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© AFP Doug Inkley, un responsable scientifique de l’organisation américaine National Wildlife Federation mentionne l’échouage chaque année depuis trois ans de quelque 500 tortues de mer visiblement affectées par la pollution dans le golfe du Mexique.
Les effets de l'immense marée noire qui a frappé le golfe du Mexique en 2010 se font toujours sentir. La faune souffre particulièrement des impacts de la pollution provoquée par la pétrolière BP, souligne un nouveau rapport américain.

«La science nous dit que l'impact de ce désastre est loin d'être fini et quoi que disent BP ou d'autres, le pétrole n'a pas disparu», souligne Doug Inkley, un responsable scientifique de l'organisation américaine National Wildlife Federation, dans ce rapport publié mardi.
«Quatre ans après, la faune dans le Golfe ressent encore les effets de la marée noire, ajoute-t-il. Les grands dauphins qui se trouvent dans les zones de la marée noire sont encore malades et meurent. Et il y a davantage d'indications que ces maladies et morts sont liées à Deepwater Horizon.»

«Il y a encore du pétrole sur les fonds du golfe, du pétrole qui s'échoue sur les plages et qui se trouve toujours dans les marécages. Je ne suis pas surpris», analyse Doug Inkley, cité par l'Agence France-Presse. Il rappelle d'ailleurs que 25 ans après l'accident de l'Exxon Valdez en Alaska, des espèces marines comme les orques n'ont pas totalement récupéré des effets de cette marée noire.

Tortues au bord de l'extinction

Outre l'impact sur les grands dauphins, M. Inkley mentionne aussi l'échouage chaque année depuis trois ans de quelque 500 tortues de mer visiblement affectées par cette pollution, une très forte augmentation par rapport à la normale. Au bord de l'extinction, ces tortues ont fait un retour spectaculaire ces trente dernières années mais depuis quatre ans leur population stagne.

Le rapport mentionne également une substance chimique dans le brut de la marée noire de BP qui provoque des irrégularités cardiaques chez les thons rouges et les thons albacore. Il cite aussi les effets sur certains oiseaux marins.

D'autres chercheurs universitaires américains ont découvert que la marée noire a eu des effets significatifs sur les succès de reproduction des poissons. Leurs embryons ont connu des malformations, mais aussi des mortalités plus élevées au moment de la reproduction. «Ces effets sont caractéristiques de la toxicité du pétrole», ont souligné les chercheurs, dont les résultats des travaux ont paru dans le magazine Environmental Science and Technology. Selon eux, cela démontre qu'«il est beaucoup trop tôt» pour prédire les effets à long terme de cette catastrophe environnementale.

BP au Canada

L'explosion en avril 2010 de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon a provoqué le pire déversement de pétrole brut de l'histoire des États-Unis. Le puits a laissé s'échapper pas moins de cinq millions de barils de pétrole dans le golfe du Mexique, et ce, pendant des mois. L'an dernier, soit trois ans après la catastrophe, BP a même dû relancer les opérations de nettoyage sur certaines parties des côtes de la Louisiane.

Même si elle a été pointée du doigt pour de nombreuses lacunes en matière de sécurité, la compagnie BP a obtenu le mois dernier le droit de prendre part aux enchères de droits d'exploration pétrolière en milieu marin, notamment dans le golfe du Mexique.

Par ailleurs, en novembre 2012, BP a aussi annoncé qu'elle comptait investir plus d'un milliard de dollars pour mener de l'exploration pétrolière en eau profonde au large de la Nouvelle-Écosse. En vertu de l'entente intervenue avec l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers, la pétrolière britannique a mis la main sur les droits d'exploration de quatre secteurs où elle compte se lancer dans des travaux d'exploration qui devraient s'étendre sur six ans.

Cette zone maritime se caractérise par sa riche biodiversité. Le gouvernement canadien prévoyait auparavant établir une zone de protection marine un peu à l'est de la zone qui sera soumise à des activités d'exploration pétrolière.