamann, porte-parole des pompiers de Hanovre et responsable des opérations dans le sud et l'est de Magdebourg. Compte tenu du danger, «les gens doivent vraiment partir», insistent les autorités. Selon le rpoline.de, le niveau de l'eau aurait très légèrement baissé. Le corps d'un retraité de 74 ans a été retrouvé dimanche soir dans l'Elbe. Rien ne prouve pour l'instant qu'il s'agisse d'une victime de la crue. Les inondations ont fait trois morts en Allemagne, sur 18 victimes comptabilisées pour l'instant en Europe.
Les inondations en Europe centrale vont coûter des milliards d'euros

Les inondations qui frappent de vastes zones d'Allemagne, Autriche, Hongrie, République tchèque et Suisse, vont coûter des milliards d'euros en cultures gâchées, usines à l'arrêt, bâtiments ou infrastructures endommagés.

En Allemagne, le président de la chambre de commerce et d'industrie, Eric Schweitzer, estime que l'ampleur des dégâts devrait dépasser celle des inondations historiques de 2002, qui «avaient coûté environ 11 milliards d'euros à l'économie». Le ministère de l'Agriculture parle de 335.000 hectares entièrement ou partiellement engloutis et de 172,6 millions d'euros de dégâts déjà signalés, surtout en Bavière
En Suisse, les intempéries ont causé pour au moins 33,3 millions d'euros de dégâts matériels, notamment des bâtiments et stocks commerciaux abîmés, selon l'Association Suisse des Assurances (ASA) qui prévoit que le chiffre sera revu à la hausse.
En République tchèque, le Premier ministre Petr Necas anticipe l'équivalent de plusieurs centaines de millions d'euros de dégâts, le bilan précis n'étant pas attendu avant une ou deux semaines. Quelque 35.000 hectares de terres agricoles sont sous l'eau et cela pourrait monter à 80.000, selon le chef de la chambre agraire Jan Veleba. Les assureurs tchèques ont évoqué un coût d'au moins 294 millions d'euros pour leurs compagnies.
En Hongrie, les trois précédents épisodes d'inondation avaient coûté au pays 140 millions d'euros en 2002 (0,2% du PIB), 280 millions en 2006 (0,4% du PIB) et 480 millions en 2010 (0,6% du PIB), selon une analyse du site économique Portfolio.
En Autriche, le groupe d'énergie Verbund a arrêté sept de ses neuf centrales hydrauliques et les relance progressivement.