Traduit de l'anglais par Résistance 71

Science, plague
© Fabrizio Bensch/Reuters


Des scientifiques ont reconstruit le génome de la toute première peste bubonique de l'histoire et l'ont comparé aux deux pandémies ultérieures. Des souches plus sophistiquées de la maladie qui a tuée des millions d'Européens dans des périodes du Moyen-Age pourraient voir le jour dans le futur, avertissent-ils.


Des chercheurs ont réussi à tirer l'ADN de la maladie des dents de deux victimes de la peste du Justinien, une pandémie qui balaya l'empire byzantin en 541-42 ap. J.-C., victimes trouvées dans un cimetière médiéval en Bavière, d'après une étude publiée mardi par la revue du Lancet sur les maladies infectieuses.

La peste de Justinien est pensée avoir éradiqué jusqu'à la moitié de la population médiévale connue à cette époque. La nouvelle recherche clairement fait le lien entre la peste de Justinien et la peste bubonique dite peste noire, qui fut diffusée par les rats au XIVe et XVIIe siècles ainsi que quelques autres pandémies ultérieures aux XIXe et XXe siècles.

La recherche montre que ce qui causa les trois pandémies fut la même bactérie Yersina Pestis (Y pestis) ; mais les souches de la première pandémie sont suffisamment différentes de celles des pandémies ultérieures pour alerter les scientifiques, qui croient que la même bactérie avec des lignées d'ADN différentes est un signe assez préoccupant.

"Ces résultats montrent que les espèces de rongeurs dans le monde représentent des réservoirs importants pour une ré-émergence de souches diverses de Y pestis dans les populations humaines", conclut l'étude.

Hendrik Poinar, le directeur du centre d'études des anciennes ADN de l'université McMaster au Canada a mené cette recherche et croit que les scientifiques doivent garder un œil averti sur la peste dans les populations de rongeurs, qui sont les porteurs principaux de la maladie, afin de prévenir de nouvelles apparitions futures chez les humains.

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© The Lancet.comLe cimetière de Bavière, en Allemagne (A). Le squelette d'une victime de la peste de Justinien (C). Objets (E) de la tombe (B) qui a permis aux scientifiques d'estimer la mort de la victime de la peste comme se produisant entre 525 AD et 550 AD. Une dent à partir de laquelle le génome de la plaie a été extraite (D).
Tandis que les antibiotiques modernes sont capables d'arrêter les souches connues de pestes, le chercheur n'a pas exclu la possibilité pour des mutations potentiellement dangereuse de la bactérie. Si une version aériennes émergeait, la peste de ce type pourrait tuer les gens en 24 heures après infection, a averti Poinar.

« Si nous assistons à des morts massives de rongeurs quelque part dans le monde avec la peste, alors cela deviendrait alarmant », a dit le scientifique à Associated Press.

L'avertissement a été repris par Tom Gilbert, un professeur d'histoire naturelle au musée du Danemark, qui a écrit un commentaire accompagnant l'étude.

« Ce que cela montre est que la peste est passée aux humains en plusieurs occasions et est devenue dévastatrice. Ceci montre que ce saut n'est pas difficile à effectuer et n'a pas été un manque de pot. »

La peste, une des plus anciennes maladies connues, demeure endémique (régionalisée) dans des zones surtout tropicales et sub-tropicales, d'après l'OMS. Une maladie de rongeurs, qui se propage par la piqûre des puces. Il y a environ 2000 personnes par an dans le monde qui souffrent de cette maladie.

Lorsqu'il est rapidement diagnostiqué et promptement traité, le patient guérit de la peste, réduisant la mortalité de 60 à moins de 15 % dit l'OMS.