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La réforme de l'assurance médicament en 1997 au Québec a été accompagnée par une augmentation spectaculaire de l'utilisation du Ritalin (méthylphénidate) et d'autres médicaments stimulants (Adderall, Concerta...) pour traiter le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). 44 % du Ritalin prescrit au Canada est consommé au Québec qui représente 23% de la population.

Une étude, publiée en juin 2013 comme document de travail par le National Bureau of Economic Research, a examiné si cette augmentation a été associée avec des améliorations dans le fonctionnement émotionnel et les résultats académiques à court et long termes chez les enfants atteints du TDAH.

Janet Currie de l'Université Princeton et ses collègues des universités de Toronto et Cornell [Mark Stabile et Lauren E. Jones] ont analysé les données d'un échantillon, représentatif nationalement, de plus de 15 000 enfants et leurs familles suivis pendant 14 ans, rapporte The Atlantic.

Plus les symptômes du TDAH des enfants étaient sévères, plus leurs scores sur toutes les variables mesurées étaient faibles. Mais bien que confirmant une augmentation de l'utilisation du Ritalin et d'autres médicaments stimulants, surtout chez les enfants ayant un TDAH sévère, "peu d'amélioration globale des résultats" ont été constatés.

Au contraire, les enfants ayant des symptômes d'ADHD sévères étaient plus susceptibles d'être en retard académiquement, de recommencer des années scolaires et d'avoir de faibles résultats en mathématiques. L'effet était plus marqué chez les garçons qui étaient aussi plus susceptibles de quitter l'école. Les enfants qui avaient des symptômes de TDAH de sévérité moyenne, catégorie dans laquelle se retrouvent les filles, ont connu une augmentation de 24 % de problèmes émotionnels lorsque le Ritalin est devenu plus couramment utilisé.

Les auteurs font l'hypothèse que les médicaments rendant les enfants moins perturbants, ces derniers recevraient moins d'attention. Les médicaments peuvent devenir, disent-ils, un substituts pour d'autres types d'interventions cognitives et comportementales qui pourraient être nécessaires pour les aider à apprendre. Une autre hypothèse est que les médicaments pourraient empirer les symptômes lorsque pris sur le long terme.

Ces résultats "sont muets" sur les effets d'une utilisation optimale des médicaments pour le TDAH, soulignent les auteurs, mais ils suggèrent que l'expansion de l'utilisation de ces médicaments peut avoir des conséquences négatives étant donnée la façon dont ils sont généralement utilisés.