frHermann VAN ROMPUY
Le président non élu du Conseil européen, M. Hermann VAN ROMPUY, vient cyniquement de déclarer que « l'ensemble du territoire européen en dehors de la Russie sera à long terme, d'une façon ou d'une autre impliqué dans l'U.E. « . Pour faire bon poids, ce chef de file de l'oligarchie euro-atlantique a aussitôt ajouté : « Qu'il y ait un soutien pour cela chez les gens, je ne sais pas, mais de toute façon nous le ferons« .

En clair, l'U.E. qui, sous le protectorat de l'O.T.A.N., se mue rapidement en Union transatlantique pilotée par l'Axe Washington-Berlin, se sente en capacité d'officialiser brutalement sa détermination impérialiste : après avoir phagocyté, sans la moindre protestation de la gauche parlementaire française (P.C.F. inclus) les ex-pays socialistes d'Europe de l'est, la Drang nach Osten* de l'U.E. s'aggrave et s'accélère : la gentille « Europe démocratique » vise désormais très officiellement à s'annexer la totalité des ex-Républiques soviétiques hors Russie (après l'Ukraine, ce sera le tour de la Biélorussie et de la Moldavie, et tôt ou tard, c'est la Russie elle-même que ces messieurs voudront se partager...),. Et cela, on a bien lu la citation de l'eurocrate belge, que les peuples de l'Est et de l'Ouest soient d'accord ou non. Comme le disait ironiquement Brecht, quand les peuples ne consentent pas, les gouvernants n'ont plus qu'à changer de peuples.

Politiquement, tout cela porte un nom : guerre impérialiste à l'étranger et fascisation à l'intérieur des frontières de l'U.E., viol universel des peuples de l'Atlantique au Pacifique puisque, pendant que l' « Union transatlantique » se bâtit secrètement ici, Washington met en place l' « Union Transpacifique » avec ses féaux de l'Empire nippon en voie de remilitarisation rapide : l'union des samouraïs et des cow-boys sera à n'en pas douter d'un grand secours quand l'heure aura sonné d'agresser la République populaire de Chine... Et tout cela bien entendu, au nom de la « démocratie », des « droits de l'homme » et de la défense des « valeurs occidentales » (entendez : du Dow Jones, de la City, du C.A.C. 40 et du Nikei...) contre la « montée des périls », qu'ils soient « rouge », « jaune », « vert »...

Et l'Empire euro-atlantique ne se contente pas de parler. A l'intérieur de ses frontières mobiles, il bafoue la volonté populaire dès qu'elle fait obstacle à ses vues. On l'a vu avec les référendums successifs au Danemark, en Islande, en France, aux Pays-Bas : le Parti Maastrichtien Unique au pouvoir dans toute l'U.E. ne vous demande pas si vous voulez plus d'Europe ou moins d' « Europe », il vous demande seulement si vous en voulez plus ! Si vous votez Non, vous aurez l'U.E. au carré et en XXL puisque c'est manifestement en violation du Non français à l'euro-constitution que le M.E.D.E.F., le P.S. et l'U.M.P. ont décidé ensemble, dans le dos du peuple, d'accélérer le « saut fédéral européen » exigé par Angela Merkel. On l'a vu aussi dernièrement dans notre triste French-Eur'Holland en voie de « länderisation » à l'allemande du territoire national (ils s'agit de substituer 10 Euro-régions, dont certaines « transfrontalières », aux régions et aux départements existants) : l'Alsace républicaine et patriote ayant bêtement voté Non à la fusion de ses deux départements, qui eût abouti à sa satellisation de fait par le Land allemand du Bade-Würtemberg par création d'une « région transfrontalière » : qu'à cela ne tienne, les députés P.S. et U.M.P. ont aussitôt arrêté que les fusions de régions et de départements français pourraient désormais s'opérer... sans la moindre consultation populaire. Comme dirait ce bon Van Rompuy, « Qu'il y ait un soutien pour cela chez les gens, je ne sais pas, mais de toute façon nous le ferons. »

A l'extérieur des frontières mobiles de l'Empire européen, c'est déjà sanglant. Sans parler de l'Afrique ou du Proche-Orient, où l'U.E. en général, et le gouvernement « français » en particulier, s'agitent en première ligne pour déstabiliser et « convertir à la démocratie » les Etats récalcitrants (de Damas à Tripoli), il n'est que de voir ce que fomentent ensemble l'U.E. et les U.S.A. en Ukraine ; au risque d'allumer une guerre mondiale avec la Russie post-soviétique , l'enjeu est désormais d'installer l'O.T.A.N. et son bouclier « anti-missiles » sur toute la frontière occidentale de la Russie tout en implantant des bases américaines dans les ex- Républiques soviétiques d'Asie centrale à proximité immédiate à la fois de l'Inde, de l'Iran et de la Chine. On voit en effet, Fabius encouragé par toute notre « libre » presse en rangers, soutenir mordicus le « gouvernement » putschiste de Kiev : qu'importe aux PSEUDO-antifascistes du parti solférinien que des néo-nazis déchaînés tiennent le haut du pavé à Kiev et à Lvov, qu'ils interdisent le russe en Ukraine, qu'ils lynchent les députés communistes en plein parlement, qu'ils frappent le directeur de la Télé ukrainienne devant ses propres caméras, qu'ils laissent brutaliser des touristes israéliens de passage en Ukraine, qu'ils débarquent le gouvernement élu et occupent les bâtiments officiels (eux ont le droit, contrairement aux « pro-Russes »), qu'ils provoquent le voisin russe en menaçant ses accès les plus vitaux à la Mer Noire ? Qu'importe les dizaines de russophones brûlés vifs, après avoir été tabassés, dans la maison des syndicats d'Odessa, ville martyre de la Deuxième Guerre mondiale. Qu'importe que le projet des forces noires de l'« Euro-Maïdan » (dont l'aile marchante est constituée de nostalgiques des S.S. Têtes de mort qui ravagèrent l'Ukraine soviétique !), mène tout droit à l'annexion de l'Ukraine par l'U.E., donc à son absorption dans l'O.T.A.N., chose que Poutine a depuis toujours définie comme un « casus belli » (un cas de guerre et en l'occurrence, de guerre nucléaire mondiale !). Au passage, qu'auraient fait les « pacifiques » U.S.A. si, en 1984, le Pacte de Varsovie avait eu l'idée de s'élargir au Mexique et au Canada, d'implanter un système anti-missile à Ottawa et à Monterrey, tout cela à la faveur d'un coup d'Etat suscité par Moscou à Montréal ou à Mexico ? Qui ne se souvient de la manière dont le « démocrate » Kennedy, prédécesseur « sympa » du « pacifique » Obama a mis le monde aux portes de la guerre mondiale lors de la crise dite des « fusées de Cuba », l'U.R.S.S. ayant alors eu la sagesse de retirer ses fusées en échange d'un engagement de Washington à ne pas envahir l'Île en révolution ? Mais l'on peut douter qu'à l'inverse, les impérialistes euro-atlantiques connaissent l'usage de la marche arrière et qu'ils sachent pratiquer autre chose que la fuite en avant belliciste, inhérente à leur système en crise !

Comme l'a maintes fois expliqué Lénine, la politique extérieure d'un Etat ou d'un cartel d'Etats n'est que la continuation de la politique intérieure de cet Etat ou de ce groupe d'Etats ; elle est la projection vers l'extérieur des positions de classe défendues par les milieux dirigeants à l'intérieur de leurs frontières étatiques et à l'encontre de leur propre population travailleuse. Or, dans toute l'U.E. - et ce sera encore plus vrai si ce bloc réactionnaire parvient à se dissoudre dans le Grand Marché Transatlantique ! - c'est l'austérité patronale tous azimuts qui se déchaîne au seul profit du grand capital transcontinental et aux dépens de la classe ouvrière, des couches moyennes et de l'existence nationale de peuples entiers humiliés par la Troïka : on assiste à une véritable guerre contre les salaires et les conquêtes sociales avec en toile de fond la volonté des grands capitalistes de conjurer la crise sans fin de leur système en rehaussant sans cesse leur taux de profit. Souvent signalée par l'historienne Annie Lacroix-Riz, la proximité est de plus en plus flagrante entre notre époque contre-révolutionnaire et la situation qui prévalait dans les années trente : dans les deux cas règne une logique hyper-dangereuse de repartage impérialiste de la planète qui exige des peuples, et spécialement des militants communistes et antifascistes, un renforcement de leur vigilance, de leur unité et de leur combativité.

La différence entre les formes « anciennes » et les formes nouvelles de la fascisation est cependant suffisamment apparente pour que certains « communistes », voire certains « marxistes-léninistes », nient ou minimisent le processus de fascisation que comporte la « construction européenne », notamment depuis la chute de l'U.R.S.S. et la criminalisation massive des idées communistes qui s'en est suivie à l'est sous l'égide de la Grande Allemagne « réunifiée » : comment peut-on oser comparer les « démocrates propres sur eux » de la commission européenne ou de la Maison-Blanche avec les voyous vociférateurs du Troisième Reich ? Et certes, nos brillants oligarques cravatés et « English Mother Tongue » ont soin de dissimuler leurs ténébreux desseins de pillage impérialiste, de cacher leur âpre volonté de se repartager le monde au gré des rapports de forces, sous le masque de l'antifascisme (sic) ou plutôt, de l'« antitotalitarisme », histoire d'amalgamer dérisoirement dans l'opprobre les héros de Stalingrad et les bourreaux d'Auschwitz. Mais quant au contenu DE PLUS EN PLUS antinational, antirépublicain, anti-ouvrier, de leurs politiques, il implique bel et bien une FASCISATION CONTINENTALE RAMPANTE OU GALOPANTE ; QUAND l' « ÂNE » POPULAIRE REFUSE DE BOIRE LE POISON MORTEL DES GUERRES IMPERIALISTES, de l'AUSTERITE SANS FIN et de l'HUMILIATION NATIONALE à répétition, il n'y a plus pour le faire avancer que le gros bâton : celui de l'armée européenne, de la gendarmerie européenne, de l'espionnage sans limites des internautes, du développement continental de l'Etat policier soi-disant « antiterroriste ».

Mais cela ne leur suffit plus : sous nos yeux s'opère la fusion, de moins en moins complexée et désormais « toute naturelle », des formes nouvelles de fascisation et des formes anciennes, franchement brunâtres, de la réaction « type années trente ». Dans toute l'U.E. et sur ses marges orientales monte une immense vague brune (pardon, « bleue marine ») qui, par le biais du « parlement » européen - ce catalyseur continental de la réaction et de la dégénérescence connexe des dirigeants ouvriers ralliés à l'euro - tend à s'internationaliser comme l'ultime verrou politique de l'impérialisme euro-atlantique. Et le sanglant exemple ukrainien, après celui de la Hongrie et des Pays baltes livrés aux nostalgiques de la Waffen-S.S., montre que les braves sociaux-démocrates et autres bons « chrétiens » démocrates qui nous gouvernent, sont désormais prêts à soutenir des antisémites déclarés, des pogromistes préhistoriques, des russophobes racistes et des anticommunistes déchaînés. Certes, il ne faut pas banaliser le mot fascisme au point de prétendre qu'il n'y aurait plus désormais la moindre différence entre un notable social-dém' français et un lyncheur de cocos officiant à Lvov ou à Riga. Mais la distance entre ces deux types politiques apparemment si opposés se réduit chaque jour. C'est le cas en France même quand l'U.M.P. chasse ouvertement sur le terrain xénophobe le plus répugnant, quand un Premier Ministre issu du P.S. montre dix fois plus de dureté contre les syndicats de lutte que contre des régionalistes liés au M.E.D.E.F. qui vandalisent une préfecture ou qui brûlent des drapeaux français un Premier Mai... et un seuil politique et idéologique est atteint dans la social- et dans la libéral-fascisation euro-atlantique quand tout ce beau monde se rue derrière B.H.L. pour embrasser à Kiev la racaille nazie ressuscitée des Einstatzgruppen, ces supplétifs de la Wehrmacht qui pendirent par centaines de milliers des femmes, des enfants et des vieillards ukrainiens en exécution de l'opération Barbarossa...

Alors oui, ils sont insupportables les discours mielleux des « eurocommunistes » comme M. Pierre Laurent qui, lâchement, abandonnent la faucille et le marteau interdits à l'Est pour arborer sagement, respectablement, courtoisement, à leur boutonnière l'emblème marial du nouveau Reich européen. Comme sont inécoutables les arguties des « marxistes-léninistes » de la chaire qui continuent de nier l'euro-fascisation rampante en passe de devenir galopante, comme ils nient ou minimisent l'écrasante domination germano-américaine sur l'U.E. avec la complicité néo-collaboratrice des « élites » françaises vendues. Surréaliste - pardon Paul Eluard ! - est également le comportement de ces « souverainistes » égocentriques qui, pour se faire un coup de pub, se ruent sur l'élection au parlement supranational. Sans parler des adeptes de l'introuvable « Europe sociale, démocratique et pacifique » qui rabattent doucereusement vers l'euro-scrutin de dupes en jurant que le T.-Rex euro-atlantique en pleine ruée vers l'Est peut s'amadouer et devenir végétarien pour peu que le peuple de gauche veuille bien envoyer à Strasbourg trois députés roses vifs ou verts pomme de plus.

Certes, boycotter les élections européennes sur la base d'un appel à sortir de l'UE, de l'O.T.A.N. et de l'euro ne suffira pas à révolutionner la France et l'Europe. Qui dit le contraire ? Mais du moins ce sera un acte politique fort proclamant :

« Nous ne jouons plus à votre sale jeu de misère et de guerre ; nous engageons la Résistance non plus dans les mots mais dans les actes. Dans le refus actif du Pacte Hollande-Gattaz-Merkel, nous travaillons à construire un nouveau C.N.R., centré sur le monde du travail, réunissant les militants franchement communistes, fédérant les syndicalistes de lutte et largement ouvert à tous les patriotes antifascistes. Sans complexe, sans céder aux criailleries du chauvinisme raciste et à celles, symétriques, de l'euro-gauchisme, nous unissons étroitement le drapeau rouge au drapeau tricolore comme le firent avant nous Sémard, Cachin, Thorez, Duclos, Frachon et les autres constructeurs du Front populaire et de la Résistance communiste armée. Face aux fauteurs de fascisation, de guerre et de retour à l'esclavage, en proclamant notre volonté de rupture révolutionnaire avec ce système capitaliste qui broie les peuples et les individus, NOUS DECLARONS HAUT ET FORT QUE NOUS NE LAISSERONS PAS FAIRE les VAN ROMPUY et leurs vrais maîtres, les oligarques du nouveau Reich en marche ».