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Selon une récente étude, le régime alimentaire d'une souris modifie le métabolisme de ses rejetons, sans passer par la case "ADN". Allo Papa bobo, Papa comment tu m'as fait chuis pas beau...

La génétique, c'est plus ce que c'était, ma bonne dame. Il y a une vingtaine d'années, tout le monde était d'accord. Un gène codait pour une protéine. Et pis c'est tout. Mais depuis lors, tout part en vrille. Aujourd'hui, l'on considère que près de 95% des gènes ne respectent plus les codes en vigueur : leur activité fluctue en fonction de paramètres très mal connus, leur localisation dans l'organisme (foie, rein, cerveau), l'âge du capitaine, l'alimentation...

La souris accouche d'une montagne... Darwin est fait comme un rat.

Comme si cela n'y suffisait pas, une équipe israélo-américaine vient de faire une nouvelle trouvaille. Les chercheurs se sont amusés à jouer sur l'alimentation de souris mâles, depuis leur sevrage jusqu'à leur maturité sexuelle. Galanterie oblige, les femelles étaient, elles, toutes au même régime. Résultat : les souris mal(es) nourries (carencées en protéines) ont développé des mécanismes "épigénétiques" (l'expression d'un gène est modifié sans que le gène lui-même le soit) qui ont conduit à l'augmentation de l'activité des gènes responsables de la synthèse du cholestérol et des lipides. Jusqu'ici, tout va bien. Quand l'organisme n'a rien à manger, il a tendance à stocker davantage.

Nos enfants seront ce que nous mangeons

Sauf que le mécanisme a aussi été transmis aux descendants, alors que ceux-ci ont toujours été nourris normalement. En tout, les chercheurs ont dénombré 445 gènes dont l'expression a été fortement affectée chez les petits. D'autres études étaient auparavant parvenues au même résultat, mais aucune n'avait pu totalement exclure l'hypothèse de facteurs socio-"psycho"-éducatifs. C'est fait. Conclusion des chercheurs : les "effets transgénérationnels de l'alimentation pourraient avoir des implications dans l'épidémiologie de plusieurs maladies majeures de l'être humain". Bouffez du hamburger, c'est votre progéniture qui crèvera d'une crise cardiaque...

Epi(dé)génétique

Mais le meilleur est à venir : les scientifiques ont eu beau chercher partout (ADN, ARN, MicroARN...), ils n'ont détecté aucune modification correspondante dans les gènes transmis via les spermatozoïdes. Deux possibilités : soit il existe un autre mécanisme de transmission de l'information génétique (et/ou épigénétique) que les gènes, soit les gènes ne s'expriment - toujours - pas comme on le pense (hypothèse moins poétique, mais un peu plus probable). En tout cas, ce que l'on considérait comme une hérésie il y a quelques années, à savoir le fait que l'adaptation à l'environnement (pour le meilleur et pour le pire) se transmette de génération en génération, est maintenant largement admis. Reste à savoir comment...

Bon réveillon, et pensez à vos (futurs) enfants... n'abusez pas des bonnes choses.