Ces derniers jours, une véritable hécatombe chez les abeilles s'est produite dans l'Oregon. Près de 25.000 abeilles ont été découvertes mortes ou mourantes. Les causes de l'événement sont encore inconnues. Décorticage des causes probables à l'occasion des APIdays.


Les abeilles sont en déclin depuis un peu plus d'une quinzaine d'années. La mortalité des colonies a augmenté de 30 % et ne semble pas se stabiliser. L'insecte butineur est en proie à différents fléaux : maladies, parasites, pesticides, etc. Chaque année, des milliers de colonies disparaissent, mais les scientifiques ont du mal à comprendre l'impact et la dominance de chaque fléau. Ce qui est certain, c'est que l'intensification des monocultures, le développement d'agents pathogènes tels que la varroase, le stress chimique lié aux produits phytosanitaires et l'introduction d'espèces invasives prédatrices (comme le frelon asiatique) sont tous mis en cause.

Dans l'Oregon, depuis quelques jours, 25.000 abeilles ont été découvertes mortes ou mourantes sur un grand parking d'une ville au sud de Portland. Elles jonchaient le sol, tombant des grands tilleuls européens comme des mouches. « Je n'ai jamais vu un événement pareil », commente Mace Vaughan, membre du programme de conservation des pollinisateurs. Avec son collègue Rich Hatfield, cela fait deux jours qu'il récolte sur le lieu de l'hécatombe des échantillons de pollen, des cadavres d'abeilles et des spécimens à l'agonie.

Il est encore trop tôt pour expliquer une telle hécatombe, les raisons pouvant être multiples. Les abeilles ont pu être empoisonnées par des espèces ayant élu domicile dans les tilleuls. Ce type d'arbre est potentiellement toxique pour les butineuses. Il est également traité avec des insecticides pour éliminer les pucerons qui l'envahissent. Les produits chimiques pourraient ainsi bien être en cause. Trop tôt pour répondre donc, mais il convient de garder à l'esprit que derrière la mort de 25.000 individus, ce sont en réalité des centaines de colonies qui risquent d'y rester.

Effets des pesticides sur les abeilles de mieux en mieux connus

La majorité des fléaux infligés aux butineuses peuvent être contrôlés par l'Homme. Dans ce contexte, en France, depuis 2005, l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf) a développé un programme « L'abeille, sentinelle de l'environnement » pour sensibiliser le grand public, les collectivités et les entreprises à la sauvegarde de l'espèce. Vendredi 21 juin et samedi 22 juin, ce sont les APIdays. Nombre d'apiculteurs ouvrent leurs ruches, et communiquent leur savoir dans toutes les régions de France.

Des progrès ont été faits dans les recherches sur les effets des pesticides. Les insecticides néonicotinoïdes sont sur le devant de la scène, car les plus utilisés dans le monde. Des recherches ont pourtant mis en évidence leurs effets néfastes sur les abeilles. Ils agissent sur le système nerveux de l'insecte, et ce dès l'absorption de quelques nanogrammes. L'abeille serait désorientée, incapable de retrouver sa ruche. Une autre étude suggère que l'absorption de néonicotinoïdes affecterait la mémoire de l'insecte.

Les abeilles contribuent à la pollinisation de 80 % des espèces de plantes à fleurs. L'Inra rapporte qu'en France, 70 % des 6.000 espèces de plantes recensées, sauvages et cultivées, sont pollinisées par des insectes. Le déclin des abeilles, mais aussi d'autres espèces pollinisatrices menacées par les pesticides, menace la biodiversité dans son ensemble.

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