pesticides dans un champ
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En France, 1 200 médecins ont signé un appel mettant en garde contre les risques des pesticides qui a été rendu public jeudi au Sénat, rapporte
Le Monde. Le même jour, se tenait un colloque usur le thème Pesticides, santé et biodiversité organisé le groupe d'études de l'Assemblée sur la santé et l'environnement.

L'appel est issu d'une initiative locale : « Tout a commencé (...) dans le Limousin, vers la fin 2012 : des riverains de zones d'épandage nous ont interpellés à propos des effets de ces pratiques agricoles sur leur santé », raconte Pierre-Michel Périnaud, médecin généraliste à Limoges.

Après avoir creusé le dossier scientifique les médecins ont, à notre tour, interpellé les responsables politiques locaux, essentiellement en vain.

En quelques mois, l'association a recueilli plusieurs centaines de signatures dans la communauté médicale. Des médecins de Guadeloupe et de Martinique se joignent au mouvement, sensibilisés à la question par l'imprégnation de ces deux départements par le chlordécone, un organochloré persistant dont les effets sanitaires (cancer de la prostate) sur les populations sont avérés.

Ils réclament entre autres que les dérogations à l'interdiction européenne des épandages aériens, notamment aux Antilles, soient moins fréquentes.

« Un de nos objectifs est aussi de crédibiliser la parole de nos patients, ajoute M. Périnaud. Lorsque vous avez un lymphome, il vous faut supporter le lymphome et ensuite supporter l'expertise, qui vous prend souvent de haut », précise le médecin.

Au printemps 2013, une expertise de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) reconnaissait que les pesticides sont impliqués dans plusieurs pathologies.

Au cours du colloque, les épidémiologistes Sylvaine Cordier et Isabelle Baldi, coauteures de cette expertise, ont rappelé « que les expositions professionnelles augmentent les risques de cancer de la prostate, de maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer), de cancer du sang, de troubles de la fertilité... », rapporte le quotidien. « Dans le cas d'expositions au cours de la période périnatale, une augmentation du risque de cancers pédiatriques (cancers cérébraux, leucémies) et de survenue de troubles cognitifs ou comportementaux est également avérée. »

Le ministre de l'écologie Philippe Martin a de son côté rappelé que la proposition de loi du groupe écologiste sur les phytosanitaires qui a été adoptée prévoit l'interdiction des pesticides de synthèse à partir de 2020 dans les espaces verts publics et 2022 dans les jardins et les potagers des particuliers. Il a aussi indiqué que le projet de loi d'avenir pour l'agriculture prévoit une réforme des procédures d'homologation des produits phytosanitaires.